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C'est une solution presque trop belle pour y croire. La start-up poitevine Filtralife a lancé en septembre dernier une machine capable de rendre potable une eau douce polluée, même par des pesticides. Une innovation qui intéresse en France et à l'étranger. Filtralife est en finale nationale du concours Tech For Futur.
Pour boire l’eau de la Dive à Valence-en-Poitou (Vienne), il faut un peu de force physique et beaucoup d’ingéniosité. Démonstration : gobelet en main, Auguste Minot s'approche du bord de l'eau. "Vous remplissez le réservoir tout simplement : vous allez activer le système avec cette manivelle et là, vous prenez un verre, vous activez le robinet, et vous avez une eau qui sort instantanément potable."
La machine, créée par le jeune homme, fonctionne sans électricité ou produits chimiques. L’eau passe par une succession de filtres. Les membranes bloquent les mauvaises particules et préservent les minéraux. “On est sur un mélange de nano filtration et d'osmose inversée. On va vraiment retenir toutes les bactéries et virus. À la différence d'autres solutions, on va garder les minéraux qui sont essentiels à la vie."
Validée par la Science
Cette méthode a été testée dans un laboratoire, installé à Poitiers et agréé par le ministère de la Santé. Professeur émérite de l'université de Poitiers et spécialiste de la qualité et du traitement des eaux, Bernard Legube a mis la machine d'Auguste Minot à l'épreuve de la science. Son défi : rendre consommable l'eau de la Marne, l'une des plus polluées de France.
"Notre première réaction était d’être surpris, quand même, par le résultat de cette analyse qui est excellente, sourit l'universitaire. Tous les polluants présents dans l’eau ont été éliminés. Que ce soient des polluants métalliques, métaux lourds, ou des polluants organiques comme des pesticides."
Des pesticides absents des résultats. Plus de 500 paramètres ont été évalués. Par exemple, le taux de glyphosate. La réglementation actuelle tolère 0,1 micro gramme par litre. “Dans l’eau filtrée par Filtralife, on a moins de 0,03 microgramme par litre, soit trois fois moins que ce qui est toléré dans les eaux potables", explique Bernard Legube.
Paris, l'Afrique, l'Asie et l'Amérique
Invention, presque miraculeuse, née dans la tête de Paul Minot, ingénieur de formation. Tout a commencé, par un dessin. "Les prémices de Filtralife, ça m’est arrivé à 23 heures, le soir. J'ai eu cette idée de rendre potable toutes les eaux de surface à travers le monde. Dès le lendemain, j'ai commencé à bosser sur le projet."
Avec son fils Auguste, ils ont mis plusieurs mois à concevoir LE système de filtration adapté. Un système breveté et gardé secret, qu’ils veulent exporter. Tous deux rêvent de conquérir l'international. “On échange avec des ONG comme Médecins sans frontières, Action contre la faim..., raconte Auguste Minot. Et puis une partie privée, ou de grandes entreprises, présentes en Afrique, en Amérique du Sud ou en Asie."
Mais pour l'heure, direction Paris. Filtralife a été sectionnée pour la finale nationale du concours d'innovation Tech for Future. Le startupper poitevin a défendu son invention devant un jury de professionnels. “Ça passe très vite, trois minutes de pitch, trois minutes de questions. Il faut être précis. Au vu des réactions, ça a pas mal plu. Les arguments sont assez solides. Maintenant, on attend les résultats le 28 mars."
Auguste et Paul Minot sont confiants. L'enjeu est crucial. Selon l'OMS, en 2022, 9 % de la population mondiale n'a pas accès à l’eau potable.
Un reportage signé Marie Colin, Morgane Knoll et Bénédicte Biraud