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Ceux qui me connaissent, au sujet de l’orthographe, m’ont déjà entendu dire, non sans humour, que j’étais ‘’Avant-Françoispremiertiste’’. Sans doute, beaucoup pensent que c’est une façon de dédramatiser l’étrange facilité que nous tous nous avons, à faire des erreurs lorsqu’il s’agit de l’orthographe. Et ce n’est pas faux, le français est une langue complexe, qui par ses côtés illogiques et rigides, peut parfois faire plonger le néophyte qui essaye de s’y intéresser, dans la plus sombre des folies. Et il est aisé d’attribuer la source de toute cette souffrance à François premier, qui avec son ordonnance de Villers-Cotterêts fixera la langue française en 1539. Surtout qu’il ne s’est pas arrêté là !
Mais je ne tape pas sur François premier pour cela. À vrai dire, le fait de vouloir homogénéiser la langue n’est pas une mauvaise chose. Et malgré l’orthographe, le français reste une langue riche et vivante de par sa perpétuelle évolution.
Mais alors, qu’est-ce que je reproche à ce roi mort depuis un bout de temps déjà et qui ne peut même plus se défendre ?
Ma méfiance est en fait la même, que celle que j’entretiens envers tous les institutionnels de tous poils qui s’amusent sans cesse à vouloir édicter des règles absurdes, comme la suppression ou le maintien de l’accent circonflexe. En son temps, François premier n’a pas édicter des textes au sujet de la langue française dans un but de clarté ou de facilité d’usage de la langue écrite, il a fait cela pour des raisons bien plus discutables, car politique. Le but était d’instaurer une langue officielle, participant ainsi à la centralisation du pouvoir.
Tout comme la majorité des réformes qui ont suivi, François premier a participé à une institutionnalisation de la langue et a ainsi crée une élite, séparée de la vraie langue, parlée par tous et évoluant par son usage journalier.
Le fait de créer des institutions, comme l’Académie française, ou de vouloir réformer, comme la tentative récente au sujet de l’accent circonflexe, n’est qu’une expression de la volonté de la part des pouvoirs, de contrôler ce que les gens pensent et de leurs meurs. Le meilleur exemple de ce que j’avance ici vient de l’Académie française, qui instaurera dès sa création, une masculinisation de la langue, ce qui entrainera nombre de débats dès les années 1600 d’ailleurs. Masculinisation d’ailleurs qui est toujours en vigueur au niveau des corporations, mais qui n’existe plus dans la langue courante… (Même si les institutions commencent par céder doucement)
Le problème, pour les institutions, c’est qu’une langue vivante évolue par son usage et non en édictant des règles qui ne seront suivies que par quarante imbéciles et quelques intellectuels de bas étage.
Qui se souvient encore des détails de la rectification orthographique du français en 1990, dernier grand chantier institutionnel en date. Force est de constater à l’heure actuelle que personne n’a tenu compte de cette réforme, alors que tous, nous avons accepté certaine expressions récente, comme ‘’être vent debout’’, ou mot récent comme ‘’hashtag’’, qui sont devenu commun à la langue et utilisé par tous.
Comme le disait déjà à son époque Victor Hugo, une langue ne se fixe pas, elle est et doit être en perpétuelle évolution pour ne pas mourir. Et ce n’est pas une quelconque élite qui fait vivre le français, mais bel et bien les usagers communs, c’est-à-dire nous tous.
Voilà pourquoi, j’estime pour ma part, que personne, sous prétexte qu’il fait partie d’une élite, ou veut protéger le français, n’a réellement le droit ni le pouvoir d’imposer une réforme de la langue. Surtout que la langue se réforme elle-même, avec le temps et ses usagers. Mais j’estime également, que chacun de nous, usager du français, avons le devoir, dans la limite du raisonnable, d’être suffisamment éduqué et intelligent afin d’entretenir et d’enrichir notre langue.
Et c’est cette implication et cette responsabilité, qui me pousse à ne pas tenir compte du récent délire institutionnel sur l’accent circonflexe, et qui me fait plutôt m’intéresser à l’étymologie, la sémantique et au sens de certains mots très mal employés à l’heure actuelle, ou à la reféminisation du français, qui se fait sans les institutions d’ailleurs. Car la vraie richesse d’une langue tient à l’orientation que chacun de nous y donne en l’utilisant chaque jour.