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Etymologie : du grec sun, avec, ensemble, et arkhê, pouvoir, commandement, autorité.
La synarchie désigne un système de gouvernement dans lequel le pouvoir est détenu simultanément et collégialement par plusieurs chefs à la fois. C'est, par exemple, le règne de plusieurs princes gouvernant les différentes parties d'un même empire.
Le synarque est celui qui appartient à un gouvernement synarchique.
Une forme théorique et utopique de gouvernement synarchique fut proposée par Joseph Alexandre Saint-Yves d'Alveydre (1842-1909) qui y voyait un moyen de réaliser une organisation pouvant empêcher les guerres en Europe. La synarchie, selon Saint-Yves d'Alveydre, est fondée sur la distinction entre le pouvoir et l'autorité : "L'Autorité proprement dite n'appartient jamais à la force. La politique en est essentiellement dépourvue. Pour rendre plus sensible la différence du Pouvoir et de l'Autorité, je prendrai pour milieu d'observation la Famille. Le père exerce le Pouvoir sur ses fils, la mère et le grand-père l'Autorité. Dès que cette dernière, tout intellectuelle, toute morale, emploie directement la force, soit dans la Famille, soit dans la Société, elle se perd en se confondant avec le Pouvoir."
Le terme de synarchie a été beaucoup employé à la fin des années 1930 et au début des années 1940, pour évoquer un complot supposé, cherchant à instaurer en France un gouvernement technocratique.
Plus généralement et par extension, une synarchie est une autorité ou une influence exercée par un ou plusieurs groupes de personnes.
Le Conseil constitutionnel,
Saisi par le Président du Sénat, sur la base de l'article 61 2e alinéa, de la Constitution, du texte de la loi relative à l'élection du Président de la République au suffrage universel direct et adoptée par le Peuple dans le référendum du 28 octobre 1962, aux fins d'appréciation de la conformité de ce texte à la Constitution ;
Vu la Constitution ;
Vu l'ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel ;
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Considérant que la compétence du Conseil constitutionnel est strictement délimitée par la Constitution ainsi que par les dispositions de la loi organique du 7 novembre 1958 sur le Conseil constitutionnel prise pour l'application du titre VII de celle-ci ; que le Conseil ne saurait donc être appelé à se prononcer sur d'autres cas que ceux qui sont limitativement prévus par ces textes ;
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Considérant que, si l'article 61 de la Constitution donne au Conseil constitutionnel mission d'apprécier la conformité à la Constitution des lois organiques et des lois ordinaires qui, respectivement, doivent ou peuvent être soumises à son examen, sans préciser si cette compétence s'étend à l'ensemble des textes de caractère législatif, qu'ils aient été adoptés par le peuple à la suite d'un référendum ou qu'ils aient été votés par le Parlement, ou si, au contraire, elle est limitée seulement à cette dernière catégorie, il résulte de l'esprit de la Constitution qui a fait du Conseil constitutionnel un organe régulateur de l'activité des pouvoirs publics que les lois que la Constitution a entendu viser dans son article 61 sont uniquement les lois votées par le Parlement et non point celles qui, adoptées par le Peuple à la suite d'un référendum, constituent l'expression directe de la souveraineté nationale ;
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Considérant que cette interprétation résulte également des dispositions expresses de la Constitution et notamment de son article 60 qui détermine le rôle du Conseil constitutionnel en matière du référendum et de l'article 11 qui ne prévoit aucune formalité entre l'adoption d'un projet de loi par le peuple et sa promulgation par le Président de la République ;
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Considérant, enfin, que cette même interprétation est encore expressément confirmée par les dispositions de l'article 17 de la loi organique susmentionnée du 7 novembre 1958 qui ne fait état que des « lois adoptées par le Parlement » ainsi que par celles de l'article 23 de ladite loi qui prévoit que « dans le cas où le Conseil constitutionnel déclare que la loi dont il est saisi contient une disposition contraire à la Constitution sans constater en même temps qu'elle est inséparable de l'ensemble de la loi, le Président de la République peut promulguer la loi à l'exception de cette disposition, soit demander aux Chambres une nouvelle lecture » ;
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Considérant qu'il résulte de ce qui précède qu'aucune des dispositions de la Constitution ni de la loi organique précitée prise en vue de son application ne donne compétence au Conseil constitutionnel pour se prononcer sur la demande susvisée par laquelle le Président du Sénat lui a déféré aux fins d'appréciation de sa conformité à la Constitution le projet de loi adopté par le Peuple français par voie de référendum le 28 octobre 1962 ;
Décide :
Article premier :
Le Conseil constitutionnel n'a pas compétence pour se prononcer sur la demande susvisée du Président du Sénat.Article 2 :
La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française.Journal officiel du 7 novembre 1962, page 10778
Recueil, p. 27
ECLI : FR : CC : 1962 : 62.20.DC
A
Ashanti Alston
B
Mikhaïl Bakounine
Harold Barclay
Amedeo Bertolo
Alfredo M. Bonanno
Murray Bookchin
L. Susan Brown
C
Kevin Carson
Voltairine de Cleyre
Eduardo Colombo
E
Lorenzo Kom'boa Ervin
F
Sébastien Faure
G
Peter Gelderloos
Emma Goldman
Manuel González Prada
David Graeber
Daniel Guérin
K
Pierre Kropotkine
L
Wolfi Landstreicher
M
Charles Macdonald
Jan Waclav Makhaïski
Catherine Malabou
Errico Malatesta
Ricardo Mella
O
Valeriano Orobón Fernández
Valerien Ostroga
P
Fredy Perlman
Philosophie politique de Pierre-Joseph Proudhon
Pierre-Joseph Proudhon
R
Élisée Reclus
Rudolf Rocker
S
Max Stirner
T
Ernest Tanrez
Lev Tcherny
V
Voline
Z
John Zerzan
Le municipalisme libertaire — également appelé « communalisme » — est né au début des années 1970 sous la plume de Murray Bookchin, penseur et militant étasunien de l’écologie sociale. Il s’avance, depuis, comme l’une des propositions anticapitalistes les plus structurées. Fort des trois échecs du siècle dernier (le communisme d’État, les révoltes anarchistes et le réformisme parlementaire), le municipalisme libertaire entend, par un processus révolutionnaire articulant local et global, « remplacer l’État, l’urbanisation, la hiérarchie et le capitalisme par des institutions de démocratie directe et de coopération ». L’expérience conduite au Rojava, en Syrie, a popularisé l’invitation bookchinienne, jusqu’alors confidentielle.
Murray Bookchin est mort cinq ans après l’écroulement du World Trade Center et douze mois avant l’éclatement de la crise des subprimes. Théoricien de premier plan de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire, il voulut, selon les mots de sa biographe Janet Biehl, « ressusciter la politique dans le sens ancien du terme ». Autrement dit : la polis, en grec, la Cité, la communauté de citoyens libres et autonomes.
Bookchin fut tour à tour membre du Parti communiste (années 1930), militant trotskyste (années 1940), porte-drapeau de l’anarchisme (années 1950 à 1980) puis voix critique de ce dernier : cette évolution lui permit d’appréhender, de l’intérieur, ce qu’il tenait pour les forces et les faiblesses de chacune de ces traditions politiques, philosophiques et économiques. Que reprocha-t-il, à grands traits, aux marxismes ? Leur centralisme, leur focalisation fantasmée sur le prolétariat d’usine, leur avant-gardisme, leur autoritarisme léniniste, leur désintérêt pour l’éthique, leur désir éminemment cartésien de soumettre la nature, leur lecture linéaire de l’Histoire, leur appétit productiviste. Que reprocha-t-il, mêmement, aux anarchismes ? Leur condamnation principielle du pouvoir, leur aventurisme, leur individualisme, leur dogmatisme, leur rejet de tout système électoral, leur mépris du principe majoritaire. Quant au réformisme — autrement dit la voie parlementaire et l’accession au pouvoir par les urnes —, il le tenait pour fondamentalement incapable de mettre fin au mode de production capitaliste, à la tyrannie de la croissance, à l’impératif compétitif et à la dévastation des écosystèmes.
L’écologie sociale contre l’écologie profonde
« L’espèce humaine n’est pas l’ennemi : la minorité possédante en son sein, si. »
La lutte écologique n’est pas, en elle-même, garante d’un quelconque projet collectif émancipateur : du GRECE au récent désir, formulé par l’une des têtes des Républicains, de construire « une écologie de droite1 », du trop fameux « capitalisme vert » au localisme identitaire soucieux de « traditions ancestrales » et de se « réenraciner » contre les nomades autour de « l’amour du terroir2 », la liste des écologistes contre-révolutionnaires n’a pas fini de s’étendre. Murray Bookchin prit donc soin d’arrimer l’écologie qu’il défendait à l’épithète « sociale » : de gauche, anticapitaliste et internationaliste. Née au début des années 1970, l’écologie dite « profonde » était l’une de ses cibles de prédilection : il l’accusait, avec sa vigueur coutumière, d’être irrationnelle, mystique, malthusienne, misanthrope, passéiste et possiblement raciste et fasciste. « Presque tous les problèmes écologiques sont des problèmes sociaux », expliqua-t-il ainsi dans son essai Remaking Society. L’espèce humaine n’est pas l’ennemi : la minorité possédante en son sein, si ; les outils technologiques ne sont pas un danger : ne pas les mettre au service de l’autonomie populaire, si3. Le municipalisme libertaire — ou communalisme — entendait donc répondre à cette double exigence sociale et environnementale.
Mettre en place les municipalités
En 1998, l’essayiste Janet Biehl publia, avec l’aval de Bookchin, le manifeste Le Municipalisme libertaire : une « solution de rechange » au système capitaliste, oppresseur de la Terre et de l’immense majorité de ses habitants, humains ou non. Autorisons-nous ce périlleux saut dans l’avenir : à quoi ressemblerait la prochaine révolution ?
Il s’agira, au commencement, de fonder un petit groupe municipaliste sur son lieu de vie. Une fois structuré, politiquement mûr et humainement soudé, il devra s’élargir et s’adresser aux habitants du quartier/bourg/village/arrondissement puis de la ville (partitionnée, à terme, en diverses municipalités selon sa superficie4) afin de devenir une force politique. Ce groupe — adossé à un règlement et prenant graduellement la forme d’un mouvement — optera pour un nom simple à mémoriser et affichera une identité politique accessible au tout-venant ; il s’agira de convaincre les citoyens alentour sur la base de deux ou trois points essentiels : les enjeux de proximité (vie quotidienne et travail), la démocratie directe et l’écologie. L’identité culturelle et historique locale pourra au besoin colorer ledit mouvement. L’éducation populaire sera au cœur de ce processus d’élargissement : un journal et un logo seront créés, des tracts distribués dans les espaces de sociabilité ordinaire, des affiches placardées et des conférences données — les cafés et les bars deviendront des espaces incontournables ; une culture et un bouillonnement politiques jailliront. Des manifestations seront organisées afin de lutter contre les projets locaux délétères ; un maillage avec les coopératives existantes, notamment alimentaires, sera mis en place. Le municipalisme libertaire aura vocation à s’adresser au plus grand nombre, et non aux militants ou aux citoyens déjà au fait des enjeux démocratiques et environnementaux.
Le temps passant et la mobilisation militante opérant, le mouvement s’imposera comme un acteur clé de la vie journalière du quartier ou de la ville. La base institutionnelle des futures municipalités démocratiques sera l’assemblée : l’ensemble de la population d’un espace délimité sera convié à s’y retrouver afin de délibérer et de prendre en charge les questions d’intérêt commun — le citoyen perdra ainsi son statut de « mineur incompétent », soumis à la tutelle de l’État, et deviendra enfin « majeur » à mesure que la politique deviendra la « province des amateurs, des gens ordinaires ». Ces assemblées seront l’espace de la « recorporalisation des masses », de la formation du corps politique ; elles se réuniront à intervalles réguliers dans divers lieux possibles : cour d’école, auditorium, théâtre, église, salle des fêtes, etc. Leur durée sera fixée en amont et un règlement adopté afin d’encadrer, notamment, les modalités de prises de décision. Le bon déroulé de chaque assemblée, mobilisée autour d’un ordre du jour, sera rendu possible par un personnel révocable à tout instant en cas de violation dudit règlement. La liberté d’expression devra être « la plus complète », et ce quelles que soient les divergences idéologiques, éthiques ou partidaires. Les décisions seront prises, après débats, par votation et à la majorité — la minorité aura à s’y conformer, sans quoi la vie sociale « se désintégre[ra] dans une cacophonie d’individus hargneux ». Elle pourra sans contredit continuer d’exprimer ses désaccords et chercher à convaincre la majorité de réviser son jugement ; les dissidents devront exister : sans désaccords, une société ne pourrait être libre, vouée qu’elle serait à « sombr[er] dans la stagnation ».
« Le temps passant et la mobilisation militante opérant, le mouvement s’imposera comme un acteur clé de la vie journalière du quartier ou de la ville. »
Ces assemblées interclassistes5 pas à pas mises en place, deux voies s’offriront. Le mouvement, fort de l’intérêt croissant de la population locale pour la démocratie directe, sollicitera le conseil municipal existant (présidé, en France, par le maire) et exigera de lui qu’il reconnaisse, légalement, la légitimité du municipalisme libertaire et sa participation effective à la vie politique. « Il est hautement improbable », avance toutefois Biehl, que les représentants de l’État y consentiront ; les militants municipalistes devront dès lors se présenter à chaque élection municipale afin de pouvoir, un jour, prendre la main sur le conseil municipal puis, par décision majoritaire, conférer les pleins pouvoirs aux assemblées municipalistes libertaires. Dans les pas de Bakounine, estimant que l’élection communale honore « la volonté populaire » et rend « le contrôle » possible à cette échelle, Bookchin estimait qu’il était vain et contre-productif de participer aux plus amples scrutins. Les campagnes électorales offriront une tribune supplémentaire : un programme concis sera diffusé, articulant en toute occasion les revendications locales avec le projet, plus abstrait, de transformation globale de la société et du monde (les demandes minimales et les demandes maximales, indexées à de brèves, moyennes et longues échéances). Parmi les premières mesures minimales, on lirait par exemple : interdiction des centres commerciaux (corrélée, en mesure maximale, à l’abolition de l’économie de marché) ; protection d’espaces à forts enjeux écologiques ; création de garderies et de foyers pour femmes battues.
Bien que Bookchin ait reconnu aux cadres et aux leaders leur légitimité historique et organisationnelle, les candidats ne parleront jamais en leur nom propre : ils représenteront le municipalisme libertaire et auront à répondre, devant le mouvement, de leurs faits et gestes. Il conviendra de se montrer prudent avec les médias de masse — très certainement hostiles — et de privilégier les dispositifs « communautaires » et les espaces où la parole ne sera pas systématiquement tronquée et individualisée. Les premiers échecs électoraux — inévitables — ne seront pas un frein et n’auront à susciter nulle amertume ; il se n’agira pas tant de gagner que de « grandir lentement et organiquement », de créer une vaste, solide et profonde toile sur l’ensemble du territoire. Se préoccuper des résultats lors des soirées électorales ne présentera donc, les premiers temps, que peu d’intérêt : il faudra plutôt s’armer de « beaucoup de patience ». Ni prise d’assaut du Palais d’Hiver ni succession de réformes, donc : le communalisme aspire à s’appuyer sur le déjà-là (les conquis émancipateurs) tout en étendant et en radicalisant la démocratie.
Mettre en place le confédéralisme
Les assemblées finiront pas obtenir les pleins pouvoirs dans un certain nombre de municipalités du (ou des) pays. Un congrès de délégués, dit conseil fédéral, sera mis en place via une assemblée confédérale — une « Commune des communes », en somme. Ces délégués ne seront pas des représentants mais des exécutants élus révocables à tout instant ; ils ne parleront pas à la place du peuple mais appliqueront les décisions actées à échelle municipale. Le conseil fédéral aura vocation à coordonner les municipalités, à régler les questions impossibles à traiter localement (la construction d’une route traversant le pays, par exemple) et à examiner les éventuelles dérives locales (si une municipalité, embourbée dans on ne sait quel esprit de clocher, en venait à décider majoritairement de discriminer les homosexuels, l’ensemble des délégués du conseil votera pour savoir si cette municipalité pourra poursuivre dans cette voie). C’est que le municipalisme libertaire, riche de l’héritage proudhonien, n’entend pas sacraliser le local ; il n’ignore rien des dérives possibles — présentement régulées, il est vrai, par la centralisation des États de droit capitalistes — et réfute l’autarcie autant que l’illusoire autosuffisance locale. D’où le second étage de l’échafaudage : le confédéralisme. Les municipalités libertaires — qui, précisait Bookchin, devront être assez rapprochées pour passer à pied de l’une à l’autre — formeront des confédérations régionales puis, à mesure de leur essor, constitueront un vaste réseau interconnecté sur tout le territoire national, puis international : Bookchin appela à créer « une Internationale dynamique, solidement enracinée dans une base locale ». Cette articulation local/national/international constituera pourtant la réserve essentielle d’Olivier Besancenot et Michael Löwy, dans Affinités révolutionnaires — Nos étoiles rouges et noires6 : si le tandem marxiste libertaire salue, non sans admiration, la clairvoyance, la force prémonitoire et la cohérence de l’œuvre de Bookchin, ils prennent leur distance avec ce qu’ils nomment son « culte du localisme » et rappellent l’impérieuse nécessité d’une politique planificatrice.
Municipaliser l’économie
« Les classes fortunées seront expropriées ; les impératifs de croissance et de concurrence seront remplacés par les notions de limite et d’équilibre. »
Le municipalisme libertaire trace une troisième voie entre la nationalisation et la propriété privée : la municipalisation. Les coopératives ne peuvent à elles seules garantir une sortie du mode de production capitaliste ; il importe, dès lors, de rendre la propriété publique : celle-ci sera placée sous le contrôle des citoyens via les assemblées. Ce sera là, selon Bookchin, le moment d’« enlever l’économie à la bourgeoisie ». La terre, les usines et les moyens de production (bureaux, banques, transports collectifs, etc.) deviendront la propriété de la communauté et la vie économique sera organisée, en fonction des besoins communs, par les travailleurs et les citoyens eux-mêmes. Les classes fortunées seront expropriées ; les impératifs de croissance et de concurrence seront remplacés par les notions de limite et d’équilibre ; l’homogénéisation des revenus — condition nécessaire à toute démocratie authentique — sera instaurée dans des proportions à définir.
« Vider » l’État et armer le peuple
Le municipalisme libertaire renvoie dos à dos les deux modalités historiques de l’émancipation : constituer des îlots autogérés et prendre le pouvoir (par les urnes ou par les armes). Il s’agit pour lui d’ériger un contre-pouvoir à l’État-nation, de croître au nez et à la barbe du gouvernement. Mais, nul n’en doute, ce dernier ne verra pas semblable expansion d’un bon œil — d’autant que les municipalités affranchies assumeront sans détour cette conflictualité : il ne sera pas question de frayer avec les instances étatiques ni de les provoquer physiquement, mais bien de progresser en parallèle. Le pari de Bookchin — car c’en est un — est le suivant : la propagation libre et volontaire des municipalités démocratiques entraînera de nombreux bienfaits tangibles et redonnera un sens aux existences de millions de citoyens jusqu’alors anémiés, assujettis, privatisés, abrutis par le marché de l’emploi et dépossédés de tout pouvoir, excepté celui de consommer ; ses sympathisants, devenus majoritaires au sein de la population, déserteront progressivement les structures statonationales au profit de la révolution municipaliste ; l’État en viendra à perdre sa légitimité et ce qu’il lui reste d’aura.
Travailler à son auto-désintégration ne suffira pourtant pas. Les possédants et le régime chercheront à entraver, par la force armée, l’extension du municipalisme libertaire ; raison pour laquelle chaque municipalité devra constituer une garde civique7, non sans avoir dissous les corps de police et d’armée présents sur son territoire, en vue d’assurer la défense des citoyens et de la démocratie naissante (« substitue[r] à l’armée et à la police séparées du peuple l’armement direct et immédiat du peuple lui-même8 », écrivait déjà Lénine en 1917, avant qu’il ne prenne le pouvoir). Cette garde civique rendra des comptes à l’assemblée et comptera des officiers élus. Il n’est pas exclu, en plus d’assauts étatiques circonscrits et plus ou moins sporadiques, qu’une confrontation globale violente ait lieu : la question du pouvoir trouvera alors sa réponse. Puisque le pouvoir ne saurait être détruit — voilà une bévue théorique et une impasse pratique, estimait Bookchin —, ne reste d’autre alternative que de l’arracher à l’État pour le remettre au peuple. À la condition d’avoir réuni ces trois conditions (organisation des municipalités, large soutien de la population et délégitimation de l’État capitaliste), la révolution municipaliste pourrait « éliminer sans trop de difficultés » le gouvernement déconsidéré et ses appareils affiliés : colosse aux pieds d’argile qu’un ultime coup renverse… L’État disparu, la société sans classes — que Bookchin appela également « communiste libertaire » — sera tout entière aux mains des communes coordonnées de bas en haut par la Commune. Le temps de travail sera réduit ; l’agriculture deviendra intégralement biologique ; les combustibles fossiles et les pesticides seront éliminés. Mais le défi prospectif s’arrête ici : la société future ne peut « être décrétée par les théoriciens du municipalisme », précise Biehl, puisqu’elle sera l’œuvre du peuple émancipé.
Une inspiration pour le Rojava
« Bookchin a répété à l’envi qu’il n’existait aucun modèle, seulement des inspirations. »
Bookchin a répété à l’envi qu’il n’existait aucun modèle, seulement des inspirations : Athènes, les communes de l’Europe médiévale, la Nouvelle-Angleterre, le Paris révolutionnaire ou l’Espagne anarchiste. Si le municipalisme libertaire n’est, du vivant de son créateur, pas parvenu à s’ancrer au sein de l’Europe et de l’Amérique du Nord, il a trouvé un écho inattendu en Turquie puis en Syrie. En 2005, le cofondateur du PKK, Abdullah Öcalan, opéra du fond de son cachot, selon ses propres mots, un « tournant idéologique et politique » : la minorité kurde opprimée n’aspirait plus à l’indépendance nationale mais à l’autonomie au sein des frontières historiques ; la création d’un État était abandonnée au profit d’un projet confédéral visant, à terme, le « triomphe » sur l’État centralisé ; le marxisme-léninisme était écarté en vue de construire un néosocialisme communal et écologiste. Cette nouvelle doctrine avait — et a — pour nom « confédéralisme démocratique ». C’est qu’Öcalan avait lu Bookchin, se disait l’un de ses « étudiants » et lui avait écrit afin d’entrer en relation avec lui ; ce dernier, à l’approche de la mort, s’excusa de ne pouvoir honorer pareille invitation mais se félicita de ravitailler la pensée émancipatrice kurde. En 2014, en pleine guerre civile syrienne, le Rojava — territoire du nord-syrien, mixte et à majorité kurde — publia son Contrat social, pièce maîtresse d’un fragile processus révolutionnaire bâti sur les cantons : il consacrait la « justice sociale », la vie démocratique, l’égalité des sexes devant la loi et « l’équilibre écologique ».
« Je n’exclus pas non plus la possibilité de l’échec. Mais s’il existe une raison d’espérer, c’est l’approche municipaliste libertaire qui nous la fournit », disait Bookchin lors d’un entretien à la fin de l’année 1996 : sans quoi, « [le capitalisme] détruira certainement la vie sociale ».
la Commune (18 mars-27 mai 1871)
Tentative à implications révolutionnaires, faite par les ouvriers à Paris après l'insurrection du 18 mars 1871, pour assurer, dans un cadre municipal et sans recours à l'État, la gestion des affaires publiques.
- Le contexte
Cette insurrection prend naissance dans cette ville du travail qu'est devenu Paris en pleine croissance démographique (en 1866, sur 1 799 980 habitants, 57 % vivent du travail industriel et 12 % du travail commercial). Un mouvement ouvrier de plus en plus virulent se forme, des grèves se succèdent, manifestant la prise de conscience de la classe ouvrière, qui a obtenu en 1864 la reconnaissance du droit de grève. Parallèlement, à Londres, la Ire Internationale est créée. La guerre franco-allemande éclate en juillet 1870 : les désastres militaires s'accumulent du côté français, et, le 4 septembre, la république est proclamée sous la poussée populaire. Le gouvernement de la Défense nationale qui est formé a pour mission de continuer la guerre et déclare « qu'il ne cédera pas un pouce de notre territoire ».
Très vite, cette république bourgeoise (composée entre autres du général Trochu, de Jules Favre et de Jules Ferry) est accusée de trahison par la population parisienne, qui, depuis le 19 septembre, subit avec héroïsme les conditions d'un siège de plus en plus difficile et qui réclame, en outre, des succès militaires.
- De la résistance aux Prussiens à l'élection de la Commune
Dans chaque arrondissement se constituent des comités de vigilance, bientôt chapeautés par un comité central pour aider le gouvernement et mobiliser toutes les forces de la nation. L'affrontement entre la république bourgeoise et le peuple armé au sein de la Garde nationale se dessine rapidement.
Dès octobre 1870, l'élection d'une Commune est demandée par la population. Après l'échec de Buzenval (19 janvier), les gardes nationaux réclament le 22 la guerre à outrance. Peu après la signature de l'armistice le 28, les forts sont occupés, l'enceinte fortifiée de Paris désarmée, 200 millions de francs sont versés à la Prusse en quinze jours.
Dans l'Assemblée nationale élue (8 février), les représentants conservateurs de la province (majoritaires), qui désirent la paix, s'opposent aux élus parisiens à majorité républicaine. Les députés, qui siègent à Bordeaux, prennent alors une série de mesures pour mater la ville révolutionnaire (suppression des 30 sous accordés aux gardes nationaux, suppression des moratoires concernant les loyers et les effets de commerce, qui touchent les ouvriers, les artisans et le petit commerce). Outre ces mesures, le transfert de l'Assemblée non à Paris mais à Versailles et l'entrée des Prussiens dans la capitale exaspèrent les Parisiens.
Thiers, dans la nuit du 17 au 18 mars, décide de désarmer la ville afin de la purger de « tous les rouges » en s'emparant des 227 canons regroupés à Montmartre et à Belleville (ils avaient été ramenés par les gardes nationaux du Ranelagh, des Champs-Élysées… avant l'entrée des Prussiens dans la capitale). Mais le 88e de ligne ne parvient pas à prendre les canons à Montmartre et, entouré par les gardes nationaux et la foule, pactise avec les Parisiens et désarme les officiers. Le général Lecomte, qui avait ordonné de tirer sur la foule, et le général Thomas sont fusillés.
Thiers, refusant toute négociation, donne l'ordre d'évacuer la ville et se réfugie à Versailles afin de ne pas se trouver prisonnier. Le Comité central de la Garde nationale siège alors à l'Hôtel de Ville et prépare les élections fixées au 22 mars. Il invite la France à « jeter les bases d'une république avec toutes ses conséquences et qui fermera pour toujours l'ère des invasions et des guerres civiles ». En attendant les élections, le Comité central de la Garde nationale, soutenu par l'Association internationale des travailleurs, les clubs et comités d'arrondissement et la fédération des chambres syndicales, agit comme un gouvernement.
Le 26 mars 1871, les élections municipales (qui ont été repoussées de quelques jours) s'accomplissent dans la légalité, les maires y ayant consenti. Le Conseil communal, élu par 229 167 votants sur 485 569 (soit environ 50 % d'abstention), est mis en place à l'Hôtel de Ville le 28 mars sous le nom de Commune de Paris et reçoit les pouvoirs du Comité central.
Sur 85 membres, 15 du « parti des maires » refusent de siéger. Les 70 membres restants sont idéologiquement très opposés et se répartissent en plusieurs groupes : les blanquistes (9), partisans de l'action directe (→ Charles Ferré, Raoul Rigault) ; les jacobins (→ Charles Delescluze, Gambon, Miot, Félix Pyat), qui veulent faire de Paris l'élément moteur du gouvernement de la France. La majorité est complétée par les révolutionnaires indépendants (Clément). Quant à la minorité ouvrière, composée d'internationaux militants (17 membres, dont Varlin, Frankel), elle s'inspire de Marx et Proudhon. Le reste est indécis et comprend quelques personnalités comme Courbet, Zéphirin Camélinat, Gustave Flourens.
Très vite le clivage entre la tendance majoritaire et minoritaire se produit. Si tous veulent consolider la république et consacrer l'autonomie absolue de la Commune de Paris, les uns veulent que cette dernière dirige dictatorialement la France comme en 1793, les autres qu'elle s'intègre à cette fédération des communes de France dans laquelle doit se dissoudre l'État.
- L'action de la Commune
3.1. Les commissions
Cette diversité d'opinions, qui s'ajoute à la dualité des pouvoirs entre le Comité central de la Garde nationale maintenu après les élections et le Conseil général de la Commune, contribue à diminuer l'efficacité de la Commune. Alors que des mouvements communalistes éclatent à Lyon (4 septembre), Saint-Étienne, au Creusot, à Limoges, Narbonne, Toulouse et surtout Marseille sous l'impulsion de Gaston Crémieux (fin mars-début avril 1871), mais sont rapidement réprimés par le gouvernement, Paris essaie de s'organiser militairement et politiquement. Dès le 29 mars, le Conseil de la Commune met sur pied neuf commissions, qui sont autant de véritables ministères, couronnées par une Commission exécutive qui devait jouer le rôle d'un véritable gouvernement à partir du 21 avril.
3.2. L'œuvre sociale de la Commune
C'est dans le domaine du travail que la Commune manifeste sa volonté de donner un caractère social à son entreprise et fait œuvre de précurseur. Elle nomme un marxiste, Léo Frankel, à la commission du Travail, de l'Industrie et des Échanges. Pour défendre les intérêts de la petite bourgeoisie et de la classe ouvrière, un certain nombre de mesures à caractère social sont prises : moratoire des effets de commerce et des loyers, abolition du travail de nuit des ouvriers boulangers, abolition des amendes et des retenues sur les salaires, suppression des bureaux de placement, enfin adoption de la journée de 10 heures. Il s'agit d'organiser le travail et d'en donner à ceux qui n'en ont pas. Aux Finances, la Commune a placé François Jourde, comptable d'une honnêteté scrupuleuse qui reculera devant la nationalisation de la Banque de France, « n'osant toucher à la fortune de la France ».
3.3. L'instruction laïque, obligatoire et gratuite
Dans le domaine de l'enseignement, la Commune agit avec vigueur. La commission de l'Enseignement, dirigée par Édouard Vaillant, met en place une œuvre essentiellement laïque, obligatoire et gratuite, liée à l'attitude anticléricale de la Commune (suppression du budget des cultes et séparation des Églises et de l'État, transformation en propriété nationale des biens de mainmorte appartenant aux congrégations). Les municipalités sont invitées à créer des écoles professionnelles pour des jeunes filles, amorçant une réforme de l'enseignement primaire et professionnel.
- La réaction du gouvernement et l'écrasement de la Commune
4.1. Versaillais contre communards
Très vite, cependant, l'effort de la Commune est absorbé par la lutte contre les forces de Thiers. Regroupées du 10 au 25 mai au camp de Satory et renforcées de soldats et d'officiers de l'armée de Mac-Mahon libérés par les Allemands et dotés d'une bonne artillerie, celles-ci comptent 130 000 hommes.
Après plusieurs échecs militaires (le fort d'Issy a failli tomber aux mains des versaillais), la Commune décide de créer un Comité de salut public (1er mai, renouvelé le 9 mai). Elle est en état d'infériorité du fait de l'incompétence des délégués à la Guerre (→ Cluseret, Rossel, Delescluze), de l'indiscipline et de l'insuffisance des combattants : la Commune ne réussit à en mobilier qu'entre 20 000 et 30 000).
Les troupes versaillaises place de la ConcordeUne rue à Paris en mai 1871 ou La Commune
Les versaillais resserrent leur pression et s'emparent des forts de Vanves (13 mai) et d'Issy (8 mai) avant de pénétrer dans Paris par la porte de Saint-Cloud le 21 mai. Les troupes versaillaises gagnent le centre de la capitale, dont les rues se couvrent de barricades, défendues quartier par quartier, sous la direction d'un membre du Comité central, tandis que les Tuileries, l'Hôtel de Ville et la Cour des comptes sont la proie des flammes.
4.2. Une impitoyable répression
Paris et ses ruines : l'Hôtel de Ville après l'incendie de la Commune en 1871Affiche de propagande
Aux massacres des Parisiens par les troupes de Thiers, les communards répondent en fusillant 52 otages, dont Monseigneur Darboy, archevêque de Paris. Le 27 mai, les derniers combats se déroulent au cimetière du Père-Lachaise, où 200 communards se sont rentranchés. À court de munitions, ces derniers se défendent à l'arme blanche mais sont vaincus par les versaillais qui achèvent les blessés et fusillent les derniers survivants contre le mur de l'enceinte, devenu depuis le mur des Fédérés. On appellera la semaine du 21 au 28 mai la « semaine sanglante ». Les jours suivants, les cours martiales continuent à condamner à mort.
Le mur des FédérésFédérés fusillés pendant la Commune de 1871
Du 3 avril au 31 mai, on estime entre 20 000 et 30 000 le nombre de Parisiens tués au combat ou exécutés (les versaillais ont perdu environ 1 millier d'hommes). Le gouvernement fait procéder à 40 000 arrestations environ, et les poursuites dureront jusqu'en 1874. Les 26 conseils de guerre prononceront 13 450 condamnations, dont 268 à mort (23 condamnés seront exécutés, dont Ferré et Rossel), les autres aux travaux forcés et à la déportation dans les bagnes de Nouvelle-Calédonie. Des milliers de vaincus doivent s'exiler. L'amnistie votée en 1880 ramènera en France les derniers survivants.
Si la dure répression qui s'est abattue sur les communards prive le mouvement ouvrier de ses chefs, l'influence de la Commune devait être considérable. Karl Marx en fit le symbole du soulèvement contre la bourgeoisie.
La méritocratie, une croyance tenace
Arnauld de La Grandière17 juillet 2019
Temps de lecture : 5 minutes
La croyance en un monde juste est un « biais cognitif » qui anime et sous-tend plus ou moins consciemment nombre de positions politiques. Pour la maintenir, celleux qui y adhèrent doivent notamment nier, minimiser voire justifier les discriminations sociales, à l’image des platistes qui partent de la prémisse que la terre est plate pour conclure « logiquement » que les photos de la NASA sont truquées : puisque le monde est juste, donc toutes les discriminations sont soit inexistantes, soit épiphénoménales, soit légitimes. Ainsi, le victim blaming est un produit direct de cette croyance : puisque les victimes de viol ne peuvent être les jouets de l’arbitraire, c’est donc qu’iels ont quelque responsabilité dans leur infortune.
Mettre en avant ces injustices auprès de celleux qui adhèrent à cette grille de lecture pour les convaincre qu’il faut y remédier est donc inopérant, puisqu’iels nient la légitimité de le faire, et il faut donc préalablement remettre en question cette croyance par d’autres voies. Incidemment, tout comme pour les scientistes, il faut donc également renoncer aux apports des sciences sociales…
Toutefois, il reste possible de démontrer en quoi cette croyance est fausse sur le plan de la logique, et à l’aide des outils de l’esprit critique.
La méritocratie, une fable commode
La croyance en un monde juste est notamment au cœur de l’idée qu’une organisation sociale méritocratique (c’est à dire où les individus qui réussissent sont celleux qui ont travaillé dur, ou ont été plus déterminé·e·s ou talentueu·x·ses que les autres, où chacun·e mérite ce qu’iel obtient, et chacun·e obtient ce qu’iel mérite) serait possible, souhaitable, voire même d’actualité. Une société qui se pense méritocratique, niant ou légitimant les discriminations, est donc traversée d’aprioris sexistes, racistes, LGBTphobes et validistes, considérant que chacun·e ne peut que mériter son sort d’une manière ou d’une autre.
Or cette notion repose sur un raisonnement circulaire :
la preuve que nous vivons dans une méritocratie, c’est que seul·e·s les plus méritant·e·s réussissent.
la preuve que seul·e·s les plus méritant·e·s réussissent, c’est que nous vivons dans une méritocratie.
Nous faisons le constat que certain·e·s réussissent et d’autres non. Si nous partons du principe (et derrière chaque raisonnement circulaire se cache une pétition de principe) que c’est nécessairement le reflet de leur mérite respectif sans éliminer d’autres facteurs (comme par exemple le hasard ou la tricherie), nous sommes victimes du biais du survivant et sommes condamné·e·s à persister dans cette croyance sans moyen de la remettre en question. Une course sans contrôle anti-dopage et où chacun·e a une ligne de départ différente ne reflète le mérite d’aucun vainqueur.
Ainsi, le principe même de la propriété lucrative consiste à « récompenser » le simple fait de posséder un bien, quel que soit le mérite lié à façon dont celui-ci a été obtenu (les diverses façons d’acquérir un bien, achat, legs, saisie, extorsion ou vol, relèvent de mérites assez disparates, elles sont pourtant récompensées uniformément). On aura du mal à considérer, sous quelque angle que ce soit, que Liliane Bettencourt a fait preuve d’un mérite quelconque pour hériter de sa fortune considérable (fortune qui retrouve ici son plein sens étymologique). Pire encore, comme le montre le livre de Thomas Piketty, le capital génère plus de bénéfices que le travail, la méritocratie dans laquelle nous vivons censément verrait-elle donc plus de mérite à posséder du capital qu’à travailler ?
Outre qu’il est manifeste que les plus méritant·e·s sont loin d’être les seul·e·s à réussir, qu’iels sont loin de tou·te·s réussir, que la réussite est loin d’être proportionnelle au mérite, et que l’égalité des chances n’est elle-même qu’une vue de l’esprit, la notion même de mérite est logiquement inopérante pour quiconque applique le matérialisme méthodologique et considère que l’univers est déterministe. Celleux qui adhèrent à cette croyance devront donc renoncer soit à la notion de mérite, soit à la grille de lecture matérialiste d’un univers déterministe pour résoudre une dissonance cognitive.
Ajoutons à cela le fait que la notion même de méritocratie est née d’une œuvre satirique (qui a donc mal tourné à l’image des protocoles des sages de Sion), et il ne devrait pas en falloir plus pour la considérer pour ce qu’elle est : une légitimation de l’ordre établi qui bénéficie à celleux qui s’en tirent le mieux tout en promettant des lendemains qui chantent à celleux qui s’en tirent moins bien histoire qu’iels s’accommodent de leur sort plus facilement (il faudrait, là aussi, envisager que, quand bien même serions-nous tou·te·s maximalement méritant·e·s, nous ne pourrions pas tou·te·s être PDG de la plus grosse entreprise du monde).
Plus les personnes sont privilégiées, plus forte sera leur propension à adhérer à la croyance en un monde juste, ce qui s’apparente à l’erreur fondamentale d’attribution.
Quand une expérience de Monopoly truqué met en évidence l’influence du privilège sur le comportement (sous-titrage français disponible)
Pour sauver l’insauvable, d’aucun·e·s diront peut-être qu’exception faite de toutes les exceptions, sans tenir compte de celleux qui bénéficient de raccourcis ni de celleux qui subissent des embûches supplémentaires, on est quand même bien dans un système méritocratique pour tout le reste. Déjà, ne pas tenir compte des discrimination pour pouvoir juger que le système est équitable relève du pur biais de confirmation, et ensuite, même en faisant exception des exceptions le système n’a toujours rien de méritocratique : quel mérite y a t-‘il à être plus intelligent·e ou à avoir la capacité d’être travailleur·euse ? Ce sont là des états de fait auxquels personne n’est pour quoi que ce soit. Et pour ce qui est de se focaliser sur les exceptions, les partisan·e·s de la méritocratie le font sans arrêt sur les rares « success stories » de gens partis de « zéro ».
Au delà, il faut croire à l’illusion du libre arbitre pour accorder du crédit à la notion de mérite, or, depuis les expériences de Benjamin Libet et ses divers avatars, il se dégage un consensus chez les neurologues : le libre arbitre n’existe pas (et il est lui-même logiquement inopérant : on ne peut pas « décider de décider » sans parler de la régression à l’infini qui s’en suivrait, nous ne décidons pas du chemin que prendra un échange électro-chimique entre nos neurones, c’est le chemin que prendra un échange électro-chimique entre nos neurones qui nous décide, et affirmer qu’on aurait pu « faire un autre choix » est une hypothèse irréfutable par définition).
Il est certes très violent de considérer que la place qu’on a dans le monde n’a aucune légitimité et n’est due qu’à la chance, et partant que notre contrôle sur nos destinées est bien illusoire, mais ça n’est guère moins violent de considérer que des êtres humains peuvent mériter de mourir de faim ou de froid « parce qu’iels n’ont pas fait ce qu’il fallait pour l’éviter » (alors même qu’on dépense sans compter pour des opérations de sauvetage — si ce n’est des migrants en Méditerranée, au moins des mineurs au Chili, ou encore des amateurs d’escalade, de spéléologie ou de navigation en perdition — et que même les criminel•le•s bénéficient de plus d’humanité, toutes proportions gardées, de la part de la société).
En 2012, l’INSEE dénombrait 141 500 personnes sans domicile. En 2018, 566 personnes sont mortes dans la rue en France, leur moyenne d’âge était de 48 ans.
Le document que je transpose ici sur mon blog, devait être adressé en février dernier à tous les chefs de corps des bases et régiments militaires de France directement par des citoyens. Pour différentes raisons, cela n'a pu se faire mais une opération similaire se prépare. La lettre qui sera adressée aux chefs de corps sera globalement similaires dans son contenu, quoi qu'actualisée au vu du contexte du moment. Dans l'attente, ses contributeurs n'ont pas un mot à changer ou à retirer de ce texte, qui appelle nos armées à une salutaire réaction contre notre oligarchie.
A l'ensemble des officiers militaires français,
Nous vous adressons ce message comme nous le faisons auprès de tous les officiers militaires qu’il nous est possible de contacter. Nous souhaitons vous faire part de notre volonté de mettre un terme à plus de quarante années de reniement démocratique, social, diplomatique et militaire de la France.
Nous ne prétendons pas être en capacité de consulter les Français avec les pleins moyens de l’État pour légitimer le fait que nous agissions avec la conscience aiguë de servir le peuple et plus largement la France dans tout ce que nous entreprenons. Les préjugés ayant la vie dure, nous tenons à d’emblée vous faire savoir que nous ne sommes ni un groupuscule anarchiste pas plus qu’un groupement idéologique particulier. Nous avons conscience des réalités présentes et de la nécessité d’État à faire perdurer. C'est pour cette raison même que nous veillons à concourir à la défaisance d’une représentation politique que nous considérons illégitime et extrêmement malveillante contre nos intérêts nationaux.
Il faudrait des centaines de pages pour récapituler les trahisons subies par le peuple ces dernières décennies. Nous prendrons cependant bien soin de restreindre notre réquisitoire à des considérations qui doivent légitimement vous intéresser au premier chef en tant que militaire au service de la France. Cependant, il convient de repréciser le cadre général qui définissait jusque-là la mission de nos armées, en commençant par un bref retour sur l’année 1966 où le Général de Gaulle avertissait nos alliés de l’époque, que la France se retirait du commandement intégré de l’OTAN. Situation qui nous permettait de conserver un lien avec les Etats-membres de ce traité, sans toutefois nous obliger à nous inscrire dans des conflits nuisibles aux intérêts bien compris de la France, ni nous astreindre à développer des armes et munitions en vertu de normes réglementaires prédéfinies par une puissance étrangère. Rappelons à ce stade que les plus grands conflits militaires dans lesquels la France s’est enlisée, ont toujours été des guerres opposant des coalitions d’État, là où la très indépendante Suisse a toujours su se ménager une relative tranquillité militaire et diplomatique durant les derniers siècles. Ce pays n’est ni dans l’UE, ni dans l’OTAN. Durant les deux dernières guerres mondiales, la Suisse est restée très sagement neutre et indéfectiblement indépendante. La fédération helvétique reste à ce jour l’État le plus démocratique et serein sur son économie contrairement à tous les États enfermés dans l’Union européenne. Ce que nos médias se gardent bien de rappeler.
En 1968, le Général de Gaulle précisait définitivement son intransigeance sur le caractère sacré de notre indépendance nationale, cela en édictant que de sa préservation en toutes circonstances, découlait pour notre armée la garantie de n’agir que dans l’intérêt de la nation, sauf si notre secours est réclamé par un pays tiers et que le parlement autorise le déploiement de nos troupes et matériels en ce sens.
Aussi lorsque le premier Président de la Vème République, le 27 janvier 1968 devant les membres de l’institut des hautes études militaires de Paris, expliquait que notre dissuasion nucléaire devait être comprise comme une stratégie de défense « tout azimuts », il considérait bien que ce type d’armement s’inscrivait dans une stratégie plus globale concernant l’usage qui est fait de nos moyens militaires :
« Je voudrais profiter de mon passage ici pour traiter de la stratégie qu’on a dit tout azimuts, dont on a parlé ces derniers temps. Nous faisons oui, un armement atomique. C’est un armement complètement nouveau, qui implique une refonte militaire et une refonte de puissance, sans comparaison avec tout ce que l’on a pu connaître auparavant. C’est une affaire de longue haleine. On ne le fait pas pour demain, mais pour des générations, dans un système de défense et de dissuasion complètement nouveau. Et dans ce long espace de temps, qui peut dire ce que sera l’évolution du Monde ? Dans 20 ans, qui gouvernera les États-Unis et avec quel système ? Qui gouvernera l’URSS ? L’Allemagne ? Le Japon ? … et la Chine ? Qui peut dire ce qui se passera en Amérique du Sud et en Afrique ? Personne sans aucun doute. En fonction de toutes ces incertitudes, nous faisons notre armement nucléaire. Et ce n’est pas la première fois dans notre histoire qu’il en est ainsi ! Vauban, en son époque, a fortifié toutes les frontières de la France, les Pyrénées, les Alpes, nos ports et même la Belgique. Nous sommes allés partout, nous avons fait la guerre partout, nous sommes entrés à Madrid, Berlin et Moscou. Nous avons fait la guerre en Europe, en Orient, en Amérique, en Asie. Il n’y a pas de raison que cette stratégie qui de tout temps nous a protégé contre tout, ne se perpétue pas. Par définition même, notre armement atomique doit être tout azimuts. Il faut que vous le sachiez, que vous le voyiez et que vos études et votre état d’esprit s’y habituent ».
A l’heur où nous sommes les obligés des États-Unis d’Amérique et d’une autre façon, ceux de l’Allemagne, nous vous demandons si vous avez le sentiment que notre indépendance nationale autant que notre stratégie de défense dite « tout azimuts » est bel et bien respectée par notre représentation politique ?
Puisqu’il semble que la trahison soit devenue un acte aussi ordinaire et acceptable, il nous semble toutefois que dresser une liste non exhaustive des forfaitures et renoncements de nos dirigeants, pourrait peut-être éclairer sur l’abandon de notre pays qui est en cours. Le même type d’abandon qui avait prévalu lorsque le parlement capitulait face à l’Allemagne en 1940 et remettait les pleins pouvoirs à Philippe Pétain.
Nous ne prendrons appui que sur des questions militaires et diplomatiques les plus récentes pour en témoigner, tout en notant que le seul fait même d’être sous la tutelle de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, est en soi un ensemble d'atteintes considérables et intolérables à notre souveraineté ainsi qu’à notre indépendance nationale.
Le 5 Juin 2014, un article du journal « Le Monde » nous alertait que M. Obama, président d’une puissance paraît-il « alliée » de la France, souhaitait que nous suspendions (annulions) la vente de navires de type "Mistral" à la Russie. Outre les énormes capitaux engagés dans ce contrat, les milliers d’emplois dont il était question, ou encore les considérations diplomatiques sous-jacentes, cette vente avait été négociée moyennant des transferts technologiques, notamment sur des équipements radars dont la France avait la seule maîtrise technologique. Cette vente sera donc annulée par M. Hollande, ce qui outre porter gravement atteinte à nos relations diplomatiques avec une puissance alliée de deux guerres – et parfaitement fiable et utile à nos intérêts soit dit en passant – a permis à cette dernière de finalement jouir de l’acquisition de brevets et données qui ne pouvaient être concédés par la France que sous condition que la transaction soit honorée par les deux parties. A-t-on entendu un seul responsable militaire de haut rang s’indigner de la situation ? Sommes-nous les vassaux des Américains ou sommes-nous souverains sur nos affaires diplomatiques, militaires et commerciales ? N’y a-t-il pas des intérêts fondamentaux que nous nous devons de préserver ?
Poursuivons, avec la guerre subie par la Syrie. D’abord rappelons que nombre de terroristes ayant tué des centaines de nos compatriotes sur notre territoire se sont AGUERRIS EN SYRIE. Ce qui n’a pas empêché François Hollande, mais aussi par l’entremise du Secrétariat Général de Défense et de Sécurité Nationale, son Ministre des Finances de l’époque Emmanuel Macron, d’autoriser la livraison d’armes de guerre à des « rebelles » qui combattaient le gouvernement légitime syrien. M. Fabius, alors Ministre des Affaires étrangères, n’hésitait pas à dire à l’époque que le front Al Nosra faisait « du bon boulot » en Syrie. Nous nous permettons d’insister et le rappeler : des citoyens français ont été tués sur notre sol par des combattants que la France a soutenus et armés en Syrie. Cela relève du financement du terrorisme d’une part au sens de l’article 421-2-2 du Code Pénal, mais aussi purement et simplement de la haute trahison ! Y a-t-il eu un officier de haut rang pour s’indigner de ces « prises de décisions » par des politiciens félons ? Non, la grande muette est restée imperturbablement silencieuse. Y compris lorsque M. Hollande, puis plus tard M. Macron, en réponse à de pseudo-attentats chimiques attribués au gouvernement syrien sans même que des autorités internationales aient eu le temps d’investiguer et rendre un rapport d’enquête établissant de telles conclusions, ont engagé nos forces navales et aériennes dans une série de bombardements sur le territoire syrien. Non seulement ces opérations militaires violaient expressément notre constitution, mais aussi l'article 2 de la Charte de l’ONU ou encore l'article 8 bis des Statuts de Rome sur l’établissement de la Cour pénale internationale, qui dispose que :
Aux fins du présent statut, on entend par « crime d'agression », la planification, la préparation, le lancement ou l’exécution par une personne effectivement en mesure de contrôler ou de diriger l’action politique ou militaire d’un État, d’un acte d’agression qui, par sa nature, sa gravité et son ampleur, constitue une violation manifeste de la Charte des Nations Unies
Ajoutons sur cette affaire calamiteuse, que nombre de nos missiles ont été interceptées par les défenses anti-aériennes syrienne et russe. Etait-il nécessaire que la Russie puisse confirmer être capable d’abattre nos missiles en plein vol, ou du strict point de vue tactique, il aurait été plus sage qu’elle continue d’ignorer nos vulnérabilités dans ce domaine ? Quand des politiciens pour des raisons idéologiques, électoralistes ou d’asservissement à des intérêts étrangers, fragilisent notre armée de toutes les façons possibles, il devrait être une réaction immunitaire de nos soldats et officiers que de rappeler qui détient réellement le monopole de la violence légitime en France. Et ce ne sont certainement pas quelques bourgeois encravatés qui assujettissent notre peuple depuis quelques salons parisiens, qui détiennent et exercent concrètement ce pouvoir des armes.
Poursuivons encore, car nous nous rapprochons de l’objet et de la conclusion de ce courrier. Malgré les incantations angéliques de nos politiciens, il n’y a pas, il n’y a jamais eu, et IL N’Y AURA JAMAIS « d’amitié franco-allemande ». Les Américains comme les Allemands ont des considérations parfaitement anglo-saxonnes quant au regard qu'ils portent sur la France. Du fait que nous représentons une puissance diplomatique et économique pouvant contrarier leurs propres desseins sur le monde, il s’agit pour l'Allemagne et pour les États-Unis de nous affaiblir par des prises de contrôle de notre outil industriel stratégique (Nexter, Alstom, etc), ou encore en jouant de la propension à trahir de nos politiciens s’agissant des alignements diplomatiques attendus. D’ores et déjà, veuillez expliquer aux sous-mariniers français qu’en cas de conflit futur avec les USA, les données relatives au bruit de cavitation et à la vitesse de nos SNA et SNLE ne sont plus inconnus des Américains. Pensez-vous que nous sommes condamnés à rester les vassaux des Américains pour les prochains millénaires à venir, ou il paraît plus sensé pour un militaire de considérer que les menaces peuvent survenir de partout ? Comme si ces vulnérabilités n’étaient point suffisantes, depuis le 22 Janvier 2020, nous avons cédé à l’Allemagne des pans entiers de notre indépendance militaire et diplomatique. Cela en acceptant que nos politiques extérieures soient subordonnées aux considérations allemandes en vertu du Traité d’Aix la Chapelle ; en leur octroyant gratuitement une place conjointe au Conseil de Sécurité de l’ONU ; et acceptant que des ministres allemands puissent venir directement au sein même des plus hautes instances de l’État, participer à des réunions ministérielles concernant nos propres affaires intérieures. Depuis la collaboration sous le Régime de Vichy, jamais nous n’avions été aussi loin dans notre asservissement à l’Allemagne !
Cette dernière d’ailleurs, ne cache désormais plus sa volonté de voir la France partager son outil de dissuasion nucléaire avec elle, et M. Macron, tel « un cabri », n’a pu s’empêcher de faire un discours le 7 février dernier à l’École de guerre à Paris, avalisant cette requête allemande portée par le député Johann Wadephul :
« Je souhaite que se développe un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre sécurité collective »
Combien d’officiers ont rappelé au TRAÎTRE Emmanuel Macron, que la stratégie de défense de la France, et en particulier sur le plan nucléaire, est « tout azimuts » et que nous avons eu par le passé suffisamment de guerres avec l’Allemagne, pour qu’il n’y ait absolument rien à négocier à ce sujet ?
Nous ne fabriquons plus nos fusils et munitions et sommes totalement dépendants d’une production industrielle délocalisée hors de France, pour fournir à nos armées les moyens matériels d’assurer leurs missions. Mais en cas de conflit ouvert au sein même de l’espace européen où le jeu des alliances serait renversé, croyez-vous qu’il serait encore temps de se poser la question de restaurer notre indépendance industrielle et technologique ? Non, il sera bien évidemment trop tard. On n’ouvre pas des usines sur un claquement de doigt. Gouverner, c’est prévoir dit l’adage. Et ceux qui usurpent leurs fonctions au sein même de l’appareil d’État, n’ont nullement ce principe conducteur dans leur logique de gestion du pays. Si ce n’est pour négocier avec des pays tiers la cession de nos actifs les plus stratégiques.
Or, puisque aucun d’entre nous pas plus que le reste de nos compatriotes, ne souhaite que la France subisse un jour une nouvelle guerre, et pire encore, qu’elle soit dans l’incapacité de compter sur ses propres ressources au point de nous conduire sur les sentiers d’une défaite largement prévisible, nous exigeons de l’ensemble de nos officiers qu’ils cessent de se taire face à cette situation gravissime. L’unique moyen de nous préserver de la guerre outre une diplomatie de paix, c’est encore et toujours le fait de disposer de la puissance nécessaire pour réfréner toutes volonté belliciste de n’importe quel État-tiers sur notre pays.
Il vous apparaîtra sans doute étrange que vous soyez saisis par des citoyens qui dans leurs aspirations premières, souhaitent instaurer une réelle démocratie en France, notamment par la rédaction et le vote d’une nouvelle constitution. Des doux rêveurs ! Des utopistes ! Des anarchistes ! Voilà ce que l’on pourrait imaginer à notre propos. Si bien sûr notre mouvement est hétéroclite dans sa composition, nous ne nous revendiquons d’aucune idéologie politique particulière. Nous estimons simplement que si la Suisse peut se permettre le luxe d’être un État développé, bien portant économiquement, parfaitement indépendant et démocratique de surcroît, la France ne peut pas faire moins.
Nous ne prétendons pas abolir l’ensemble de nos institutions les plus essentielles ni être inconscients de la marche de l’État. Nous souhaitons juste que le citoyen qui n’a ni influence ni richesse particulière à faire valoir, puisse lui aussi disposer du droit de légiférer et voter les lois, voire révoquer nos dirigeants lorsqu’ils nous trahissent. Cela ne signifie nullement fragiliser l’État ou affaiblir notre structure diplomatique et militaire. Vous avez sans doute comme beaucoup d’entre nous des enfants à qui vous allez léguer un pays qui pourra être au choix, un régime totalitaire s’étant progressivement installé sur fond de lâcheté de la majorité du peuple mais aussi d’un très grand nombre de fonctionnaires et militaires qui avaient les moyens d’entraver les desseins politiques les plus malveillants de notre oligarchie ; ou un État démocratique et social dans lequel il fera bon vivre.
Aucun putsch n’est nécessaire pour établir une démocratie, mais il va de soi qu’aucune révolution ne peut se faire sans le soutien actif ou plus passif des armées d’un pays. C’est une règle indépassable : toutes les révolutions obligent au « Grand Soir » venu, les armées d’une nation à se prononcer. Or vous n’êtes pas sans savoir que depuis le 17 novembre 2018, la France est entrée de plein pied dans une crise politique durable et dont nous n’avons pas encore atteint le paroxysme, quand bien même la dictature sanitaire en cours a de quoi nourrir toujours plus notre colère. Viendra un jour où nous renverserons notre oligarchie. Peut-être dans le sang s’il n’est plus possible d’utiliser d’autres recours.
Nous réclamons à ce titre le soutien de nos armées envers le peuple qu’elles ont la charge de protéger. Aucun militaire n’est subordonné au gouvernement. Tous sont soumis au commandement de la nation toute entière. Et M. Macron n’est nullement légitime pour être l’intercesseur entre le peuple et nos armées. La place des traîtres à la patrie est en prison ! On les fusillait même au sortir de la seconde guerre mondiale.
Aussi cette lettre doit être comprise autant comme une mise en garde qu’un appel à prendre position. Rien ne vous empêche de transmettre un tel courrier à votre hiérarchie pour lui signifier que vous ne savez pas comment y répondre. Cette même hiérarchie qui par principe, continuera de faire remonter jusqu’à l’État-major notre requête puisque personne ne dispose du grade nécessaire pour répondre à notre mise en demeure. Ce courrier qui sera distribué aux plus grand nombre d’officiers ayant à charge d’administrer des régiments et bases militaires, ne pourra de toute façon être ignoré de l’Armée toute entière, nous y veillerons.
Aussi nous espérons que notre adresse saura toucher votre sensibilité de soldat au service de la nation, car c’est avec toute l’expression de notre respect pour votre engagement pour la France, que nous vous la communiquons.
Dans l’espoir qu’il se trouve encore des hommes d’honneur pour savoir dire « non » lorsque les principes les plus élémentaires sont bafoués,
Il est de la responsabilité des autorités de garantir des conditions minimales de sécurité pérennes et d’approvisionnement pour chaque citoyen et à chaque citoyen d’y veiller.
Responsabilités des maires et préfets sur les risques alimentaires
Étant donné l’absence de plan communal de sauvegarde (PCS) et DICRIM intégrant les risques majeurs alimentaires, la sensibilisation des populations n’est pas faite à ce sujet.
Pourtant, en cas de dommages et de troubles à l’ordre public résultants de ruptures de chaînes d’approvisionnement et de stocks alimentaires (2 à 3 jours de stock dans les magasins) et donc de rupture du continuum sécurité défense, les maires et préfets qui ne sauraient faire face aux violences seraient potentiellement coupables à l’article 121-3 du Code Pénal pour manquement à une obligation de prudence ou de sécurité.
L’information à la population sur les risques majeurs est cruciale. La vérification que cette information a été bien assimilée par les citoyens est également importante. Ces deux actions participent du continuum sécurité défense.