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June, 2023

La grande démission : comment la désertion gagne la France

Dans le monde occidental, des millions de personnes quittent leur travail. L’offensive néolibérale, la catastrophe écologique et la pandémie ont attisé cette fugue massive. Enquête [1/3]

Vous lisez le premier volet de notre enquête « La grande démission ». Le second volet se trouve ici et le troisième là.

L’appel à déserter lancé le 10 mai par les étudiants d’AgroParisTech a agi comme un détonateur. Visionnée plus de 12 millions de fois, leur vidéo a libéré la parole et révélé un mouvement de fond qui remet en cause frontalement les modèles de la réussite sociale. C’est une fissure dans l’ordre établi : la carrière ne fait plus rêver. Les tours de la Défense et la « rolex à cinquante ans » non plus. Partout, des jeunes et des moins jeunes questionnent le travail, sa finalité et son sens. Certains, même, le refusent, pour inventer, ailleurs, une vie qu’ils et elles estiment plus riche.

Quelques mois seulement après le glas des confinements, qui a gelé tout un pan des activités économiques, une partie de la population rechigne toujours à revenir dans le rang, à finir ses études, ou à retourner dans les usines ou les entreprises. Aux États-Unis, des sociologues ont baptisé ce phénomène « Great Resignation » ou « Big Quit » : « la grande démission ». En 2021, plus de 38 millions d’étasuniens ont quitté leur emploi. 40 % n’ont toujours pas repris de travail. Un tsunami qui touche tous les âges, tous les métiers. Et qui renverse le rapport de force entre salariés et entreprises.
De plus en plus de personnes cherchent une sortie d’urgence au monde du travail. Unsplash / Possessed Photography

« Nous démissionnons tous, désolés pour le dérangement », écrivent sur une affiche les salariés d’un Burger King dans le Nebraska. « Veuillez être patient avec le personnel qui a répondu présent, plus personne ne veut travailler », disent les employés d’un McDo au Texas. « Fuck les cadres, fuck cette entreprise, fuck ce job… Je démissionne, putain ! », crie dans le haut-parleur de son magasin une employée de Walmart au Texas. Un discours qui fit des émules parmi ses collègues.

L’Amérique bouge et elle n’est pas la seule. En Angleterre, les seniors démissionnent en masse. 300 000 travailleurs âgés de 50 à 65 ans ont rejoint la catégorie des « économiquement inactifs ». Leur désir principal, selon le résultat d’une vaste étude ? Prendre leur retraite et s’échapper définitivement du monde professionnel.

Au Québec, la tension est telle que les employeurs ne renâclent plus à embaucher des mineurs pour faire face à la pénurie de travailleurs dans les secteurs de la manutention et des services. 240 000 postes restent abandonnés. En Espagne, on imagine même faire venir des milliers de Marocains et prolonger les cartes de séjour des étrangers pour pallier le manque de main d’œuvre dans le secteur du tourisme.
À quoi bon s’élever quand tout s’écroule ?

Cette situation résonne avec la France. Ici aussi, l’exode a commencé. Des centaines de milliers de postes ne sont pas pourvus, faute de candidats, dans l’hôtellerie ou la restauration tandis que dans les grandes écoles, chez les classes moyennes supérieures, la sécession couve. Au-delà des discours tonitruants dans la presse, une révolte plus silencieuse se propage. Dans chaque promotion, et même là où on l’attend le moins, dans les entreprises des énergies fossiles ou dans la haute administration publique.

Le doute se répand. La crise écologique vient battre en brèche les rêves d’antan au goût de naphtaline. Que vaut une promotion face au péril climatique ? Pourquoi se battre pour des places quand c’est tout le système qui vacille ? À quoi bon s’élever quand tout s’écroule ?

Une « menace pour l’économie française » 

D’après un récent sondage, publié en mai, plus d’un tiers des sondés (35 %) affirme n’avoir jamais eu autant envie de démissionner. Une proportion qui monte à 42 % chez les moins de 35 ans. Les observateurs parlent de « révolution sociétale », et de « menace pour l’économie française ».

En bas de l’échelle, l’offensive néolibérale pousse aussi au départ. Face aux dégradations des conditions de travail et aux bas salaires, nombreux sont les employés, écœurés, à prendre la poudre d’escampette. À l’hôpital, le phénomène est particulièrement visible. Les cadences et le manque de reconnaissance incitent les aides soignants et les infirmières à partir. 60 000 postes ne trouvent toujours pas preneurs.
Le 14 février 2020, à Paris. © Mathieu Génon / Reporterre

La pandémie a joué un rôle catalyseur. Elle a frappé les esprits. Le confinement a mis à l’arrêt la machine dont on ne trouvait pas le frein d’urgence. En suspendant, un temps, le fonctionnement dont nous étions tous les otages, le virus a révélé l’aberration de la « normalité », estiment les auteurs d’un puissant texte paru en mars 2020 sur le site Lundimatin : « Ce qui s’ouvre devant vous, ce n’est pas un espace délimité, c’est une immense béance. Le virus vous désœuvre. […] Il vous place au pied de la bifurcation qui structurait tacitement vos existences : l’économie ou la vie. C’est à vous de jouer. L’enjeu est historique. »

À quoi tient-on vraiment ? Alors que le monde bascule, des choix décisifs s’offrent à nous. Ils résonnent comme autant de petites voix intérieures. Il est temps d’habiter sa propre vie, de ne plus se renier, de sortir de la dissonance. « Il faut chercher la force de dire non », écrivait Albert Camus dans L’homme révolté.
Chemins de traverse

À tâtons, des chemins de traverse se dessinent pour lutter contre ce que David Graeber appelait « les bullshit jobs ». De nombreuses personnes décident de faire un pas de côté. En France, ils et elles profitent du chômage et du RSA pour se reconvertir, voyager ou simplement sortir du salariat. Reporterre en a rencontré des dizaines, tous et toutes en quête de sens. Certains et certaines, même s’ils restent évidemment minoritaires, deviennent paysans, d’autres revalorisent l’artisanat et les métiers manuels, d’autres encore s’investissent dans des luttes.

« Je n’ai plus envie de participer à cette mascarade », confie ainsi Noémie, une ancienne consultante de 30 ans devenue éleveuse de porcs en agriculture biologique. « Je ne veux plus mettre ma force de travail au service de job destructeurs », poursuit Pierre, un ex-élève ingénieur qui sillonne désormais les zad. « Je ne retournerai pas bosser pour un patron, soixante heures par semaine pour une paie de misère », ajoute Claire, ancienne restauratrice parisienne maintenant installée dans la Drôme. Élodie, elle, était infirmière à Toulouse mais a préféré quitter le navire. « L’hôpital se transforme en usine de soins. On vit une forme de maltraitance sociale », raconte-t-elle. Son nouveau projet ? Une ambulance autogérée et nomade qui parcourrait la France, les lieux de lutte et les quartiers populaires.

« On arrête tout, on réfléchit et ce n’est pas triste » 

On mesure encore mal le séisme qui vient. Mais il flotte dans l’air un parfum de L’An 01, ce film de Jacques Doillon, emblématique de la contestation libertaire des années 1970, au slogan éloquent : « On arrête tout, on réfléchit et ce n’est pas triste. »

Les récentes statistiques du ministère du Travail le confirment : la vague n’est pas près de s’arrêter. On a enregistré 1,6 million de démissions de CDI en 2021. Aux troisième et quatrième trimestres, la barre des 500 000 démissions a été dépassée. C’est arrivé une seule fois sur les vingt dernières années, en 2008, et c’est le double des chiffres de 2015.
Un panneau indique « On embauche » devant une entreprise en Amérique du Nord. Unsplash / Ernie Journeys

Mais, plus encore que ces données, c’est la bulle médiatique qui détonne. « L’écho qu’ont pu avoir les appels à la désertion en dit long sur les questionnements qui agitent la société, souligne la sociologue Geneviève Pruvost. Aujourd’hui la désertion vient toucher des professions indispensables au fonctionnement du modèle capitaliste. Elle met en péril la pérennité du système », ajoute-t-elle.

« Si cent ingénieurs ou chercheurs du milieu toulousain décidaient d’arrêter de faire des algorithmes et des robots, ça casserait tout », confirme Olivier Lefebvre. Ce quadragénaire a lui-même déserté son poste. Il travaillait dans une start-up sur les voitures autonomes avant de tout envoyer valser.
Les rouages se rebiffent

Alors qu’ils sont les rouages de la machine techno-industrielle, les ingénieurs sont de plus en plus nombreux à se rebiffer. Arthur Gosset, l’ex étudiant de centrale Nantes qui a réalisé le film Rupture(s) — dans lequel il évoque la bifurcation de ses camarades déserteurs — estime qu’ils représentent environ 30 % des promotions. Un chiffre difficilement vérifiable tant les études quantitatives sur le sujet manquent. Les grandes écoles et les associations d’anciens élèves n’ont pas forcément intérêt à communiquer sur cette fuite généralisée.

« Notre discours sur le refus du travail est aujourd’hui beaucoup plus audible », constate néanmoins Romain Boucher. Cet ancien data scientist diplômé de l’École des mines a quitté son métier en 2018. Dans son bureau à proximité des Champs-Élysées, les assauts des Gilets jaunes furent « l’onde sismique » qui l’incita à rompre avec son monde.

« On veut corroder cette classe sociale qui tient le système » 

Il a depuis créé l’association Vous n’êtes pas seul pour inciter ses ex-collègues à démissionner. « En subvertissant la petite bourgeoisie managériale et diplômée, nous entendons enrayer la courroie de transmission qu’elle incarne. On veut corroder cette classe sociale qui tient le système », dit-il.

La désertion sape les soubassements idéologiques de l’économie, elle brise son adhésion et écaille son vernis teinté de vert. L’écrivaine Corinne Morel Darleux y voit même « une forme de sabotage symbolique ». « Le refus de parvenir est aujourd’hui susceptible de s’inscrire dans la longue lignée de l’action directe et de la non-coopération au système, écrit-elle dans son essai Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce. La désertion est une arme redoutable qui libère l’avenir. »

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Bullshit jobs : plus d'1 Français sur 4 se sent concerné

Alors que le marché de l’emploi redémarre progressivement en France, le groupe Randstad s’est penché sur l’impact de la Covid-19 sur le sens au travail. Il en ressort que plus d’un Français sur quatre (29%) a le sentiment d’occuper un bullshit job.

Le bullshit job, terme, popularisé par l’anthropologue américain David Graeber, désigne un emploi inutile, dont on ne perçoit pas le sens. Pour 16% du panel, la crise du Covid-19 a agi comme un révélateur.Samuel Durand, auteur et spécialiste des transformations du travail, explique ainsi que le confinement nous a mis face à nous-mêmes et nous a donné le temps d’une réflexion que nous ne souhaitons pas avoir en temps normal. “Et si mon métier était un bullshit job ?” Ce sentiment d’inutilité, voire d’escroquerie, touche de plus en plus de métiers. “Une fois que nous nous sommes interrogés sur la réalité de notre travail, vient le temps de la quête de sens.”Afin de remédier à cette situation et retrouver un intérêt professionnel, les Français envisagent des ajustements de carrière plutôt qu’un changement profond. 17% d’entre eux pensent redonner du sens à leur travail en conservant leur poste mais dans un secteur différent. 12,5% estiment qu’il suffit de changer de poste dans leur entreprise.Les métiers de « première ligne » (infirmier, employé dans la grande distribution, opérateur dans l’agroalimentaire …), glorifiés en début de crise, se révèlent peu attractifs. Seul 2% du panel interrogé occuperait ce type de poste pour s’y épanouir. Lorsqu’on les interroge sur leur envie d’un emploi plus porteur de sens une fois la crise passée près d’un tiers (30%) des Français envisage une mobilité professionnelle.
Frank Ribuot, Président du groupe Randstad France

Frank Ribuot« Le sens au travail est un déterminant essentiel dans l’emploi. Avant la crise, ce paramètre jouait un rôle croissant pour attirer ou retenir les talents. La crise du Covid-19, et notamment le recours massif à l’activité partielle, ont fait voler en éclat les certitudes d’un certain nombre de salariés quant à leur rôle et l’importance de leur fonction. A cela s’ajoutent les interrogations qui pèsent sur le marché de l’emploi pour les mois à venir, qui risquent de voir primer la sécurité de l’emploi sur le sens au travail. Tout l’enjeu pour les entreprises va être de recréer ce lien de confiance avec les collaborateurs et cultiver le sentiment d’utilité qu’ils ont besoin d’éprouver. La sortie de crise doit être l’occasion de revoir la culture managériale, de favoriser l’autonomie et la prise de décision des collaborateurs. Il est capital de réinsuffler une vision partagée du rôle de l’entreprise. Un salarié qui a le sentiment d’occuper un emploi inutile est un salarié malheureux et démobilisé. Dans le contexte de reprise, les entreprises ont plus que jamais besoin de chacun »
«Les «bullshit jobs»  se sont multipliés de façon exponentielle ces dernières décennies» - Le Temps
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«Les «bullshit jobs»  se sont multipliés de façon exponentielle ces dernières décennies»
Carrières

Nos sociétés échouent à utiliser la technologie pour favoriser les activités utiles et le temps libre, explique l’anthropologue David Graeber

Boulots de merde ! - Olivier Cyran, Julien Brygo - Éditions La Découverte
Avez-vous un job de merde ? - Les cahiers de l'innovation
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Quelles sont les catégories de jobs à la con, les bullshit jobs ?

Bullshit Job : en français un « job à la con ».

C’est un emploi qui est si totalement inutile que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence.

Il ne faut pas confondre bullshit job et job de merde. Un job de merde est un travail difficile et souvent mal payé, mais qui est utile pour la société. Par exemple, travailler pour la hotline d’une entreprise et recevoir des appels de clients mécontents toute la journée est un job de merde (et tout ça pour un salaire de misère), mais ce n’est pas un bullshit job.

Les bullshit jobs se trouvent principalement dans les grandes entreprises du privé et les administrations publiques. Dans les petites entreprises les gens ont tendance à effectuer un travail concret dont l’utilité est facile à mesurer, l’employé n’est pas noyé dans la masse.

L'anthropologue américain David Graeber a écrit un livre consacré à l’étude des bullshit jobs.

Voici quelques catégories de job à la con dont il parle dans son livre :

• Les larbins. Les jobs de larbins sont ceux qui ont pour seul but de permettre à quelqu'un de se sentir important. «Il existe encore des boulots de domestiques à l'ancienne, soutient David Graeber. À travers l'Histoire, les riches et les puissants ont eu tendance à s'entourer de serviteurs, de clients, de flagorneurs et autres laquais.»

• Les rafistoleurs. Qui sont les rafistoleurs ? Ceux dont le job n'a d'autre raison d'être que les anomalies qui entravent le bon fonctionnement une organisation. Ils sont donc là pour régler des problèmes qui ne devraient plus exister si ces anomalies avaient été corrigées. «Les premiers exemples de rafistoleurs auxquels on pense, ce sont des subalternes dont le boulot est de réparer les dégâts causés par des supérieurs hiérarchiques négligents ou incompétents», nous dit le livre Bullshit Jobs.

• Les cocheurs de case. Il s'agit d'employés dont la seule principale raison d'être est de permettre à une organisation de prétendre faire quelque chose qu'en réalité elle ne fait pas. Souvent on assiste au phénomène de la réunionnite : des réunions sans cesse, pour le principe, et sans intérêt apparent ni aucune prise de décision. Graeber explique que dans la majorité des cas, les cocheurs de case sont tout à fait conscients que leur job n'aide en rien la réalisation du but affiché. Pire encore : il lui nuit, puisqu'il détourne du temps et des ressources. «L'essentiel de mon travail consistait à interviewer les résidents afin de noter leurs préférences personnelles dans un formulaire, explique ainsi une employée qui était chargée de coordonner les activités de détente dans une maison de repos. Les résidents savaient très bien que c'était du pipeau et que personne ne se souciait de leurs préférences.»

• Les petits chefs. C'est peut-être le profil le plus connu... et le plus détesté aussi. Les petits-chefs se divisent en deux sous-catégories. Ceux du premier type n'ont qu'une fonction : assigner ou déléguer des tâches à d'autres. Ils peuvent être considérés comme le reflet inversé des larbins : ils sont tout aussi superflus, mais au lieu d'être les subordonnés, ce sont les supérieurs. Si cette première sous-catégorie est inutile, la seconde est nuisible : il s'agit des petits chefs dont l'essentiel du travail consiste à créer des tâches inutiles qu'ils confient à leurs subalternes, ou même à créer de toutes pièces des jobs à la con.

Multiplication des réunions, de la paperasse, des couches hiérarchiques, des sous-traitants… le pourcentage de jobs à la con dans le monde du travail serait monté en flèche, un phénomène en partie lié au gonflement du secteur de l’information, et de toutes les formes de travail immatériel. Des réunions interminables au cours desquelles des gens aux titres compliqués ("coordinateurs de la dynamique de la marque", "responsables de la vision prospective") déroulent des présentations Power Point, des rapports, des graphiques sur des sujets pour lesquels rien ne sera finalement jamais décidé.

Le problème principal posé par les jobs à la con, c'est que si l'on devait tous les supprimer, cela aboutirait assurément à augmenter le chômage dans proportions très importantes.

Le job à la con a donc une fonction sociale car il offre un salaire en échange du temps passé par l’employé à s’ennuyer au bureau. Parfois l’employé s’ennuie dans son job à la con et n’aime pas ce travail mais son niveau d’irritation n’est pas suffisant pour prendre le risque de passer à autre chose.

En principe quelqu’un qui bosse majoritairement en télétravail ne peut pas tomber dans les catégories « petit chef », larbin et « cocheurs de case». En effet le télétravail implique une organisation des équipes où ces «activités à la con» ne peuvent pas apparaître.

Un employé en télétravail peut être un rafistoleur. Par exemple un développeur informatique peut maintenir un système informatique obsolète car mettre en place un nouveau système informatique est jugé trop coûteux.

Prêt à trouver un job de rafistoleur en télétravail (humour...) ? ;)

Prolétaires et entrepreneurs. La vie d'esclave à Rome | lhistoire.fr

Pendant un siècle, les historiens ont plutôt étudié les grandes révoltes serviles, symbolisées par Spartacus, et la dure condition des esclaves de l'Antiquité romaine. Aujourd'hui, on met l'accent sur le dynamisme économique de ces hommes qui pouvaient aussi être chefs d'entreprise ou hauts fonctionnaires... Portrait de groupe contrasté.

Qui étaient les esclaves de l'Antiquité romaine ? De la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 1970, on s'est surtout intéressé à eux comme à des prolétaires, comme à des exploités qui ne possédaient rien. On a étudié leurs révoltes, on les a analysées comme l'indice d'une conscience de classe avant la lettre. Cette façon de traiter des esclaves était conforme à ce qu'en avait dit Karl Marx, mais on ne la rencontrait pas seulement chez les historiens marxistes, loin de là.

Les trois grandes « guerres serviles » qui ont bouleversé le monde romain entre le IIe et le Ier siècle av. J.-C. [1] ont ainsi donné matière à des développements fournis. Moses I. Finley a souligné, à juste titre, que c'étaient, et de loin, les trois révoltes d'esclaves les plus importantes de toute l'histoire du monde, avec celle de Toussaint- Louverture à Haïti, à l'époque de la Révolution française. Toutes quatre « ont atteint les dimensions d'une véritable guerre, avec plusieurs milliers d'hommes en armes des deux côtés, avec des batailles en rase campagne, des sièges et des occupations de villes » [2]. A chaque fois, ces révoltes concernaient des bergers et des agriculteurs, décidés à protester contre la dureté de leur condition, et pour cela prêts à se rassembler, à se doter d'un chef reconnu par tous, et à combattre les armes à la main.

Le nombre de ces esclaves de la campagne avait en effet beaucoup augmenté par suite des conquêtes de Rome, entre le IIIe et le Ier siècle avant Jésus-Christ. A chaque guerre, des prisonniers étaient réduits en esclavage et vendus. En outre, la supériorité de Rome était à l'origine d'une activité de traite, de commerce d'esclaves, au profit des négociants italiens et des habitants de la péninsule. Les esclaves avaient fini par constituer la main-d'oeuvre indispensable à la bonne marche de l'économie romaine, aux champs comme dans les ateliers et les mines. C'étaient les classes dangereuses, les damnés de la terre de la Grèce et du monde romain…

DES MANAGERS À LA TÊTE D'UNE BOUTIQUE OU D'UN NAVIRE

Or, depuis vingt ans environ, on n'écrit plus de la même façon l'histoire des esclaves de l'Antiquité : en quelques années, les questions posées et les centres d'intérêt se sont considérablement modifiés, quoique la documentation reste à peu près la même. On ne nie certes pas la présence des grands troupeaux d'esclaves des IIe et Ier siècles av. J.-C., et il est sûr que les trois guerres serviles ont eu lieu. Mais, désormais, on insiste davantage sur les limites du phénomène « esclavagiste ». On remarque que, dans les domaines agricoles, la main-d'oeuvre servile était mêlée à une main-d'oeuvre libre, notamment saisonnière, et que, en dehors de l'Italie péninsulaire et de la Sicile, le nombre des esclaves était sans aucun doute plus réduit. D'ailleurs, après la révolte de Spartacus, il n'y a plus eu aucune grande insurrection d'esclaves.

L'attention des historiens s'est déplacée vers un autre groupe d'esclaves, moins nombreux à coup sûr, quoique peut-être aussi important économiquement, celui des gestionnaires, qu'on appelle parfois « esclaves managers » : un esclave pouvait, à la place de son maître, exploiter une boutique ou un navire. Le maître qui possédait beaucoup d'esclaves tirait donc profit, par leur intermédiaire, de diverses entreprises, et dans des secteurs économiques qui n'étaient pas nécessairement les siens.

Un spécialiste de droit romain de l'université de Rome, Andrea Di Porto, a écrit sur ce groupe un livre très érudit, mais aux conclusions tranchées [3]. Leur existence fait, selon lui, l'originalité de la société romaine antique, et il pense qu'elle explique les plus importantes réalisations de son économie. L'activité artisanale et commerciale des esclaves a en effet permis la production de beaux objets à un prix moindre et en plus grande quantité, par exemple la céramique fine qu'on appelle l'arétine fabriquée en Toscane actuelle pendant un siècle, au tournant de notre ère, et elle a favorisé la diffusion de tels objets parmi de plus larges couches de la population.

Les préoccupations de notre époque contribuent, bien sûr, à expliquer ce changement de perspective assez brusque. Au problème social de la classe ouvrière, qui a tant dominé la fin du XIXe siècle et le début de celui-ci, a succédé une réflexion plus poussée sur l'entreprise et l'entrepreneur. Une évolution semblable s'observe en histoire des techniques : les stratégies techniques des ingénieurs et des entrepreneurs tendent à être davantage étudiées, aux dépens des savoir-faire populaires de l'ouvrier, de l'artisan ou du cultivateur.

VENDUS PAR LEUR PARENTS À DES TRAFIQUANTS

Aujourd'hui, et en essayant de ne pas trop céder aux modes du moment, tout en reconnaissant ce que la recherche leur doit, que peut-on dire de la situation des esclaves dans la Rome antique ? Et d'abord, comment devenait-on esclave ?

De bien des façons. En premier lieu, évidemment, par la guerre. Les représentations de prisonniers barbares sont fréquentes, par exemple sur les monuments de triomphe. Par le vêtement, la coiffure, les armes, éventuellement même par les traits du visage, les artistes essayèrent de rendre des types ethniques précis. Ils figuraient aussi des femmes, seules ou avec des enfants, parfois personnifications des peuplades ou provinces vaincues. Le début de l'Epidicus , une comédie de Plaute, évoque le retour de l'armée après une expédition victorieuse ; les soldats démobilisés ramènent avec eux une foule de captifs. C'est le butin.

On pouvait également devenir esclave parce qu'on avait été capturé en mer par des pirates, ou victime de razzias de trafiquants. Là-dessus aussi, les comédies de Plaute fournissent de belles histoires. Le Poenulus raconte comment ont été volés les enfants de deux frères qui étaient riches et vivaient à Carthage. L'un avait un fils, l'autre deux filles ; tous trois ont été enlevés, transportés ailleurs, et vendus comme esclaves. On devine qu'à la fin de la comédie, tout le monde retrouve tout le monde, et que ces pauvres jeunes gens sont libérés.

Enfin, il arrive tout simplement qu'un proche effectue la vente, pour toucher une somme d'argent. On entend souvent parler de parents qui vendent leurs enfants en esclavage pour échapper temporairement à la misère. Saint Augustin par exemple, au début du Ve siècle, parle dans une lettre de trafiquants qui viennent en Afrique du Nord pour se réapprovisionner. Ils achètent aux parents un certain nombre d'enfants ; en outre, ils organisent des enlèvements, et transportent ensuite dans d'autres régions, de l'autre côté de la Méditerranée, le produit de leurs achats et de leurs rapines [4].

Légalement, les citoyens romains, notamment ceux d'Italie, ne pouvaient pas être réduits en esclavage. Mais les hommes et femmes libres des autres régions de l'empire étaient menacés par ce sort peu enviable.

A quoi ces esclaves étaient-ils employés ? Les guerres serviles que nous avons évoquées n'ont été possibles que parce qu'il y avait à l'époque beaucoup d'esclaves qui cultivaient la terre et gardaient les troupeaux. En Sicile, par exemple, de grands domaines, qui appartenaient auparavant au roi de Syracuse, étaient devenus propriété de l'État romain. Rome les loua à très long terme, et pour une faible redevance, à de riches notables, les uns romains, les autres siciliens. Ceux-ci y employaient une main-d'oeuvre d'esclaves — paysans, bergers ou bûcherons.

Quelques-uns des esclaves agriculteurs recevaient un lot de terre à cultiver avec leur famille, et devaient verser au propriétaire leur maître, en général une partie des récoltes. C'est ce qu'on appelle les « esclaves-colons ». Mais ils étaient sûrement très minoritaires. Sur les terres, la plupart des esclaves étaient employés par équipes, comme les esclaves des plantations américaines. Ils n'avaient pas de famille, vivaient très durement dans des cellules, des sortes de casernes, encadrés par des esclaves contremaîtres ou par un intendant, le vilicus , qui était lui aussi un esclave, mais dirigeait le domaine au nom du maître, et devait surveiller de très près les autres esclaves.

LES ESCLAVES DOIVENT-ILS TRAVAILLER ENCHAÎNÉ

Il leur était évidemment interdit de sortir du domaine. Le soir, le vilicus veillait à ce qu'ils soient dans leurs cellules pour la nuit. Certains, particulièrement forts, et jugés dangereux, violents, étaient même enchaînés de jour comme de nuit, et logés dans des cellules spéciales, de haute sécurité, qu'on appelait les ergastules. Les auteurs des traités agronomiques latins, Caton au IIe siècle av. J.-C., Varron au siècle suivant et Columelle Ier siècle ap. J.-C., déconseillent aux propriétaires de terres de faire travailler de tels esclaves enchaînés, car ils pensent qu'il faut miser sur une certaine compétence et sur le soin attentif du propriétaire, plutôt que sur la contrainte pure et simple. Les hommes enchaînés, dit Columelle, risquent de nuire au domaine plutôt qu'ils ne le mettent en valeur.

Combien y avait-il de ces esclaves exploités, paysans, bergers, ouvriers ou mineurs ? Cela dépend de l'idée qu'on se fait du nombre total des esclaves. Peut-on connaître ce nombre ? Les Romains ne nous ont transmis aucun chiffre à son sujet, et eux-mêmes ne savaient probablement pas combien il y avait en tout d'esclaves dans leur empire. On admet en général qu'il s'en trouvait plus en Italie qu'en Afrique du Nord ou qu'en Égypte. Un historien démographe du début du siècle, Julius Beloch, a réuni les maigres indices disponibles, et, pour l'Italie, a parlé de deux millions d'esclaves sur une population totale de six millions d'habitants. Par la suite, certains sont allés jusqu'à dire que l'esclavage concernait 40 % de la population italienne. Actuellement, on a tendance à réviser ces chiffres à la baisse. De toute façon, on pense qu'en dehors de l'Italie, à l'époque romaine, le nombre des esclaves était inférieur à 20 % de la population — et peut-être de très loin.

Quoi qu'il en soit, le fait que les esclaves aient toujours été minoritaires à l'époque romaine n'empêche pas que l'esclavage ait exercé une forte influence sur l'ensemble des institutions et de la société. Dans les États du sud des États-Unis, les esclaves n'ont jamais été plus du tiers de la population, et c'était pourtant, sans nul doute, une région « esclavagiste ».

Pour ce qui est des esclaves gestionnaires, les managers, ils étaient sûrement moins nombreux que ceux des domaines agricoles ou des mines, et il est encore plus difficile d'en estimer la quantité. Car ils vivaient plus dispersés et ne formaient pas de groupes aussi massifs. Certains habitaient chez leur maître, d'autres dans leur boutique ou leur atelier, ou dans un appartement indépendant. Il leur était possible d'avoir une concubine qui, certes, n'était pas légalement leur épouse et des enfants. Ils occupaient des fonctions d'artisan, de petit commerçant, de négociant parfois. Leur maître leur permettait de gérer une entreprise, un atelier, une boutique, une banque, un bureau de prêt d'argent — entreprises en général de petite taille, mais qui pouvaient rapporter gros, et dont le profit, d'une façon ou d'une autre, était partagé entre le maître et l'esclave : souvent, quand l'esclave achetait sa liberté, c'était avec ces profits réalisés dans son entreprise, et une partie des bénéfices revenait ainsi au maître. Cependant, l'esclave une fois libéré devait subvenir à ses besoins, ainsi qu'à ceux de ses enfants et de sa femme. L'affranchissement supposait donc une transaction, dont les détails nous sont malheureusement presque totalement inconnus.

LE PÉCULE, UN PETIT CAPITAL REMIS PAR LE MAÎTRE

Pour ces esclaves gestionnaires, il existait en fait trois types de situation. Dans le premier cas, l'esclave avait une fonction de gestionnaire sous les ordres directs de son maître ; il assurait les paiements de ce dernier ou tenait sa caisse : il était dispensator , trésorier, ou arcarius , caissier, ou bien encore agissait à la place de son propriétaire dans les limites de la légalité. Ce qui lui permettait parfois de gagner de l'argent, car, parallèlement aux affaires de son maître, il pouvait aussi mener les siennes propres, et par exemple prêter de l'argent à intérêt.

Le deuxième cas est celui des esclaves préposés : une boutique ou un atelier est exploité par le maître, mais par l'intermédiaire de l'esclave, qui a reçu des instructions sur les affaires qu'il doit mener. Si le maître possédait une boutique de banque modeste banque de dépôt, qui n'a rien à voir avec nos grands établissements de crédit, il la confiait à l'un de ses esclaves, qui devait lui rendre des comptes. Un contrat précisait, pour chaque cas particulier, les termes de cette « préposition » ce que l'esclave était autorisé à faire par son maître, et le maître était responsable des agissements de l'esclave dans la limite de la préposition qu'il avait conclue avec lui.

Le texte de la préposition devait être affiché de façon visible dans la boutique ou dans l'atelier, et les clients avaient intérêt à le lire, car, s'ils concluaient avec l'esclave des affaires qui n'étaient pas incluses dans ces dispositions, ils risquaient d'y perdre de l'argent.

Le troisième cas était celui du pécule. Beaucoup d'esclaves travaillant dans le commerce, la fabrication ou la finance recevaient de leur maître un petit capital, le pécule, qui, dans une certaine mesure, leur appartenait en propre : ils n'en étaient pas juridiquement propriétaires, puisqu'ils étaient eux-mêmes propriété de leur maître. Mais on reconnaissait malgré tout une spécificité à ces biens à eux confiés. Si les esclaves faisaient faillite, le maître était responsable jusqu'à concurrence du montant du pécule. Au cas où l'esclave faisait des dettes, il n'avait à rembourser qu'un total inférieur ou égal à la valeur du pécule.

Quant à l'autonomie quotidienne et concrète dont jouissaient ces esclaves managers, elle était souvent très grande, surtout s'ils possédaient un pécule. Dans plusieurs exemples que nous connaissons ou dont parlent les textes juridiques, nous voyons que le maître n'était au courant ni du détail des affaires menées par l'esclave, ni même de la santé de son entreprise. Ainsi, l'esclave et futur pape Calliste, qui exploitait une petite banque à Rome vers la fin du IIe siècle, fit faillite sans que son maître Carpophore ait été mis au courant de ses difficultés financières.

CHÂTIMENTS CORPORELS, TORTURES ET ABUS SEXUELS

Cela posé, et étant donné le peu que nous savons des réalités auxquelles étaient confrontés les esclaves prolétaires comme gestionnaires, que pouvons-nous dire de leur état ? Nous risquons sans cesse de le concevoir de façon à la fois trop douce et trop rigoureuse. Trop douce surtout. Car nous oublions volontiers, par exemple, que les châtiments corporels étaient légalement réservés aux esclaves, ou qu'un esclave était systématiquement torturé à chaque fois qu'on l'interrogeait dans le cas d'une enquête policière. Nous négligeons aussi le fait que les esclaves des deux sexes étaient, communément et de l'aveu de tous, les jouets sexuels de leurs maîtres.

Cependant, nous ne parvenons pas à nous rendre compte que, depuis toujours, les Romains possédaient une conscience très claire de l'humanité de l'esclave. Celui-ci, certes, était une chose faisant partie du patrimoine de son maître, mais on savait très bien, en même temps, que c'était un homme ou une femme. Cette conscience ne pouvait pas ne pas avoir quelques conséquences, au moins culturelles.

D'autre part, dans le monde romain, ou du moins dans les régions où les esclaves étaient les plus nombreux, des esclaves travaillaient dans tous les secteurs de l'économie et dans tous les types d'activités. Presque toujours, ils étaient subordonnés aux hommes libres, remplissaient les fonctions d'exécutants, étaient chargés des tâches les plus ingrates. Il n'était pas rare toutefois que travail libre et travail servile coexistent dans le même secteur. Ce sont uniquement les proportions qui changeaient, en fonction du temps et du lieu. Ainsi, du IIe siècle avant J.-C. au IIe siècle ap. J.-C., les ouvriers agricoles d'Italie centrale et méridionale étaient très souvent des esclaves, comme nous l'avons dit. Au contraire, en Égypte, à toutes les époques, la plupart de ces ouvriers étaient des salariés, libres du point de vue de leur statut juridique. Les ouvriers produisant la céramique arétine étaient presque tous des esclaves ; mais il n'en était pas de même pour les céramiques du sud et du centre de la Gaule.

Si les esclaves prolétaires et managers sont difficiles à appréhender et à comptabiliser, cela est encore plus vrai pour d'autres catégories d'esclaves de la société romaine.

Pour commencer, les domestiques. Dans toute l'histoire, la fonction de domestique est celle que les esclaves remplissent le plus couramment et le plus constamment. A cet égard, l'Antiquité gréco-romaine ne fait pas exception. Dans l'ensemble des régions de l'empire, les très grandes familles possédaient des dizaines, voire des centaines de domestiques. Dans la seule ville de Rome, ceux-ci se comptaient au moins par dizaines de milliers.

Il était très rare qu'un ou une domestique fût de naissance libre. Il s'agissait soit d'esclaves, soit d'affranchis, hommes ou femmes. Par le tombeau collectif réservé aux domestiques de la maison de Livie, l'épouse d'Auguste, qui mourut elle-même en 29, nous voyons que sa domesticité se composait, pour plus de la moitié, d'esclaves et, pour le reste, d'affranchis. En 61 ap. J.-C., un des grands personnages du Sénat, le préfet de la Ville Pedanius Secundus, fut assassiné dans sa chambre à coucher par l'un de ses esclaves. On nous dit qu'à ce moment-là 400 vivaient sous son toit.

Dans les demeures aristocratiques, la spécialisation des fonctions était très poussée. Un intendant surveillait le nettoyage et l'entretien, et comptait sous ses ordres des esclaves spéciaux pour les divers appartements et la réception des hôtes. D'autres esclaves étaient chargés de veiller sur le mobilier, les meubles, les tapis, la batterie de cuisine, la vaisselle à boire et à manger, les provisions, les collections d'art, la garde-robe... D'autres encore étaient valets de chambre.

Quand le maître était invité à dîner à l'extérieur, il gardait auprès de lui, pendant le repas, un esclave qui restait debout au pied de son lit. Au retour, d'autres étaient chargés de le reconduire, et, la nuit, il fallait aussi des porteurs de torches et de lanternes. Pour se déplacer en litière, six à huit esclaves étaient nécessaires, des hommes vigoureux, souvent des Syriens ou des Cappadociens, vêtus d'une somptueuse livrée. Et comme, dans certaines maisons, chaque membre de la famille avait sa litière personnelle, le nombre de ces « lecticaires » était parfois si élevé qu'on leur préposait un chef.

ANTONIUS MUSA, AFFRANCHI ET MÉDECIN D'AUGUSTE

Évidemment, les Romains qui pouvaient profiter d'une telle domesticité n'étaient qu'une petite minorité. Bien des citoyens modestes possédaient toutefois des serviteurs esclaves, ne serait-ce qu'un ou deux. Sur beaucoup de stèles funéraires, la défunte ou le défunt est représentée accompagnée d'un serviteur ou d'une servante — le plus souvent, la servante assiste la femme à sa toilette.

Certains esclaves étaient la propriété personnelle de l'empereur. Du fait de la personnalité de leur maître, ils bénéficiaient souvent d'une situation privilégiée ils jouissaient ainsi parfois d'un certain prestige par rapport aux autres esclaves, tout en déployant eux aussi des activités très diverses, certains dans les propriétés foncières de l'empereur, ou dans ses mines, d'autres dans l'administration. Une bonne partie des « fonctionnaires » étaient alors, en effet, des esclaves. C'était par exemple le cas des employés des « bureaux palatins », qui correspondaient en gros à nos ministères.

Dans le palais de l'empereur, sur le Palatin, à Rome, Auguste, au tout début de notre ère, et ses successeurs, surtout Claude et Néron, ont mis en place une hiérarchie d'employés, en les recrutant parmi les esclaves et affranchis de leur maison. Ces bureaux impériaux étaient divisés en services, l'un chargé de la correspondance avec les administrateurs, par exemple les gouverneurs des provinces, un autre de recevoir et d'examiner les requêtes venues des sujets de Rome, les provinciaux, à titre individuel ou collectif, un autre de la gestion des finances... Les esclaves occupaient les fonctions de secrétaire, de traducteur du grec en latin, ou du latin en grec et de comptable. Les postes de responsabilité étaient tenus par des affranchis, certains devenus très puissants. Un affranchi de Claude se maria plusieurs fois richement, et la troisième fois avec une princesse juive de la famille d'Hérode ! Les sénateurs romains, souvent issus de vieilles familles, voyaient d'un très mauvais oeil ces réussites individuelles.

Dernière catégorie : ce que nous appelons les professions libérales, ainsi que les activités intellectuelles. Il y avait par exemple beaucoup d'esclaves parmi les médecins, qui remplissaient en même temps la fonction de pharmaciens : c'étaient eux, le plus souvent, qui préparaient les remèdes et les remettaient aux malades. Dans cette pratique, les Romains préféraient s'adresser à leurs esclaves ou anciens esclaves plutôt qu'aux étrangers, souvent grecs, qui exerçaient la même profession, et avaient mauvaise réputation. Caton le Censeur ne disait-il pas que les médecins grecs avaient fait serment d'assassiner les Romains ?

Lucius Domitius Ahenobarbus, un très important sénateur de l'époque des guerres civiles ier siècle av. J.-C., était soigné par l'un de ses affranchis. Antonius Musa, le célèbre médecin d'Auguste, était aussi un affranchi. Des tombes de proches de la famille impériale portent les noms d'autres esclaves médecins, par exemple Tyrannus, médecin de Livie. Au IIe siècle ap. J.-C., Apulée lui-même, qui pourtant n'était pas aussi riche, possédait, nous dit-il, « un esclave montrant en médecine une certaine compétence » .

Même chose pour les instituteurs et professeurs. Le maître élémentaire, ou litterator, était un esclave, qui instruisait à la maison les enfants du père de famille, ou bien parfois un affranchi ; certains enseignants affranchis tenaient école dans un lieu public, par exemple sous un préau ou un portique. Les enfants de Marcus Livius Salinator, consul à la fin du IIIe siècle av. J.-C., furent instruits par le poète Livius Andronicus, qui était son affranchi. Atticus, le beau-frère et ami de Cicéron, fit aussi instruire sa fille par l'un de ses affranchis.

Qui étaient les esclaves de l'Antiquité romaine ? Un groupe social nombreux, mais sûrement minoritaire, qui était employé dans tous les secteurs de la vie quotidienne. Un groupe social hétéroclite, fortement dominé, mais pas toujours pauvre, car la prospérité des esclaves dépendait de l'aisance du maître et de son bon vouloir. Un groupe mêlé à celui des hommes libres, dont il dépendait, et qu'il concurrençait, d'une certaine manière.

Rome était bien une société à esclaves. Pendant plusieurs siècles en effet des esclaves ont cultivé les terres des « villas » d'Italie, les plantations de l'époque antique. Mais ce n'est pas là la seule raison pour laquelle Rome était une société à esclaves. Elle l'était surtout parce que l'esclavage, comme institution, influait sur tous les aspects de la vie antique, économiques, juridiques ou sociaux.

e-Estonie, n° 1 du numérique
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Estonie, n° 1 du numérique
par Jean Pelletier

Nous sommes à un moment de notre histoire où tout nous questionne sur le développement (trop) rapide du numérique. Il se propage à toutes les couches de notre société. Beaucoup de dossiers restent encore en suspens. N’allons-nous pas trop vite ? Qu’en est-il de la protection et la sécurité de nos données ? Notre vie privée n’est-elle pas en train de nous échapper ? Que faire pour ceux que l’âge ou le handicap éloignent du numérique. Ne faudrait-il pas jeter un coup d’œil attentif à l’un de nos voisins, qualifié d’excellent élève du numérique ?

À l’heure de toutes ces interrogations, l’Estonie (qui n’a pris son indépendance qu’en 1991 et a adhéré à l’Union européenne en 2004) fait figure de modèle mondial en matière de numérique. Elle a été classée « société numérique la plus avancée au monde » par le magazine Wired (magazine américain spécialisé dans les nouvelles technologies). L’Estonie se révèle une précieuse source d’inspiration, particulièrement pour sa gouvernance au service des innovations.
Une société du tout numérique

Selon un autre magazine américain, Freedom House, en misant sur la citoyenneté numérique, l’entreprise virtuelle et l’éducation innovante, l’Estonie a acquis la réputation d’être un des pays les plus libres via son économie, sa presse et Internet. Certes, on peut toujours relativiser en disant qu’il s’agit d’un État minuscule de 1,3 million d’habitants. Mais sa réactivité à l’essor des technologies de l’information et l’arrivée d’Internet est extraordinaire. Le gouvernement estonien entreprend alors sa stratégie dite du « Bond du Tigre » au milieu des années 1990 en prenant appui sur un déploiement systématique des infrastructures informatiques. Le souvenir des années soviétiques empreintes de terribles lourdeurs administratives a été le catalyseur de ces réformes.

Très vite, le digital règne en maitre dans tout le pays et fait partie intégrante de sa population au quotidien dans tous les domaines publics comme privés. Qu’il s’agisse de payer ses impôts, de créer son entreprise, d’aller chercher ses médicaments, d’assurer le suivi scolaire de ses enfants… Les différents gouvernements qui se sont succédé ont vite compris l’enjeu que représentait le tout numérique pour occuper une bonne place dans le concert de nations. Le Premier ministre en estime l’impact à l’équivalent d’une économie de 2 % de PIB par an. La digitalisation de l’ensemble de l’administration correspond à une économie de papier, que nous pouvons envier, correspondant à la hauteur de plusieurs tours Eiffel.

La carte d’identité numérique a été adoptée par 98 % des Estoniens (2001). Elle est le sésame pour toutes les actions qu’ils souhaitent entreprendre :

voter en ligne, bien sûr (2005) ;
accéder aux transports en commun ;
payer leurs impôts ;
communiquer avec les écoles de leurs enfants ;
demander une subvention ;
gérer leur santé (ordonnances médicales dématérialisées) ;
1500 services sont en ligne.

Résultat garanti : moins de paperasseries, moins de bureaucratie, gain de temps.

En termes de participation des citoyens à l’action du gouvernement, il est un autre exemple : Rahvaalgatus.ee, le portail estonien d’initiative citoyenne lancé en 2016. Le peuple a ainsi la possibilité d’exprimer des propositions collectives et surtout de les soumettre au parlement… Sur une quinzaine de propositions de lois adressées par ce canal, trois ont été votées par le parlement.
Le numérique, booster de l’économie

e-Estonie, n° 1 du numérique 2Mais l’Estonie est allée encore plus loin, en créant le statut d’e-résidents (33 000 personnes) en 2014. Celui-ci est accessible à tous les étrangers. De l’autre bout de la planète, vous pouvez tranquillement créer votre propre entreprise en Estonie, la gérer et bien sûr de bénéficier de la fiscalité avantageuse du pays. Plusieurs milliers d’entreprises ont vu le jour en quelques années. Le Brexit a précipité ainsi plusieurs milliers d’entreprises britanniques vers cette solution pour rester dans le marché européen (howtostayin.eu).

Cet environnement particulièrement facilitant aux entreprises numériques hisse l’Estonie au rang de nation possédant le plus grand nombre de startups rapporté à sa population.

L’économie estonienne compte à ce jour pas moins de 8 licornes :

Skype (2005)
Taxify Bolt (2018)
Playtech (2007)
TransferWise (2015)
Pipedrive (2020)
Zego (2021)
Veriff

Enfin, la mise en œuvre du programme e-Estonia, soit une simplification réelle des démarches administratives, place l’Estonie au rang de la société digitale la plus progressive au monde.

« La petite république » qui a intégré en 2004 l’Union européenne peut s’enorgueillir d’une croissance des plus rapide de la communauté.

Du coup, ses habitants bénéficient d’une couverture de soins universelle, d’une éducation gratuite et réputée. Dans le domaine culturel, elle n’a rien à envier à la France, elle a de nombreux musées, médiathèques, théâtres. Elle a le plus grand répertoire de chansons par habitant au monde.

Elle est réputée pour son affirmation des libertés civiles, de la liberté de sa presse (selon RSF, elle est classée quatorzième dans le monde en 2020) et d’une école citoyenne classée parmi les premières d’Europe.

Tartu – capitale culturelle et intellectuelle de l’Estonie – La fontaine des amoureux

Forte de ses acquis, l’Estonie exporte son modèle dans de nombreux pays africains. C’est un continent en pleine croissance. Les dirigeants africains ont compris que le numérique était un point d’appui efficace pour leur économie, créateur d’emploi, en particulier pour la jeunesse.

L’Estonie occupait il y a une quinzaine d’années la même situation. Sa réussite exemplaire est donc un parfait sésame pour ouvrir les portes du marché africain.

La cybersécurité est de fait au centre des préoccupations des dirigeants estoniens. Ce petit pays, il y a peu encore sous influence soviétique, a connu en 2007 une cyberattaque massive qui a perturbé pendant plusieurs semaines le fonctionnement de toutes les institutions : banques, médias, administrations…

Rejoignant les préoccupations de l’OTAN en la matière, cette dernière a ouvert son centre de cybersécurité en Estonie. Le gouvernement estonien, aux fins d’éviter toutes mêmes mésaventures d’attaques par des cyberterroristes, a mis en place au Luxembourg l’équivalent d’une e-ambassade. C’est-à-dire un datacenter qui stocke la totalité des données du pays (documents d’identité, législation, impôts, retraites…). Cet ensemble bénéficie du coup des mêmes principes d’extraterritorialité qu’une ambassade classique.

Ce sujet est d’actualité, car si une invasion terrestre survenait en Estonie, un gouvernement en exil pourrait poursuivre sa gouvernance grâce à ce formidable Back-up.
Hack the crisis
Estonie

Les Estoniens encore à la pointe de la lutte pour la démocratie (Photo prise à Tallinn en juillet 2015)

Face à la pandémie actuelle, c’est encore une fois en prenant appui sur ses ressources numériques que le gouvernement estonien a fait face. Au plus haut de la crise, ce dernier lance l’idée d’un hackathon, « Hack the crisis », qui se déroulera en ligne.

Prenant appui sur la plateforme d’innovation créée par le ministère des Affaires économiques, Accelerate Estonia, et une startup spécialisée dans l’organisation d’hackathons, Garage48, l’opération est lancée.

Chaque participant est incité à mettre en avant une idée permettant de répondre aux enjeux sanitaires que pose l’épidémie et de la partager ainsi avec la communauté.

C’est un jury d’experts, privés et publics, qui choisit parmi les meilleures idées cinq lauréats. Ceux-ci sont dotés de 5 000 euros pour amorcer la réalisation de leur projet.

Dans la foulée de l’évènement, des fonds d’investissements viennent soutenir l’opération, en abondant certains des projets retenus.

1000 participants s’inscrivent en 48 heures, qui déboucheront sur une trentaine de projets.

Au final ce sont quatre de ces initiatives proposées au concours qui ont été mises en œuvre en Estonie.

Citons l’exemple de Zelos, qui a créé une plateforme intitulée Covid-help, elle met en contact les personnes âgées qui ont besoin d’une aide particulière avec un ou une volontaire. Ainsi, le système gère l’inventaire des demandes exprimées en ligne et planifie le travail des volontaires. Ce sont plus de 2000 volontaires qui se sont inscrits.

On peut ainsi explorer à l’infini la richesse et le potentiel d’innovation technologique que ce petit pays a su mettre en mouvement.

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L'insuffisance professionnelle, les 4 règles à savoir. Par Mathieu Lajoinie, Avocat.
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L’insuffisance professionnelle, les 4 règles à savoir.

L’insuffisance professionnelle se définit comme l’incapacité objective et durable d’un salarié à exécuter de façon satisfaisante un emploi correspondant à sa qualification. Elle se caractérise par une mauvaise qualité du travail due soit à une incompétence professionnelle, soit à une inadaptation à l’emploi. Elle ne se confond pas nécessairement avec une insuffisance de résultats, et doit être distinguée de la faute professionnelle justifiant un licenciement disciplinaire.
  1. L’insuffisance professionnelle n’est jamais fautive.

Par définition, seul un comportement volontaire du salarié est susceptible d’être qualifié de faute. L’insuffisance professionnelle résulte, elle, d’un comportement involontaire du salarié. Par conséquent, elle ne peut justifier un licenciement disciplinaire.

Si l’employeur choisit néanmoins cette voie, en l’absence de fait caractérisant ne serait-ce qu’une faute ordinaire, le licenciement se trouve nécessairement dépourvu de cause réelle et sérieuse, peu important la cause de l’insuffisance qu’il avance.

Rappelons toutefois que l’employeur est en droit de reprocher au salarié à la fois son insuffisance professionnelle et un motif disciplinaire.

Par ailleurs, si l’insuffisance professionnelle ne revêt pas, en principe, un caractère fautif, la jurisprudence admet qu’il en va différemment lorsque cette insuffisance résulte d’une abstention volontaire ou d’une mauvaise volonté délibérée du salarié. En effet, dans ce cas-là, l’employeur aura la possibilité de prononcer un licenciement pour faute à l’encontre du salarié, ce dernier ayant fait preuve d’une négligence fautive (Cass. soc. 23-6-2010 n° 09-40.073).

Si le principe édicté par la jurisprudence semble clair, la réalité ne l’est pas toujours et il n’est pas toujours aisé de distinguer la frontière entre l’insuffisance professionnelle et la négligence fautive, entre l’erreur révélatrice de l’incompétence du salarié et celle caractérisant un manquement fautif de sa part.

  1. L’insuffisance professionnelle n’est pas forcément une insuffisance de résultat.

L’insuffisance professionnelle d’un salarié peut se traduire par un manque de résultats, en particulier lorsque l’intéressé a convenu avec l’employeur d’objectifs chiffrés.

Toutefois, l’insuffisance professionnelle et l’insuffisance de résultats ne recoupent pas nécessairement les mêmes réalités. Il peut y avoir insuffisance professionnelle si le salarié n’exerce pas ses fonctions de manière satisfaisante, sans que cette carence ne se traduise nécessairement par de mauvais résultats.

De même, un salarié peut ne pas atteindre les objectifs quantitatifs ou qualitatifs fixés par l’employeur sans pour autant avoir manifesté une quelconque insuffisance dans ses fonctions.

La notion d’activité insuffisante ne se confond pas avec l’insuffisance des résultats qui peut exister même lorsque le salarié manifeste une activité professionnelle conforme à celle imposée par l’employeur.

  1. L’insuffisance professionnelle doit reposer sur des critères objectifs.

L’appréciation de l’insuffisance professionnelle d’un salarié relève en principe du seul pouvoir de direction de l’employeur. Mais ce dernier doit, en tout état de cause, invoquer des faits objectifs, précis et vérifiables, imputables au salarié pour justifier le licenciement.

Le juge va vérifier que l’évaluation faite par l’employeur s’inscrit dans une gestion du personnel cohérente et que le salarié a montré des insuffisances dans un poste qui correspondait à ses qualifications.

Confronté à un problème d’insuffisance professionnelle, l’employeur n’a en principe pas d’obligation de proposer au salarié concerné un poste de travail plus adapté à ses capacités, alors même qu’il en aurait la possibilité compte tenu des postes disponibles dans l’entreprise.

Toutefois, certaines dispositions conventionnelles peuvent limiter le droit de résiliation unilatérale de l’employeur en lui imposant une obligation de reclassement interne comme préalable au licenciement.

  1. L’insuffisance professionnelle se qualifié au regard de l’obligation d’adaptation de chaque employeur.

Conformément à l’article L. 6321-1 du code du travail, l’employeur doit assurer l’adaptation de ses salariés à leur poste de travail et veiller au maintien de leur capacité à occuper un emploi compte tenu de l’évolution des technologies, des organisations et des emplois.

Il doit donc proposer à ses salariés les actions de formation nécessaires, à savoir une formation adéquate et un temps de formation correct leur laissant un laps de temps suffisant pour s’adapter à un nouveau matériel ou à de nouvelles fonctions.

Un employeur ne peut donc invoquer l’insuffisance professionnelle que si tous les moyens ont été donnés au salarié pour qu’il puisse faire ses preuves en temps et en formation.

Tel n’est pas le cas lorsque l’employeur n’a pas mis en place la formation spécifique et l’accompagnement suffisants qu’exigeait l’exécution de tâches nouvelles sur un nouveau logiciel (Cass. soc., 20 mai 2009, n° 07-42.945).

L'héritage des grandes invasions : quand les Romains ont tout changé - Le Parisien

L'héritage des grandes invasions : quand les Romains ont tout changé

L’héritage des grandes invasions 3/6 - « Nos ancêtres les Gaulois... », proclamaient autrefois les livres d'histoire. Sauf que d'autres peuples ont aussi participé à la fondation de ce qui sera plus tard la France. Comme les Romains.

En 51 avant J.-C., avec la reddition du dernier bastion gaulois d'Uxellodunum, un an après la défaite d'Alésia, la Gaule n'est plus indépendante mais gallo-romaine... Une invasion qui a complètement changé, voire éradiqué, le mode de vie de nos ancêtres. Tout commence en - 58 avec Jules César et la guerre des Gaules. Sept décennies après la première implantation romaine sur le territoire de l'actuelle France, du côté de Narbonne, le conquérant joue sur les rivalités entre les différentes tribus gauloises et soumet grâce à cette tactique l'ensemble de la Gaule en six ans.

« A cette époque, la Gaule est simplement une zone géographique divisée en trois parties n'ayant aucun rapport entre elles au niveau de la langue et de la culture. Une soixantaine de petits Etats constamment en guerre les uns contre les autres font des prisonniers, qu'ils vendent comme esclaves aux Romains », explique Jean-Paul Demoule, archéologue et professeur à l'université Paris-I.
La culture gauloise disparaît

En 52 avant J.-C., les Gaulois forment cependant une grande coalition regroupant la plupart des tribus dont Vercingétorix, originaire d'Avern (l'Auvergne actuelle), est désigné chef. Mais cela ne suffit pas : les Gaulois sont vaincus. « C'est une invasion très violente, poursuit le spécialiste. On compte au moins 500 000 Gaulois morts, sur une population estimée à 10 millions de personnes, plus 500 000 emmenés en esclavage à Rome. » En quelques générations, les Gaulois perdent complètement leur culture, leur langue, leur religion, dont il ne reste quasiment aucune trace.
Un peuple de conquérants

La Gaule reste romaine jusqu'aux invasions barbares. Pendant quatre cent soixante ans, les Romains ont parfaitement intégré le territoire et sa population dans leur empire. De nouvelles structures politiques et administratives sont apparues, les routes et les paysages redessinés, les villas — de grands domaines agricoles — ont poussé comme des champignons. Une véritable « romanisation » amplifiée par le fait que les Gaulois, à commencer par leurs élites, s'appliquent plus à imiter leurs vainqueurs qu'à conserver leurs traditions.

Les esclaves romains dans l’Antiquité | L'ABCDulatin

Les esclaves sont omniprésents dans la civilisation romaine antique. Heureusement qu’il y avait des Romains plus sympas que d’autres, mais leurs conditions de vie et de travail sont le plus souvent très difficiles.

3 types d’esclaves:

-Les esclaves sont souvent des prisonniers de guerres (il fallait bien défendre son pays! Au moins ils seront esclaves pour la bonne cause on va dire).

-Un enfant d’esclave est esclave dès la naissance. (C’est pas juste, il a rien demandé lui! )

-Un citoyen romain pouvait aussi être condamné à l’esclavage. Il n’a plus de droits de citoyen… Il devient esclave en gros.

Le statut de l’esclave:

Pour les Romains, l’esclave est une « chose », il est considéré comme un objet. Si deux esclaves veulent vivre en couple (oui, ils avaient quand même le droit!), il leur faut l’autorisation de leur maître (faut pas en demander trop non plus!).

L’esclave doit obéissance à son maître (c’est le principe d’un esclave), du coup le maître en profite, et il fait faire à l’esclave toutes les tâches les plus difficiles et les plus pénibles, et bien sûr, l’esclave n’est pas payé (oui, les Romains n’ont aucune pitié!), sauf les plus chanceux mais bien sûr, cela reste très rare! Si un esclave cause des problèmes à une personne libre, le maître peut livrer l’esclave à cette personne. Mais (parce qu’il y a un mais!), si une personne libre cause des problèmes à un esclave, le maître peut exiger réparation de cette personne (heureusement qu’il y a justice dans ce monde de brutes). Il ne faut pas se fier aux rumeurs car les maîtres peuvent aussi être punis pour violence ou cruauté envers leurs esclaves!

Les métiers des esclaves:

Les esclaves effectuaient différents travaux. -Les travaux les plus pénibles, c’est-à-dire le travail à la mine, les manœuvres, les travaux agricoles (ramassage des olives, mise en culture des champs…)… Ils y laissaient souvent leur vie.

-Les esclaves pouvaient aussi être des gladiateurs mais il y avait deux types de gladiateurs. Soit ils savaient se battre grâce à un passé militaire et ils étaient choisis (eh bien tant mieux pour eux!) ; soit, au contraire, c’étaient les victimes et ils étaient désignés. Évidemment, vous vous doutez bien que leur espérance de vie était très faible.

L’esclave de la famille: le famulus

Contrairement aux préjugés, chaque famille romaine possède au moins un esclave, qu’elle soit riche ou pauvre. Il y a plusieurs sortes d’esclaves dans la famille:

-La nourrice (nutrix) qui élève les enfants.

-La servante (ancilla). Elle est assez proche de ses maîtres et aide sa maîtresse à la toilette.

-Le valet (ministrus). Il est lui aussi proche de ses maîtres et aide son maître à revêtir sa toge. En fait c’est la servante pour les hommes.

-Les domestiques cuisinent, jardinent…

Sources: https://sites.google./sitcome/civilisationromaine/la-societe-romaine/l-esclavage

Esclavage dans la Rome antique — Wikipédia
Boulots de merde : « On revient à une économie de type féodale, une économie de la domesticité » - Basta!
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Produire ou servir plus, avec moins : c’est l’injonction faite à tous les travailleurs, des chaînes de montage automobiles aux couloirs des hôpitaux, en passant par les salles de classe ou les bureaux de poste. Une violence sociale féroce dans laquelle les journalistes Julien Brygo et Olivier Cyran ont plongé pour écrire leur ouvrage Boulots de merde.

Basta! : Le titre de votre livre, Boulots de merde, se réfère au texte de l’anthropologue David Graeber sur les « bullshit jobs » [1]. Il y décrit les métiers absurdes qu’induit le capitalisme financier, tels que ceux exercés par les avocats d’affaire, lesquels s’ennuient prodigieusement au travail. Mais pour vous, les bullshit jobs ne concernent pas que les cols blancs, loin s’en faut. Pourquoi ?

Julien Brygo et Olivier Cyran [2] : Nous avons été séduits par cette idée de David Graeber selon laquelle, dans le capitalisme financier, des millions d’individus sont employés à ne rien faire d’utile, comme effectivement les avocats d’affaire : ils sont bien payés et très reconnus socialement, mais ils s’ennuient tellement au travail qu’ils passent leur temps à télécharger des séries ou à réactualiser leur page Facebook. Ceci dit, il nous semble que les « vrais » boulots de merde, ce sont quand même plutôt ceux qui sont exercés en bas de l’échelle sociale dans les secteurs du nettoyage, de la restauration, de la livraison à domicile, de la distribution de prospectus publicitaires, etc. Bref : des métiers pénibles où l’on paie de sa personne, qui participent à la croissance du PIB et à la baisse des chiffres du chômage.

Nous pouvons y ajouter les boulots « utiles » comme les infirmières, les professeurs ou les facteurs, dont les conditions se sont tellement dégradées qu’ils deviennent vraiment « merdiques » eux aussi. Nous avons voulu incarner ces vies et tracer un lien avec les gestionnaires de patrimoine et autres héros financiers tels que les journalistes boursiers, qui exercent des métiers nuisibles socialement : les gestionnaires de patrimoine font partie des organisateurs de ce qui est appelé béatement « l’optimisation fiscale » et qui prive la collectivité des recettes de l’impôt.

« À la faveur de l’entassement des richesses dans les mains d’une élite de plus en plus dodue et capricieuse, le secteur des tâches domestiques où l’on s’abaisse devant son maître se répand », dites-vous. Pouvez-vous détailler ?

Entre 1995 et 2010, dans le monde, le nombre de travailleuses domestiques a grimpé de plus de 60 %. 52 millions de femmes exercent ces « métiers ». Cette hausse correspond à la montée des inégalités. On revient à une économie de type féodale, une économie de la domesticité dans laquelle les plus riches sous-traitent leur confort en employant une nounou, ou bien une, deux ou trois bonnes. Le tout avec le soutien de l’État puisque, par exemple, la gauche plurielle de Lionel Jospin a instauré en France le subventionnement de tous ces métiers via les crédits d’impôts.

Des métiers que l’on croyait disparus, parce que réservés à une époque de semi-esclavagisme, refont leur apparition, comme les cireurs de chaussures, parfois avec l’étiquette « économie sociale et solidaire ». Suite à un appel à projets lancé en 2012 dans le département des Hauts-de-Seine, sous l’égide de Jean Sarkozy, le réseau « les Cireurs » a ainsi obtenu 50 000 euros de subvention au titre de « l’aide à l’économie sociale et solidaire ». Fondé par une diplômée d’école de commerce, ce réseau réunit des individus qui, en contrepartie du droit d’usage de l’enseigne (censée appâter le chaland), acceptent d’être auto-entrepreneurs. Pas d’indemnités en cas d’arrêt maladie, aucun droit aux allocations chômage.

Au lieu d’un salaire, le cireur touche un cachet horaire sur lequel il doit payer lui même une taxe de 23 %. De son côté, la structure démarche des centres commerciaux pour leur vendre l’implantation de ses « artisans cireurs ». Les cireurs paient de leur poche le matériel et l’habillement. S’ils n’ont pas les moyens d’investir, ils peuvent obtenir un prêt accordé par l’association pour le droit à l’initiative économique à un taux d’intérêt compris entre 6 et 8 % ! Au final, la rémunération du cireur est maigre, sa précarité totale. Mais on nous vend un métier « renouvelé », avec des gens qui travaillent « pour eux », sous prétexte qu’ils ne sont pas salariés.

« Je ne gagne pas un Smic, ça c’est clair », dit un cireur de chaussures que vous citez. Mais les auto-entrepreneurs ne sont pas les seuls à travailler à bas coût. Vous expliquez que des millions de salariés travaillent bien en-deçà du Smic.

On entend partout que le Smic c’est « l’ennemi de l’emploi ». Mais le Smic n’existe plus depuis longtemps. Il existe de nombreuses manières de passer outre le salaire minimum. Par exemple, le CDI à temps partiel, avec la pré-quantification du temps de travail. C’est ce qui a été négocié par les géants de la distribution de prospectus publicitaires, Adrexo et Médiapost. Les salariés que nous avons rencontrés travaillent 30% de plus en moyenne que ce qui est indiqué sur leur contrat, et que ce qui leur est payé. Un couple de retraités touchait à peine trois euros de l’heure, soit deux fois et demi moins que le Smic ! La convention collective de la restauration est un autre moyen de faire travailler les gens gratuitement : les heures supplémentaires ne sont pas payées. Résultat ? Les salariés sont payés 24 heures, et en font 60. Le reste étant – parfois – payé au black. Dans les secteurs où la France est championne – le tourisme, la grande distribution, l’hôtellerie-restauration… –, il y a au moins deux millions d’emplois payés entre 25 et 80 % du Smic !

Il y a en fait une vraie fascination du patronat pour le travail gratuit, et les dirigeants politiques s’empressent de leur donner des outils juridiques qui légalisent cette gratuité : prenons le service civique payé deux fois moins qu’un Smic – et même seulement 1/10e du Smic pour l’employeur – ; ou encore le contrat de professionnalisation auquel recourt beaucoup la grande distribution : pour 150 heures de formation théorique – qui consiste en fait à remplir des rayons ou à faire du nettoyage – l’entreprise touche 2 250 euros par contrat. Le dispositif coûte des millions d’euros aux contribuables chaque année.

Y a-t-il là une spécificité française ?

La grande distribution, c’est une spécialité française. Et le secteur est friand de boulots dégradés. Le projet Europacity (immense centre commercial à proximité de Paris, ndlr), du groupe Mulliez et de sa filiale Immochan, c’est la promesse de 10 000 boulots de merde. Autre secteur passionné par cette économie du « larbinat » : le tourisme. Dans les Alpes, des vallées entières sont de véritables réservoirs à larbinat : tout le monde travaille pour les quelques privilégiés qui peuvent se payer des sports d’hiver. Il y a des contrats prévus pour les CDI à temps partiels, les intermittents, les apprentis, les stagiaires, etc. Précisons que la France est aussi championne du monde des anti-dépresseurs et des médicaments, notamment pour supporter tous ces travaux infernaux.

Le secteur privé n’est pas le seul à malmener les travailleurs. Les fonctionnaires sont eux aussi essorés par les « restructurations » de services et les suppressions de postes en pagaille. Que vous-ont raconté les fonctionnaires que vous avez rencontrés ?

L’obsession pour la réduction des effectifs est un drame. Tout le monde semble s’accorder pour dire qu’il est important de réduire le chômage. C’est constamment dans la bouche des responsables politiques. Mais la phrase d’après, c’est : « Je m’engage à virer 500 000 fonctionnaires ». Parce qu’ils n’arrivent pas à se figurer que des métiers qui ne dégagent pas de marge financière puissent néanmoins être utiles. Tout doit être « rentable ». Nous payons des années de convergence idéologique entre les élites politiques et les détenteurs du capital. Les gens chargés de « réorganiser » drastiquement le CHU de Toulouse, où nous avons fait un reportage, sortent d’écoles de commerce. Ils ont officié chez Carrefour, Pimkie et Danone. Ils se retrouvent à gérer sur ordinateur de l’humain, alors qu’ils ne connaissent que les chiffres.

Les aides soignantes et les infirmières sont censées remplir des chiffres bêtement sans se poser de questions. Elles doivent soigner tant de malades en une journée, peu importent les spécificités des personnes malades ou les imprévus. Elles ont tant à faire en si peu de temps que leur travail est devenu impossible (Ndlr : lire notre article sur le sujet : Sauver des vies en temps de crise : le difficile quotidien des infirmiers). En fin de journée, elles sont épuisées et complètement stressées parce qu’elles ne savent plus si elles ont posé correctement telle perfusion, donné tel médicament à la bonne personne au bon moment...

Tous les services publics sont touchés par cette recherche de rentabilité. Les facteurs se sont ainsi transformés en vendeurs de systèmes de télésurveillance, ou en promeneurs de chiens. L’objectif est de soutirer de l’argent à cette importante manne financière que sont les vieux en France. Cela porte évidemment atteinte à la dignité des facteurs, qui ont toujours aidé les plus anciens au cours de leurs tournées, mais gratuitement ! Les policiers de leur côté sont devenus des machines à gazer des manifestants ou des réfugiés. Certains en ressentent un certain malaise. Être obligé de reconduire tant de migrants à la frontière chaque année, cela n’est pas sans conséquences mentales sur les personnes.

Vous expliquez que tous ces « remaniements » de services publics sont inspirés du « lean management », une méthode élaborée dans les années 1950 au Japon par les ingénieurs de Toyota, et revue par le très libéral Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux États-Unis au début des années 1990. Comment cela se traduit-il dans le monde du travail ?

Le « lean management » est devenu la marotte des directions de ressources humaines, et s’immisce et se propage dans tous les secteurs du monde du travail : dans les multinationales ou les services publics, chez les gros industriels et les sous-traitants. Il consiste à imposer aux salariés de faire plus avec moins, en s’attaquant notamment à tous les temps morts : les pauses jugées superflues, les respirations qualifiées d’improductives, toutes les minutes qui ne sont pas « rentables ». Dans nos reportages, tout montre que les travailleurs n’arrivent pas à faire face à cette intensification du travail. Ce qu’on leur impose en terme de rythme et d’objectifs n’a plus de sens. Nous nous dirigeons vers un état de souffrance au travail généralisée. Il y a des vagues de suicides partout. Et on parle là des secteurs de la santé ou de l’éducation : ce sont des secteurs fondamentaux de notre vie sociale.

Tout cela ne se fait-il pas avec le prétendu assentiment des salariés, que l’on somme de participer au changement organisationnel ?

Si. C’est toute la perfidie du « lean management ». On donne aux salariés l’illusion qu’ils peuvent changer le système ; en fait on les oblige à accepter de se faire humilier. C’est le principe de la bonne idée rémunérée chez PSA : 300 euros pour l’idée simple, 500 euros pour la super idée, 1 000 euros pour l’excellente idée. On fait croire aux salariés qu’ils sont d’accord et qu’ils valident le système. Alors que c’est faux, bien entendu. Neuf salariés sur dix pensent qu’ils ont besoin de plus de collègues, et de plus de temps pour pouvoir bien faire les choses. Un infirmer de Toulouse nous a expliqué qu’il a besoin de moins de produits anesthésiants lorsqu’il prend le temps de parler avec ses patients avant de les endormir. Mais ce n’est pas du tout intégré par la nouvelle organisation. Il doit faire vite, endormir tant de patients en une journée, peu importe si pour cela il doit consommer plus de produits. Toute cette organisation du travail a des effets criminels : il y a eu quatre suicides cet été à l’hôpital de Toulouse.

En France, la « loi travail », qui a fait l’objet d’une intense mobilisation durant l’année 2016, a-t-elle pour conséquence d’entériner ces méthodes ?

Avec cette loi, qui vise à faire passer le code du travail au second plan, on s’éloigne encore davantage du principe « une heure travaillée = une heure payée ». Elle est taillée sur mesure pour les entreprises qui veulent en finir avec le salariat. L’article 27 bis précise par exemple qu’il n’y a pas de lien de subordination entre les plate-formes de mise en relation par voie électronique comme Uber et les auto-entrepreneurs qui travaillent pour elles. C’est ce lien qui définit le salariat et permet entre autres aux travailleurs d’aller aux Prud’hommes faire valoir leurs droits. On désarme complètement les travailleurs, alors qu’ils subissent un vrai lien de subordination – ce sont les plate-formes qui leur donnent du travail, évaluent les travailleurs et les sanctionnent – sans les compensations garanties par le statut salarié.

Un livreur à vélo pour une « appli » de repas à domicile le souligne dans notre livre : « Pour arriver à un salaire intéressant, il faut travailler une soixantaine d’heures par semaine. Sur ce revenu, il faut payer environ 23% d’impôts au titre de l’auto-entrepreneuriat. L’arnaque totale. T’es taxé alors que eux, tes patrons, ils ne paient aucune cotisation sociale. » Les livreurs sont incités à aller très vite, quitte à frôler les accidents, étant donné qu’ils sont payés à la course. Et celui qui tombe de son vélo, il se fait non pas virer, mais « éliminer ». Il « quitte le jeu », en quelque sorte. Il ne touche plus aucun salaire, ni aucune indemnité. C’est un système d’une violence incroyable, qui se fait passer pour cool, jeune et dynamique. Les livreurs n’ont pas le droit au scooter, ils ne doivent rouler qu’à vélo – qu’ils doivent se procurer eux-mêmes – parce que cela donne une image écolo à l’entreprise...

Vous reprochez aux médias leur complicité avec ces conceptions très libérales du travail...

Les médias jouent un rôle central dans la diffusion de cette idée sous-jacente que la précarisation est nécessaire. Il faut travailler pour avoir une existence sociale quels que soient l’emploi et les conditions de travail. Le fait de donner chaque mois les chiffres du chômage nous plonge dans une vision statisticienne du monde, avec cet objectif de faire baisser le chômage quoi qu’il en coûte. Les journalistes relaient avec beaucoup de zèle cette idée selon laquelle « mieux vaut un mauvais travail que pas de travail du tout ». Cela devient légitime d’accepter un boulot de merde simplement parce qu’il est proposé. Évidemment, pour rien au monde les journalistes ne feraient ces boulots de merde. Nous avons là une vision de classe.

Les médias jouent aussi beaucoup avec la culpabilisation du chômage, en répétant sans cesse à quel point c’est honteux de ne pas travailler, et en enchaînant les « Une » sur les avantages de l’auto-entreprenariat. Nous sommes étonnés de constater, même autour de nous, à quel point les gens ont honte de dire qu’ils touchent des prestations sociales. Alors que cet argent, les gens l’ont cotisé, via leurs boulots antérieurs. Ce sont des garde-fous qui ont été mis en place pour éviter que des gens ne tombent dans la misère totale.

Les médias sont par ailleurs très sévères quand ils décrivent les luttes sociales, comparant volontiers les grévistes avec des preneurs d’otages, ou les manifestants avec des casseurs. Entre ces jugements très négatifs et la répression qui va grandissante, les luttes collectives peuvent-elles se faire une place, et redonner du sens au travail ?

Il nous semble que le patronat va tout faire pour imposer l’idée selon laquelle il faut qu’on accepte cette société de mini-jobs, sans salaire minimum, avec des contrats « modernes », c’est-à-dire au rabais, davantage proche de l’auto-entrepreunariat que du salariat avec ses « acquis » sociaux qu’ils jugent « insupportables ». Au niveau juridique et législatif, tout est bouché. L’inspection du travail est attaquée de front. Les procédures prud’hommales engendrent parfois plus de cinq ans d’attente – et de paperasse – pour obtenir réparation et se faire rembourser l’argent volé. C’est un combat très inégal.

La criminalisation des mouvement sociaux et la répression des luttes collectives répondent à l’obsession politique clairement formulée qui vise à désarmer la CGT : ils veulent empêcher les travailleurs de reprendre le contrôle de leur travail et d’exercer leur capacité de nuisance sociale afin d’inverser un rapport de force. Cela indique que le patronat et ses relais politiques sont prêts à un affrontement, qu’ils exigent même la violence de cet affrontement.

Ils veulent faire sauter les derniers verrous, ils veulent une société sans filets, où quelques privilégiés auront accès à des métiers survalorisés socialement et correspondant même à des compétences, tandis qu’en bas, ils poseront les jalons d’une société de logisticiens du dernier mètre payés à la tâche, esclaves des machines et de l’auto-exploitation auquel le capitalisme les auront assignés presque naturellement. Et lorsque le logisticien sera remplacé, il pourra toujours louer sa maison, sa guitare, sa voiture, pourquoi pas vendre père et mère, pour ne pas sombrer dans la misère ni « vivre avec la honte » d’être un « assisté ». On va sans doute aller vers une radicalisation des mouvements sociaux. Avec une grande répression derrière. C’est la seule possibilité pour le libéralisme économique de continuer à structurer nos vies : par la force.

Propos recueillis par Nolwenn Weiler

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PAL : Quelle version de Windows détestez-vous le plus ?
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Microsoft l’affirme : son Windows 7 est pourri ! – LINUX ♥ ROUEN ♥ Normandie | Libriste ♥ seinomarin (76)
  1. Selon le directeur mondial du marketing de Microsoft
    « Continuer à utiliser Windows 7 serait potentiellement dangereux pour la santé de votre ordinateur et celle de ses utilisateurs qui ne comprennent vraiment rien à rien ! »
    Rien que ça et c’est un dirigeant de Microsoft qui le dit !

Il n’y a même plus besoin de dire du mal et de descendre Windows 7, c’est son géniteur qui se colle à la tâche et il le fait bien, haut et fort. Est-ce pour protéger les intérêts des utilisateurs de cette version de Windows ? Ou plutôt pour essayer à tout prix de les convaincre avec des arguments fallacieux de migrer coûte que coûte vers son dernier opus Windows 10, le bien nommé « Big Brother de la décennie » !
Selon Chris Caposella, le « Gugus » en chef de la mercatique chez Microsoft

MICROSOFT Windows 10 Big Brother : NEIN, danke ! (Animation GIF)

« Les utilisateurs de Windows 7 doivent désormais utiliser cette version « à leur propre risque et péril », alors que Windows 10 serait sûr. »

« Nous sommes inquiets quand les gens utilisent un système d’exploitation vieux de 10 ans et que la prochaine imprimante qu’ils achèteront ne fonctionnera pas. »

Le seul problème pour Microsoft avec les déclarations de son Chris Capossela : c’est qu’elles sont complètement foireuses ! Mais bon, ne gâchons pas notre rare plaisir à écouter et voir Microsoft se pisser dessus.

Depuis la sortie de son dernier OS Big Brother en juillet dernier, Microsoft met le paquet pour essayer de réduire le parc de Windows 7 et inciter les utilisateurs à migrer vers Windows 10 : il propose gratuitement son nouveau système d’exploitation et d’espionnage des masses, il fait afficher des popups incitatifs, il pré-installe en douce des fichiers sur vos PC, etc.

Les « propos inquiétants », mais savamment orchestrés, de Chris Capossela ne sont donc qu’une tentative de plus pour atteindre cet objectif de viol massif des utilisateurs de Windows 7. Quand Microsoft veut tuer l’un de ses chiens, il clame haut et fort qu’il a la gale ! Amour – haine et règlements de compte à Microsoft Corral…
Sources :

23/12/2015 @ Windows Weekly 445 : Microsoft Marketing Chief Chris Capossela
7/01/2016 @ Next Inpact : Windows 7, à utiliser « à vos risques et périls » selon Microsoft
7/01/2016 @ O1NET.com : Pour promouvoir Windows 10, Microsoft fait peur aux utilisateurs de Windows 7
8/01/2016 @ Numerama : Microsoft est « inquiet » pour ceux qui gardent Windows 7
7/01/2016 @ GinjFo : Windows 10, Microsoft sait qui, quoi, pourquoi et combien, la preuve
  1. Pensez positif ! Agissez libre !
    Quitte à changer de système d’exploitation : faites dans la liberté, l’efficacité, la modernité, le partage, la solidarité et le non-espionnage.
    Libérez-vous de vos chaînes et des logiciels propriétaires privateurs de libertés.
    Choisissez un système d’exploitation libre et performant qui vous respecte.
    Soyez fou, soyez critique, soyez écologique, soyez innovant, soyez libre.
    Pensez à votre famille, à son avenir ainsi qu’à celle de notre planète bleue.
Windows a influé de façon importante sur la compréhension de ce qu'est un ordinateur personnel (PC) et les statistiques laissent penser que ça devrait continuer
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«L’éducation occidentale est un péché» – Portail catholique suisse
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«L’éducation occidentale est un péché»

Nigeria: Des jeunes filles mineures sont enlevées et contraintes à se convertir à l’islam

Maiduguri, 23 juillet 2013 (Apic) La communauté chrétienne du nord du Nigeria est alarmée par un phénomène qui tend à se répandre : des jeunes filles mineures sont enlevées et contraintes à se convertir à l’islam. La secte islamiste Boko Haram serait mêlée à ces enlèvements, rapporte le 23 juillet 2013 l’agence missionnaire vaticane Fides. Boko Haram multiplie par ailleurs les attaques contre les écoles qui enseignent «l’éducation occidentale».

Des jeunes filles mineures sont enlevées et retenues dans les maisons d’émirs ou de responsables religieux radicaux, parfois liés au groupe Boko Haram, relate la Northern Christian Association of Nigeria (CAN), préoccupée par la croissance rapide de ce phénomène. L’association indique suivre cinq cas à la demande des familles des jeunes filles enlevées. Mais « lorsque l’on signale un cas de ce genre à la police, les agents répondent qu’ils ne peuvent rien y faire. Nous croyons parfois qu’ils sont complices » explique Daniel Babayi, secrétaire de la CAN.

Les chrétiens du nord du Nigeria sont victimes du groupe militant islamique Boko Haram, qui vise à instaurer un Etat islamique. Dans le cadre d’une campagne terroriste qui dure depuis des mois, de nombreuses églises ont été attaquées et des fidèles chrétiens tués. Selon un certain nombre des déclarations publiques, Boko Haram a affirmé que « enlever des femmes chrétiennes fait partie des nouveaux efforts visant à frapper les chrétiens et à les contraindre à quitter le nord ».
«L’éducation occidentale est péché»

Les écoles constituent l’un des objectifs primaires du groupe. Au début du mois de juillet, plus de 40 personnes, en majorité des élèves, ont été tuées dans le cadre d’une attaque perpétrée contre un collège dans l’Etat de Yobe. Lors d’une autre attaque récente, le dortoir d’un institut a été incendié alors que les enfants dormaient, ceux qui cherchaient à s’enfuir ayant été tués.

Boko Haram signifie «l’éducation occidentale est péché» et le responsable de la secte, Abubakar Shekau, a demandé publiquement à ce que les attaques contre les écoles «qui enseignent l’éducation occidentale» se multiplient. Afin de réagir à la guerre déclenchée par Boko Haram contre la nation, les Etats nigérians de Borno, Yobe et Adamawa, dans lesquels les militants représentent la menace la plus forte, se trouvent en état d’urgence depuis deux mois. (apic/fides/cw)
© Agence de presse internationale catholique (apic), 23.07.2013
Les droits de l’ensemble des textes sont déposés à l’agence apic-kipa, repris, à partir du 1er janvier 2015, par le Centre catholique des médias Cath-Info. Toute diffusion de texte est payante. L’enregistrement sur d’autres bases de données est interdit.

Appel à projets pour la végétalisation des cours de récréation | Enseignement - Bruxelles Environnement
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Des cours bétonnées qui deviennent de vrais fours quand le soleil pointe son nez, asphaltées et imperméables, pleines de flaques dès qu’il pleut, dans lesquelles les élèves n’ont pas l’occasion d’être en contact avec la nature…

C’est l’état de nombreuses cours d’école en Région bruxelloise. Pour y remédier, Bruxelles Environnement, en partenariat avec perspective.brussels, a lancé en mai 2021 l’Opération Ré-création, un appel à projets pour créer des espaces de jeu et de ressourcement végétalisés, mixtes et de qualité, tout en amenant de la nature rafraichissante dans le quartier.
Ambition de l’appel

L'objectif de l’Opération Ré-création, coordonnée par Bruxelles Environnement en partenariat avec perspective.brussels, est de créer des espaces récréatifs végétalisés, mieux partagés et ainsi plus agréables à vivre, pendant et en-dehors des heures scolaires.

Du point de vue environnemental, la végétalisation des cours d’école améliore la perméabilité des sols et la gestion de l’eau. Les ilots de fraicheur ainsi créés augmentent la résilience de Bruxelles face au changement climatique et rafraichiront les élèves ainsi que les riverains lors des canicules.

Les cours végétalisées renforcent aussi progressivement la biodiversité et le maillage vert du territoire régional, grâce à la création d’habitats semi-naturels pour les insectes et les oiseaux. Elles limitent également la propagation du bruit, un atout important pour leur convivialité.

Avec la nature apparaissent d’autres bénéfices et opportunités comme le bien-être des utilisateurs, l’apprentissage par le contact avec la nature, le développement d’espaces de jeux et de détente mixtes, et enfin, une opportunité d’accessibilité de ces espaces végétalisés aux habitants du quartier pour des activités en dehors des heures scolaires.

La nature constitue ainsi une solution climatique et un support d'apprentissage (gestion de l'eau, découverte de la production alimentaire (potager, verger), valorisation des ressources ( compost , récupération), etc.).
Sélection

L’appel lancé en mai 2021 s’est adressé aux écoles issues des réseaux officiels et subventionnés de l'enseignement, du niveau maternel, primaire et/ou secondaire, de tout type d’enseignement et régime linguistique, localisées dans :

les zones de carence en espaces verts,
la zone prioritaire de verdoiement du Plan Régional de Développement Durable
et/ou dans les zones contribuant aux ilots de chaleur urbain de la Région de Bruxelles-Capitale.

62 manifestations d’intérêts ont été reçues, un vrai succès ! Et surtout le signe qu'en plus de la nécessité de végétaliser les cours de récréation, les écoles bruxelloises sont prêtes à changer et à s'engager dans la transition climatique.

Discussion:Acte administratif unilatéral en France — Wikipédia

Un Acte administratif, quel qu'il soit, doit respecter la loi suivant la Hiérarchie des normes du droit français.

Or pour qu’une loi soit applicable, elle :

· votée par le Parlement,

· promulguée par le Roi conformément à l’Article 1er de votre Code civil de 1848, seul texte réglementaire pouvant être valable à ce jour et non "par le Roi (le Président de la République)." (Lire les explications ci-après). Un Roi n’est au aucun cas un (le Président de la République) et vice versa en véritable français.

· publiée au Journal Officiel de la République Française,

· arrivée en province pour être consultable.

                                                                                                                                                                                                             La cours de cassation (d'appel de nos jours) Deuxième chambre civile Formation de section 28 juin 2001 Arrêt n°1262 stipule que la loi est applicable le lendemain de leur arrivée dans le département.

Comme il y a le principe d'unicité de la loi, si le code n'est pas applicable en un seul lieu du territoire, il est inapplicable sur tout le territoire.

Vous ne pouvez ignorer que :

· la PREFECTURE DES PYRENEES-ATLANTIQUES a attesté le 27 novembre 2000 que : ...les dates d’enregistrement de l’arrivée des Journaux Officiels en Préfecture ne sont pas disponibles avant le 1er janvier 1994. » (voir l’attestation en pièce Annexe I.)

· Napoléon a créé le "CODE NAPOLÉON" Décrété le 5 Mars 1803 (Copie originale sur le site Gallica -B.N.F.i), promulgué le 15 du même mois, devenu le "Code civil des Français" en 1804 (Copie originale sur le site Gallica -B.N.F.ii)

· Depuis 1848, l’ensemble des lois et textes actuellement en vigueurs, le sont en totale violation de l’Article 1er de votre Code civil de Adrien CARPENTIER Professeur à la Faculté de droit et Avocat à la COUR D’APPEL DE PARIS qui était bien en vigueur en 1922 (Copie originale sur le site Gallica -B.N.F.iii) et jusqu’en 2004.

Ce 1er Article promulgué le 15 Mars 1803 stipulait que :

"Les lois sont exécutoires dans tout le territoire français, en vertu de la promulgation qui est faite par le PREMIER CONSUL."

Les termes "PREMIER CONSUL." furent remplacés par "Le Roi."par Louis XVIII par l’Ordonnance royale du 17 juillet 1816 (Bull. CI, n° 914).iv

Sous la IIe République du 25 février 1848, l’on conserva sans changement la formule « le Roi ». Faute de le faire, les LOIS républicaines de la Seconde République perdaient ipso facto leur base légalev,vi.

La mention : "(le Président de la République)." qui a été ajouté via l’Ordonnance n°2004-164 du 20 février 2004 - art. 1 () J.O.R.F. 21 février 2004 en vigueur le 1er juin 2004 par Jacques Chirac qui endossait le rôle de Président de la République, par Jean-Pierre Raffarin qui endossait le rôle de Premier ministre et par Dominique Perben qui endossait les rôles de garde des sceaux et ministre de la justice, en violation directe de ce même article car non promulgué par le Roi de France. Or, depuis la fin du règne de Louis-Philippe 1er, le vingt quatrième jour du deuxième mois de l’An de grâce mille huit cent quarante-huit, nous n’avons plus de roi et donc il n’existe plus aucun Royaume de France. Ce qui implique que toute loi n’ayant pas été promulguée par le Roi n’a strictement aucune valeur, ne peut pas être appliqué, est nulle et de nul effet. Et il en va de même bien évidemment pour la Constitution de la Ve république. Ce qui rend caduc l’ensemble des textes votés et validés par l’ensemble des présidents, ministres, parlementaires, sénateurs, députés et tout autre représentant présent et passé, quel qu’il soit, car les textes qu’ils ont faussement prétendu être des lois sont en réalité des textes législatifs et réglementaires, mais en aucun cas des lois.

Tous les présidents de la République, incluant Charles de Gaulle qui a mis en place de son propre chef la Ve République, qui n’a aucune existence légale, puisqu’il n’avait aucun pouvoir de la promulguervii,viii,ix,x, George Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron qui ont été Titré Chef de l'État qui ne sont rien d’autre que le gérant de la société fiduciaire nommée fiction REPUBLIQUE FRANCAISE PRESIDENCE. Ils n’ont donc jamais été Roi de France, seul et unique statut qui leur donnait le pouvoir de promulguer des lois qu’ils n’ont jamais eu autrement que par le D-O-L en invitant la population à aller aux urnes pour leur donner une fausse légitimité par la ruse et la tromperie.

Donc tout ce qu'il y a après le 25 février 1848 n'a pas de valeur juridique.

Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, c’est écrit noir sur blanc dans le Code Civil Dalloz.

Par conséquent, cela confirme que la France n’a plus de constitution ou plus précisément la constitution de la Ve république est caduque. Absolument, complètement et définitivement caduque !

Parce qu’elle n’a pas été promulguée par le roi, conformément à l’Article 1er du Code civil, explication en vidéo du lien URL :

https://www.youtube.com/watch?v=JC0KeE0oNx0&t=30s

Ce qui implique de fait que :

· Tous les tribunaux sont virtuels et qu’ils ne peuvent rendre aucun jugement.

· Aucun juge ne peut agir de quelque manière que ce soit, ce qui implique de fait une imposture de la fonction.

· Toutes les lois promulguées depuis la IIe république sont nulles et de nul effet.

· Toutes les élections sont nulles et de nul effet.

· Toutes les institutions de la république sont virtuelles et n’ont aucune existence propre légale ou légitime.

· Tous les présidents, tous les gouvernements, tous les sénateurs, tous les députés, le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel n’ont aucune existence légale.

· Aucune autorité publique ne peut avoir d’existence légale et par conséquent, il n’y a donc plus aucune autorité publique qui ne doive être, puisqu’il n’y a plus ou pas d’Etat.

Donc , de facto, cet Acte administratif unilatéral en France n'a aucune existence légale, ni légitime car cela viol le libre arbitre et le consentement qui doit être libre et éclairé. Tous ces Actes sont donc viciés par défaut.

i L’intégralité de la copie original est disponible sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France : https://gallica.bnf.fr/

ii L’intégralité de la copie original est disponible sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France : https://gallica.bnf.fr/

iii L’intégralité de la copie original est disponible sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France : https://gallica.bnf.fr/

iv Lien : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006089696/

v Lien : https://www.agoravox.fr/commentaire304754

vi Lien : https://www.youtube.com/watch?v=2ml5rnLh1Qw&t=341s

vii livre CECI N'EST PAS UNE VE RÉPUBLIQUE de Christophe Chabrot : https://613054fe-967a-445a-838b-e7dcd2b2f15f.usrfiles.com/ugd/613054_c859b2b67f0b41858534029594f53481.pdf

viii GPMF: Gouvernement Provisoire de la Monarchie Française : http://www.christ-roi.net/index.php/Conclusions#La_monarchie_ou_la_royaut.C3.A9_est_donc_toujours.2C_.C3.A0_la_date_de_l.E2.80.99appel_du_18_octobre_2001.2C_la_forme_l.C3.A9gale_des_institutions_de_la_France

ix lien : https://lys-noir.blogspot.com/2008/11/gouvernement-provisoire-de-la-monarchie.html

x livre 12 PREUVES QU’IL N’Y A PLUS RIEN DE LÉGAL DANS LA " RÉPUBLIQUE " de Philippe Fortabat Labatut Avocat - Docteur en droit Droit pénal – Droit des affaires – Droit des sociétés : https://urlz.fr/i47b

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Protection des données personnelles : quels sont vos droits ? | economie.gouv.fr
Les violations de données personnelles | CNIL

Tous les organismes qui traitent des données personnelles doivent mettre en place des mesures pour prévenir les violations de données et réagir de manière appropriée en cas d'incident. Les obligations prévues par le RGPD visent à éviter qu’une violation cause des dommages ou des préjudices aux organismes comme aux personnes concernées.

Les nouvelles obligations concernant les violations de données sont prévues par les articles 33 et 34 du RGPD. Elles précisent l’obligation générale de sécurité que doivent respecter les organismes qui traitent des données à caractère personnel.

Au titre de ce principe essentiel, ces organismes doivent mettre en place des mesures visant à :

prévenir toute violation de données
réagir de manière appropriée en cas de violation, c'est-à-dire mettre fin à la violation et minimiser ses effets.

Ces dispositions visent à préserver à la fois :

les responsables du traitement : afin de protéger leur patrimoine informationnel, en leur permettant notamment de sécuriser leurs données ;
les personnes affectées par la violation : afin d'éviter qu'elle ne leur cause des dommages ou préjudices, en leur permettant notamment de prendre les précautions qui s’imposent en cas d'incident. 

Il est dès lors recommandé que les organismes qui traitent des données personnelles (responsable du traitement ou sous-traitant) prévoient et mettent en place des procédures globales en matière de violation de données personnelles. Ces procédures doivent concerner l’ensemble du processus : la mise en place de mesures visant à détecter immédiatement une violation, à l’endiguer rapidement, à analyser les risques engendrés par l’incident et à déterminer s’il convient de notifier l’autorité de contrôle, voire les personnes concernées. Ces procédures participent ainsi à la documentation de la conformité au RGPD.
Qu’est-ce qu’une violation de données ?

L’article 4.12) du RGPD définit une violation de données à caractère personnel comme

une violation de la sécurité entraînant, de manière accidentelle ou illicite, la destruction, la perte, l'altération, la divulgation non autorisée de données à caractère personnel transmises, conservées ou traitées d'une autre manière, ou l'accès non autorisé à de telles données.

Il s’agit de tout incident de sécurité, d’origine malveillante ou non et se produisant de manière intentionnelle ou non, ayant comme conséquence de compromettre l’intégrité, la confidentialité ou la disponibilité de données personnelles.

Exemples :

suppression accidentelle de données médicales conservées par un établissement de santé et non sauvegardées par ailleurs ;
perte d’une clef USB non sécurisée contenant une copie de la base clients d’une société ;
introduction malveillante dans une base de données scolaires et modification des résultats obtenus par les élèves.

Les obligations des responsables du traitement concernant les violations de données personnelles, et notamment leur notification à la CNIL et aux personnes concernées, sont définies aux articles 33 et 34 du RGPD.
Qui est concerné ?

Tous les organismes, publics comme privés et quelle que soit leur taille, sont soumis à ces obligations dès lors qu’ils traitent des données personnelles et qu’ils ont connaissance d’une violation de données personnelles. Elles ne sont plus réservées, comme avant le RGPD, aux seuls fournisseurs de services de communication électronique.

Les sous-traitants, qui traitent des données personnelles pour le compte d’un organisme responsable du traitement, ont également des obligations en matière de violation : ils doivent en particulier alerter l’organisme de tout incident de sécurité dans les meilleurs délais afin qu’ils puissent remplir ses obligations.

«Les «bullshit jobs»  se sont multipliés de façon exponentielle ces dernières décennies» - Le Temps
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Propos recueillis par Marie Charrel (Le Monde)
Publié lundi 17 septembre 2018 à 11:47
Modifié lundi 17 septembre 2018 à 11:48

Pendant cette année des 20 ans, «Le Temps» met l’accent sur sept causes emblématiques. La cinquième porte sur «l’économie inclusive». Celle-ci vise à mieux tenir des enjeux écologiques, éthiques et égalitaires.

Nous cherchons des idées, des modèles et des personnalités qui, chacun à leur manière, développent une économie et une finance plus intelligentes, qui contribuent à mieux répartir ce qu'elles génèrent entre toutes les parties concernées.

En 2013, il publiait un article choc sur le sujet: d’innombrables salariés de la finance, du marketing ou du secteur de l’information sont aujourd’hui convaincus d’occuper des emplois inutiles, absurdes, voire nuisibles pour la société. Dans son truculent essai Bullshit Jobs («Boulots à la con»), paru le 5 septembre aux Editions Les liens qui libèrent, David Graeber, anthropologue et professeur influent de la London School of Economics, explore les racines de ce phénomène, dont les conséquences ne se limitent pas à la souffrance professionnelle. Car au-delà, explique-t-il, notre société entière échoue à utiliser le progrès technologique comme un outil de libération des individus.

Le Monde: Les emplois inutiles que vous décrivez n’ont-ils pas toujours existé?

David Graeber: Oui, mais ils se sont multipliés de façon exponentielle ces dernières décennies. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les salariés conscients de la faible utilité de leurs emplois, comme ceux rencontrés pour ce livre: le consultant, dont les rapports ne sont lus par personne, l’assistant brassant de l’air car son chef a besoin de justifier sa position hiérarchique, l’avocat d’affaires gagnant de l’argent uniquement grâce aux erreurs du système… Des millions de personnes souffrent aujourd’hui d’un terrible manque de sens, couplé à un sentiment d’inutilité sociale. Ce qui peut sembler paradoxal: en théorie, l’économie de marché, censée maximiser les profits et l’efficacité par le jeu de la concurrence, ne devrait pas permettre à ces jobs peu utiles d’exister.

Comment expliquer leur prolifération?

Par bien des aspects, le système où nous vivons relève moins du capitalisme que d’une forme de féodalité managériale. Depuis les «trente glorieuses», les salaires ont décroché par rapport aux profits. Ces derniers sont captés par le secteur financier, qui les redistribue à un petit nombre de personnes, comme au Moyen Age, par le biais d’un jeu de strates et de hiérarchies complexe. Dit autrement: la finance d’aujourd’hui contribue peu à la fabrication de biens et services – et donc de valeur. Une grande partie des profits des banques américaines provient ainsi des frais et pénalités infligés aux clients ne respectant pas leurs règles. Une bonne partie provient également de l’achat et vente de dettes contractées par d’autres.

Le problème se résume-t-il à la montée en puissance de la finance depuis quarante ans?

Pas seulement. Il y a un malentendu fondamental lorsque l’on décrit le passage de l’industrie aux services de nos sociétés durant le XXe siècle. La part des services traditionnels – restauration, coiffeurs… – est en effet restée stable au fil des décennies, autour de 20% de la main-d’œuvre. En revanche, celle liée aux emplois du secteur de l’information au sens large – informatique, finance, assurance, communication… – a explosé. C’est là qu’une bonne partie des bullshit jobs se concentrent.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, être payé pour ne pas faire grand-chose engendre une grande souffrance morale. Pourquoi?

Les hommes tirent leur bonheur du sentiment d’avoir prise sur le monde. De contribuer à sa bonne marche, d’une façon ou d’une autre. La violence spirituelle qu’engendre l’absence de sens des bullshit jobs, tout comme le sentiment d’inutilité et d’imposture, est destructrice, moralement et physiquement.

Pourquoi les salariés concernés ne se révoltent-ils pas?

Comment le pourraient-ils? Le travail est aujourd’hui une part déterminante de notre identité – lorsqu’un inconnu vous demande ce que vous faites, vous répondez par votre métier. Tel est le paradoxe de l’emploi contemporain: même lorsque les personnes détestent leur job, elles y restent profondément attachées. Beaucoup tirent même leur dignité précisément du fait qu’elles souffrent au travail. Cela tient à notre conception théologique du travail, enracinée dans la chrétienté: il est un devoir, il est le propre de la condition humaine et «forge» le caractère. Celui qui ne fait pas sa part est indigne. Cette vision est, en outre, l’autre face du consumérisme: on souffre au travail pour s’autoriser ensuite à consommer une fois rentré à la maison.

Pourquoi les métiers les plus utiles socialement, comme les infirmières ou les instituteurs, sont-ils si peu considérés?

Ils sont également mal payés: on observe une relation inverse entre la valeur sociale d’un emploi et la rémunération que l’on en tire. C’est vrai pour tous les jobs liés au soin des personnes (à l’exception des médecins). Ces emplois engendrent une forme de «jalousie morale», c’est-à-dire un ressentiment face aux activités dénotant une plus grande élévation morale. Tout se passe comme si la société entière songeait: les infirmiers, les instituteurs, eux, ont la chance de compter dans la vie des autres, ils ne vont pas en plus réclamer d’être bien payés! Il en va de même avec les artistes.

Ce ressentiment nourrit-il le populisme?

Oui. Aux Etats-Unis, le populisme de droite a deux caractéristiques: le respect du corps militaire et la haine des élites progressistes, en particulier culturelles. Les deux sont liés. Pour les enfants des classes populaires, intégrer l’«intelligentsia» est un rêve plus inaccessible encore que celui de gagner de l’argent, car cela exige des réseaux dont ils ne disposent pas. Pour eux, la seule institution offrant une possibilité d’ascension sociale est l’armée.

En 1930, Keynes prédisait que l’automatisation des tâches permettrait de limiter le temps de travail à vingt heures par semaine. Pourquoi cela ne s’est-il pas produit?

C’est l’autre paradoxe de l’époque: alors que nos grands-parents rêvaient que l’automatisation libère leurs enfants des travaux difficiles, nous craignons aujourd’hui que les robots ne prennent nos emplois. Mais si cela se produit, et que plus personne ne touche de salaire, qui consommera les biens fabriqués pas les machines? Nos économies échouent à utiliser l’automatisation pour libérer les individus des bullshit jobs, parce qu’elles sont incapables de concevoir une autre organisation, où le travail tiendrait une place différente.

Cette libération pourrait passer par l’instauration d’un revenu de base, selon vous. Quels sont les obstacles?

En grande partie, la conception théologique du travail que nous avons évoquée. Les sceptiques disent: si l’on donne un revenu à tout le monde, certains en profiteront pour ne rien faire, ou deviendront des mauvais poètes dont on n’a pas besoin. Mais en quoi serait-ce pire que les jobs absurdes d’aujourd’hui? Au moins, les individus seraient plus heureux. Nous passons nos journées à rêver de ce que nous pourrions faire si nous avions du temps, mais politiquement, nous ne sommes pas prêts. Au cours des millénaires, nombre de sociétés sont pourtant parvenues à une organisation où l’occupation du temps libre n’était pas un problème, et où des classes entières n’étaient pas contraintes de consacrer leur vie à des activités qu’elles haïssent.

Une analyse de tous les jobs de merde que j’ai pratiqués

Quand je bossais à la Poste il y a de ça quatre ans, je me souviens d'une discussion animée que j'ai eue avec un collègue de travail. Le mec était là depuis de longues années. Il me racontait chaque semaine ses virées aux putes durant le week-end, qui se résumaient toujours à peu de chose près, à la même rengaine. Sans foyer, sans vrais amis, il se tapait la route depuis Paris jusqu'à Bruxelles ou Amsterdam tous les vendredis pour se décalaminer le manche sur des prostituées. Si je lui avais demandé pour quoi il vivait, il m'aurait sûrement répondu pour les baises facturées et les matchs du PSG.

Il y a ceux qui ont leur voie bien tracée. Ils sortent de leur lycée de quartier et foncent droit sur leurs études dans un but précis : travailler dans le droit, la médecine, le commerce, le management ou l'éducation nationale. Et puis il y a ceux qui divaguent, qui ne trouvent pas, dans ce qu'on leur propose, un projet de futur. Ils rêvent d'autres horizons qu'ils n'atteindront jamais. Alors ils rôdent dans la vie active, de jobs en jobs. Ils sont parfois étudiants à mi-temps à la fac dans des départements obscurs et sans débouchés. Quand il n'y a aucun projet de vie concret, pas de futur, il vous reste toujours les jobs alimentaires.

Je suis resté à la Poste pendant un bon moment. J'étais préposé au tri et on ne peut pas dire que ce soit un boulot franchement épanouissant. C'est ce que m'avait donné la boîte d'intérim quand je m'étais pointé dans leur bureau, la tronche enfarinée. Je sortais du lycée à l'époque, et tout le tintouin comme quoi « le travail et la carrière » c'est ce qu'il y a de plus respectable pour un bonhomme, j'en avais rien à cirer, comme beaucoup d'autres. C'est toujours le cas d'ailleurs. Sauf qu'à l'époque, je n'avais pas encore expérimenté et j'ouvrais ma gueule sans rien en savoir.

Je passais les heures de travail devant une espèce de machine géante qui faisait défiler des caisses pleines à craquer de courriers sur des tapis roulants. De là sortaient des rampes, tout autour, qui acheminaient le courrier jusqu'à des emplacements donnés en fonction des destinations, classées elles-mêmes par départements français. Mon taf, c'était d'attendre devant l'une de ces rampes, en binôme, et de remplir des chariots avec les caisses en fonction des destinations.

Quand ça arrivait, ça dégueulait par dizaines. C'était le marathon. Empiler des bacs de courriers les uns sur les autres, nouer les lanières, et ainsi de suite, pendant des heures. Cette tâche accomplie, il faut ensuite traîner tous les chariots triés devant de grandes portes coulissantes où viennent se garer les camions. Il y a des moments d'accalmie lors desquels on peut tranquillement causer avec le camarade et zieuter la belle et sainte horloge. Un tas de types bossaient là depuis vingt ou trente ans et s'étaient accommodés depuis longtemps à cette routine infernale.

Sérieux, comment peut-on passer sa vie à s'échiner à trier du courrier ?

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Là-bas, j'agissais un peu comme un sociologue. Je cherchais à comprendre les mecs, et je leur posais un tas de questions. Je m'intéressais à leur vie, j'écoutais ce qui se disait. Les gars qui avaient leurs postes fixes depuis des lustres étaient complètement résiliés. Mais on se marrait bien, malgré l'âpreté du travail.

Bien sûr, là-bas vous avez à disposition quelques bons gros clichés de base comme dans n'importe quelle société. Les mecs se pintent la tronche le soir pour oublier le taf et attendent les vacances. Pendant les temps de pause, des bandes de travailleurs se réunissaient dans des salles mises à leur disposition pour jouer aux cartes, et je fumais mes clopes, peinard, louant le bonheur des petits breaks de la journée. Il faut noter qu'il y a un véritable esprit de camaraderie, un côté bon enfant qu'on ne trouve pas dans d'autres milieux.

L'autre partie du job consistait à charger les camions. On m'a planté devant une porte où se dressait un bon paquet de ces chariots triés la veille par d'autres types. Je devais faire les dernières vérifications de destinations, au cas où il y aurait une connerie dans le lot. Quand le camion venait se planter, je le remplissais et en profitais pour fumer une clope avec le coursier qui allait se taper la route de nuit pour acheminer tout le courrier.

Voilà ce en quoi consistait mon travail de postier - agent de tri. Quand j'en ai eu ma claque, je suis passé à un autre job alimentaire.

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La vente, je crois bien que ça a été le pire pour moi, qui suis de nature plutôt misanthrope. C'est ce que j'ai compris en bossant dans une grande chaîne française de produits surgelés. La journée s'articulait, comme à la Poste, sur des tâches répétitives et abrutissantes. Dans un premier temps, on m'a formé pour jouer les caissiers. J'ai appris comment encaisser les gens selon les différents moyens de paiements en utilisant à bon escient toutes les options et raccourcis offerts par les machines. Pour passer le temps, j'essayais de voir ce qui était le plus consommé entre les petits pois surgelés et les haricots. Dans ma tête, je m'attelais à des jeux totalement débiles du genre, comme si grâce à ça la journée allait passer plus vite.

Puis tout en gérant la caisse, les connards comme les gens courtois, il fallait que je classe ce qui venait de la chambre froide dans les différents congélateurs du magasin : des caddies entiers. Il y avait toujours de quoi faire, en plus de guetter les vieilles qui tentaient de piquer du poisson pané. Les petites joies de la journée sont rares et on s'accommode : une jeune femme sexy qui passe à la caisse avec un grand sourire, par exemple. Alors on les attend. Y'a aussi des instants comme celui-là : un vieux qui débarque avec une grimace effroyable et qui vous demande du tac au tac, sans passer par quatre chemins, s'il peut aller chier dans les toilettes des employés.

Mais ce que j'ai le plus pratiqué, ça doit être le chantier. La première fois, on m'avait embauché comme câbleur en CDD alors que je n'y connaissais que dalle, moi avec mon bac littéraire. J'ai fait beaucoup de découpe de câbles et, en comptabilisant toutes mes missions, sans doute assez pour faire le tour du globe. Pendant des journées, dans un atelier, je tirais différents types de câbles – de l'audio, du vidéo, de la fibre – dans le but de les installer sur un chantier : sans arrêt, je devais tirer des kilomètres. Je bricolais aussi des connecteurs, j'installais du jack ou du vga, du rj45 au bout de câbles de toutes sortes. On m'enseignait perpétuellement des tâches nouvelles, souvent méticuleuses. Je devais savoir les faire à la perfection pour pouvoir les pratiquer sur commande, et seul. J'avoue que sur ce coup-là, j'ai dû apprendre un métier de A à Z. Et, de fait, c'était déjà plus intéressant qu'une grande partie de mes autres boulots.

Puis on m'a foutu sur le concret, le chantier. Avec une équipe de collègues, on passait des câbles entre les différentes parties d'un bâtiment qui serait, dans un futur proche, investi par une entreprise du secteur audiovisuel. Il fallait installer le câblage nécessaire à leur matos sonore et visuel, dans du faux plancher, de faux plafonds. Ça m'excitait au début, d'être l'ouvrier poussiéreux, outils à la taille, pinces et autres cutters, la tête dans un canal, à cinq mètres de hauteur, ou bien enfoui dans un sous-sol. J'étais content de sortir de l'atelier gris. L'ambiance était bonne et sur les longs chantiers, on se faisait vite amis avec les collègues : on partageait les repas, les cafés, les longues heures de boulot. On bossait parfois en dehors des codes du travail, cumulant un nombre d'heures incroyables dans une journée, lorsqu'il fallait à tout prix boucler le truc pour le client. C'est la réalité du bordel. Ce qui permet de tenir longtemps dans ce genre de taf, c'est la camaraderie prolétaire indiscutable et belle. Probablement.

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Tu te prends tout ça dans la tronche, l'intégration sociale avec la besogne et le blé : un vrai ramassis de conneries et de trucs infects qu'il faut supporter parce qu'on est bien obligé de bouffer et d'avoir un toit. On enchaîne les boulots ingrats sans lendemains, et il n'y aura jamais vraiment ce que l'on cherche, alors autant se le dire carrément. Ces jobs alimentaires se ressemblent tous dans leur annihilation de l'humain.

Et puis il y a ceux qui croient travailler avec plaisir, qui se sont collé ça dans leur crâne tellement fort que ç'en est devenu une évidence – mais c'est encore autre chose. J'ai le droit de dire que je n'ai pas envie de bosser et que j'en ai rien à cirer du respect du travail. Comme une espèce d'insatisfaction chronique qui pèse sur bon nombre d'entre nous devant la vie qu'on nous offre sur un plateau. Et je sais bien qu'il y en aura d'autres pour moi, dans le futur, de ces labeurs avilissants, de ces travaux forcés.

Plus personne ne veut travailler (dans une job de merde) - Quatre95
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De votre grand-père à votre département des ressources humaines, en passant par Kim Kardashian, les gens se plaignent constamment que les jeunes sont paresseux et paresseuses. Pire encore, selon eux, nous sommes dans une ère où plus personne ne veut travailler.

Mais comme le soulignait récemment sur Twitter le professeur de l’Université de Calgary Paul Fairie – article de journal datant de 1894 à l’appui –, c’est un trope populaire depuis très longtemps.

Malgré le fait que le taux de chômage ait augmenté le mois dernier, il est plus faible qu’avant la pandémie.

Il est vrai que dans les deux dernières années, plusieurs personnes ont quitté leur emploi. Les expert.e.s ont appelé ce phénomène « la Grande Démission ». Mais en fait, ç’a surtout été la Grande Promotion, puisque les chiffres montrent que la plupart des gens qui ont quitté leur job sont simplement allés travailler ailleurs, pour un meilleur salaire et de meilleures conditions.

Ce n’est pas vraiment que plus personne ne veut travailler, c’est que plus personne ne veut travailler dans une job de merde.
D’où est-ce que ça vient?

Au début de la pandémie, face à l’incertitude qui régnait, plusieurs compagnies ont soit fermé leurs portes, soit effectué des mises à pied. Pour aider ses citoyen.ne.s dans une situation financière précaire, le Canada a mis sur pied la Prestation canadienne d’urgence, qui octroyait 500 $ par semaine aux gens éligibles. Très vite, des employeurs (et des vieux frustrés) se sont mis à se plaindre que les jeunes ne voulaient plus travailler, et que c’était la faute du gouvernement, qui payait les jeunes à ne rien faire.

Mais ce genre de discours est un peu de mauvaise foi. Si les 2000 $ par mois versés à travers la PCU a permis à tes ancien.ne.s employé.e.s de mieux vivre que le salaire que tu leur offrais, c’est toi, le problème, et c’est pour ça que personne ne veut travailler pour toi.

La pandémie aura eu comme effet de nous rappeler que la vie est courte et qu’il faut la vivre pleinement. Les millions de documentaires de nature qu’on a regardés en confinement nous ont fait nous questionner sur les attentes de la société, qui prône un travail acharné et peu récompensé.

Pour les gens de notre génération, des emplois difficiles et mal rémunérés, c’est terminé! Travailler, d’accord, mais pas pour n’importe qui et sous n’importe quelles conditions. On veut des jobs où on se sent valorisé.e.s et où on peut, de manière tangible, ressentir que le travail que l’on fait a un réel impact. Et vu que tout coûte plus cher, ça serait quand même nice si on pouvait être adéquatement rémunéré.e.s.
Est-ce que c’est vrai?

Ce qu’il y a de plus frustrant avec le trope que « personne ne veut travailler », c’est surtout qu’il est très facile de prouver que ce n’est pas vrai. Malgré le fait que le taux de chômage ait augmenté le mois dernier, il est plus faible qu’avant la pandémie. Plus d’un demi-million de personnes de plus sont employées aujourd’hui comparativement à en février 2020. De plus, il suffit d’aller voir la section d’offres d’emplois sur LinkedIn pour s’apercevoir que plusieurs d’entre elles reçoivent des centaines de candidatures.

Non seulement nous sommes plus nombreux et nombreuses à travailler, mais nous travaillons plus que les générations précédentes, et tout ça pour être la première génération à moins bien vivre que ses parents. Fun!
Alors pourquoi est-ce que ce mythe persiste?

J’aimerais pouvoir vous dire que notre génération n’aura pas cette mentalité, et que dans une quinzaine d’années, on pourra se départir des stéréotypes qui veulent que les « les jeunes sont paresseux » et que « plus personne ne veut travailler ». Mais, statistiquement, ça ne sera probablement pas le cas. Au fur et à mesure que l’on vieillit, les jeunes ont de nouveaux outils, de nouvelles ambitions et de nouveaux conforts qui nous étaient impensables à leur âge. On se dit donc que leur vie est plus simple, et on les regarde d’un autre oeil, sans se mettre à leur place.

Une recherche de l’Université de St-Louis a démontré que ce générationalisme est bien ancré dans l’humanité, et qu’on en trouve des preuves depuis toujours. Les plus vieux trouvent toujours les plus jeunes plus paresseux et égoïstes.

il suffit d’aller voir la section d’offres d’emplois sur LinkedIn pour s’apercevoir que plusieurs d’entre elles reçoivent des centaines de candidatures. 

Bon, peut-être que devenir vieux, chiant et condescendant avec les jeunes, c’est inévitable et que dans quelques années, on se fera répondre « OK, millennial » par un kid né en 2018 quand on dira quelque chose de ringard. Mais on peut, au moins, essayer de se départir de l’idée que la pénurie de main-d’œuvre est attribuable à la paresse des jeunes ou au fait que « plus personne ne veut travailler ».

Parce que même si personne ne veut travailler, tout prouve qu’on continue de le faire, et plus que jamais!

Cinq exemples de bullshit jobs, ces métiers absurdes - Edition du soir Ouest-France - 17/10/2018

L’anthropologue David Graeber a théorisé le phénomène des bullshit jobs (littéralement « jobs à la con ») dans un ouvrage paru en France en septembre dernier. Il a recueilli des centaines de témoignages pour illustrer son propos. Voici quelques exemples de boulots respectés, souvent bien payés… mais vides de sens.

S’ennuyer au bureau, se sentir inutile, être payé à rien faire et culpabiliser… Dans le monde du travail moderne, les métiers à la con se multiplient et les salariés en souffrent. C’est le constat que l’anthropologue américain David Graeber dresse dans son ouvrage Bullshit Jobs (éditions Les Liens qui Libèrent), sorti en France le 5 septembre.

L’auteur a mis des mots sur ce mal pour la première fois dans un article paru en 2013 dans le magazine anarchiste anglais Strike ! Après avoir reçu des centaines de témoignages, il a théorisé ce phénomène dans cet ouvrage.

Un « job à la con », pour David Graeber, c’est « une forme d’emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflue ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu’il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrat, de faire croire qu’il n’en est rien. »

Des boulots prestigieux mais vides de sens

Contrairement aux « jobs de merde », payés à l’heure, exercés par des cols-bleus, ouvriers et autres exécutants, les « jobs à la con » sont occupés par des cols blancs. Ces salariés suscitent l’admiration, alors qu’au fond d’eux, ils sont malheureux au travail. D’après un sondage YouGov conduit au Royaume-Uni et cité par David Graeber, 37 % des personnes interrogées considèrent que leur emploi n’apporte rien au monde. Une autre étude menée aux Pays-Bas par l’institut Schouten & Nelissen donnait un résultat similaire (40 %).

Multiplication des réunions, de la paperasse, des couches hiérarchiques, des sous-traitants… Ce phénomène s’explique par de nombreux facteurs. Souvent associé au secteur public, il touche également les entreprises privées, explique David Graeber. C’est là tout le paradoxe : dans un monde capitaliste, qui se veut performant et efficace, des milliers d’employés ont l’impression de pédaler dans le vide.

Pour mieux illustrer son propos, l’auteur s’est appuyé sur les nombreux témoignages reçus et a distingué cinq catégories de « job à la con ».

  1. Les larbins

Pour David Graeber, ces salariés sont des domestiques modernes. Ils sont là pour « permettre à quelqu’un d’autre de paraître ou de se sentir important ». C’est le cas d’Ophelia, qui travaille dans le marketing. Elle est « coordinatrice de portefeuille », mais admet qu’elle n’a « aucune idée » de ce qu’elle est censée faire.

« En lui-même, mon titre renvoie clairement à un job à la con. Par contre, la réalité de mon boulot, c’est d’être l’assistante personnelle du directeur. Et là, j’ai vraiment de quoi faire, parce que les gens pour qui je travaille sont trop « débordés » ou trop importants pour faire toutes ces choses eux-mêmes. À vrai dire, la plupart du temps, j’ai l’impression d’être la seule personne à bosser dans le bureau. »

  1. Les porte-flingues

Ces employés exercent un métier qui « paraît dépourvu de toute valeur sociale positive », qu’ils « considèrent comme intrinsèquement manipulateur et agressif ».

Tom, par exemple, est employé par une grosse boîte de postproduction américaine. Il travaille pour des studios de cinéma, ce qui lui plaît, mais aussi pour des agences de communication. C’est là que le bât blesse.

Une partie de son travail consiste à effacer les imperfections des acteurs des spots publicitaires : il blanchit des dents, amincit les silhouettes, ajoute des reflets sur les cheveux… « Ces techniques sont utilisées dans tous les spots télévisés, mais aussi dans la plupart des fictions télé et de nombreux films. Autant sur les actrices que sur les acteurs. Pour résumer, on essaie de donner aux spectateurs qui regardent ces programmes le sentiment qu’ils ne sont pas à la hauteur, et ensuite, pendant les pages de pub, on exagère l’efficacité des « solutions qu’on prétend leur livrer. […] Mon travail, c’est ça : fabriquer de la demande en créant un manque et, parallèlement, survendre l’utilité des produits proposés pour combler ce manque. »

  1. Les rafistoleurs

Ces employés passent leur temps à régler des problèmes qui ne devraient pas exister. Ils rattrapent les bourdes de leur supérieur, comblent un manque d’organisation, ou exercent des tâches qui pourraient être automatisées. David Graeber donne cet exemple :

« Ma seule et unique fonction, c’était de surveiller la boîte de soutien technique. Ces demandes étaient rédigées dans un formulaire donné, et moi je devais les copier-coller dans un autre formulaire. Le pire, ce n’est pas que cette tâche aurait pu être automatisée, c’est qu’elle l’avait déjà été ! Simplement, à la suite d’un désaccord entre managers, ils avaient décrété une standardisation qui avait annulé l’automatisation. »

  1. Les cocheurs de case

Selon David Graeber, ces salariés permettent à une organisation de « prétendre faire quelque chose qu’en réalité elle ne fait pas ».

Il donne l’exemple de Betsy, employée pour s’occuper des activités de détente dans une maison de repos. « L’essentiel de mon travail consistait à interviewer les résidents afin de noter leurs préférences personnelles dans un « formulaire loisirs ». Ensuite, on rentrait ces données dans un ordinateur, après quoi on s’empressait de les oublier pour toujours. »

  1. Les petits chefs

David Graeber distingue deux sous-catégories. La première, c’est celle des petits chefs qui « assignent des tâches à d’autres », et dont le boulot peut s’avérer inutile si ses subalternes travaillent en autonomie. C’est le cas d’Alphonse : « Mon boulot consiste à encadrer et coordonner une équipe de cinq traducteurs. Le problème, c’est qu’ils sont formés à tous les outils dont ils ont besoin et savent très bien gérer leur temps et leurs missions. »

La seconde sous-catégorie, c’est celle des petits chefs qui « créent des tâches à la con pour les autres », comme l’explique Chloe. Cette doyenne d’une grande université britannique avait pour mission de proposer un « leadership stratégique ».

Elle travaillait avec trois personnes, mais comme elle n’avait aucun pouvoir décisionnel, ses propositions n’aboutissaient à rien : « Mon assistant de direction, un type brillant, n’a guère pu être davantage qu’un gestionnaire de planning hors pair. Quant à la postdoctorante, c’était un pur gaspillage de temps et d’argent. J’effectue mes recherches toute seule et je n’ai pas besoin d’un assistant J’ai donc passé deux ans de ma vie à m’inventer du travail, à moi-même et à d’autres. »

Chloe a ensuite accepté un poste de chef de département. Elle a démissionné au bout de six mois. Selon elle, c’est « l’idéologie managérialiste » qui crée ces postes absurdes. « À mesure qu’elle s’incruste, des pans de plus en plus vastes du personnel universitaire sont assignés à une seule et unique fonction : jongler avec la myriade de joujoux qu’elle invente – stratégies, objectifs de performance, audits, rapports, évaluations, nouvelles stratégies, etc. Le tout totalement déconnecté de ce qui devrait couler dans les veines de l’université : l’enseignement et l’éducation. »

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À propos des défenseurs des droits humains | OHCHR
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Fiche du livre Défendre la démocratie : une sociologie engagée [e-book] - Aux éditions éoliennes

Défendre la démocratie : une sociologie engagée [e-book]
• Laurent Mucchielli [auteurs]

Format : 13,5 x 20,5 • 312 pages • ISBN : 978-2-37672-053-9 • 14.99 €

La démocratie est un être fragile et imparfait, produit d’une histoire qui n’est pas linéaire. Proclamés dans la lutte et dans le sang par les révolutions des xviiie et xixe siècles, repris par l’ONU dans une Déclaration se voulant universelle en 1948, les droits humains fondamentaux constituent depuis toujours un obstacle aux appétits insatiables de pouvoir et d’argent des puissants de ce monde.

À l’opposé des « experts » convoqués par ces puissants pour soutenir leurs projets, l’auteur défend une conception de l’intellectuel libre et désintéressé, mû seulement par les valeurs de liberté, de justice sociale et de solidarité. Dans ce livre qui est un peu un testament intellectuel, il analyse différentes formes de propagande, de corruption et de violence d’État qui gangrènent la démocratie dans les sociétés occidentales de ce début de xxie siècle.

Les textes rassemblés, écrits au cours des 25 dernières années, veulent à la fois éclairer sur la signification de conflits traversant la société française et défendre la démocratie. Qu’il s’agisse des révoltes dans les banlieues, du mouvement des Gilets Jaunes ou encore de la prise en otage des populations à l’occasion de l’épidémie de Covid, l’auteur s’efforce de redonner la parole aux dominés et de mettre au jour les techniques de manipulation et de répression mises en œuvre par les puissants pour neutraliser et discréditer toute contestation. Il montre aussi comment, à chaque crise, la panique conduit à s’en remettre très imprudemment à des pouvoirs exécutifs qui décrétent des mesures dites « exceptionnelles » tendant à se banaliser par la suite, ce qu’il appelle le Talon d’Achille de la démocratie.

Laurent Mucchielli, sociologue, est directeur de recherche au CNRS.

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Le fauchage tardif : un parti pris écologique - Maisons & Cités
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Le fauchage tardif : un parti pris écologique

Mis en application depuis quelques années par des collectivités, et de plus en plus pratiqué, le « fauchage tardif » consiste à retarder autant que faire se peut la coupe mécanique de la végétation à certains endroits pour préserver la biodiversité.

Il ne s’agit pas pour autant d’un entretien délaissé, mais d’un entretien raisonné qui intègre les objectifs du développement durable. Les collectivités, propriétaires terriens et même les entreprises qui adoptent cette technique de fauchage prennent le parti de préserver la biodiversité car elle favorise la nidification des oiseaux, la protection de la microfaune et la diversification de la flore.

Ainsi, le fauchage tardif, ou raisonné, consiste à laisser enherbées certaines zones jusqu’à la fin de la floraison afin de préserver la biodiversité, mise à mal avec les fauchages fréquents et précoces. Sur des zones herbeuses en bord de route (comme sur notre photo prise à Condé-sur-l’Escaut) cette méthode permet à la flore de s’exprimer et offre un paysage changeant et autrement plus attractif qu’il ne le serait avec une tonte rase et régulière… aseptisé et presque sans vie.

Dans nos cités existent des espaces verts plus ou moins grands, des placettes et des bords de routes qui représentent autant de petites prairies naturelles où des plantes sauvages (certaines sont très belles et devenues rares) peuvent se développer grâce à la pollinisation par les insectes, et où de nombreux petits animaux trouvent refuge et nourriture.

Maisons & Cités a fait ce choix du fauchage tardif dans son parc. C’est un choix d’avenir pour la planète et pour les générations futures.