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Émile Digeon et la Commune de Narbonne
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Catégorie : Les Communes en province
Mis à jour : 31 décembre 2021
On a tendance à considérer la province comme totalement réactionnaire et hostile à la Commune de Paris. Certes, de nombreux notables, représentants du grand capital, sont acquis aux idées légitimistes mais il existe, dans plusieurs régions, d’honnêtes citoyens défenseurs de la République démocratique et sociale.
Émile Digeon (1822-1894) à PalmaIl ne faut pas oublier que le 2 décembre 1851, ce ne sont pas les grandes villes qui s’insurgent contre le coup d’État pour défendre la Constitution violée par le président de la République.
32 départements sont mis en état de siège et des troubles se produisent dans une vingtaine d’entre eux. Si les Basses Alpes est le seul département qui tombe tout entier dans les mains des opposants, l’agitation néanmoins est extrême dans le Sud-Est, le Sud-Ouest et le Centre. L’Aude ne fait pas exception à cette poussée de fièvre révolutionnaire pendant le règne de Napoléon III. Au dernier plébiscite de Badinguet, le 8 mai 1870, Narbonne va répondre par 1917 « Non » contre 1494 « Oui ».
Un homme jouera un rôle prépondérant dans ce département, il se nomme Émile Digeon.
Il est né le 7 décembre 1822 à Limoux (Aude) fils de Joseph, Louis, Étienne, Stanislas Digeon, avocat, et d’Emilie, Elisabeth Barthe, son épouse. Émile Stanislas Digeon affirme, très jeune, ses convictions socialistes et révolutionnaires. Lors du coup d’État du 2 décembre 1851, il sera arrêté ainsi que son père. Rivés à la même chaîne, ils sont déportés en Algérie et soumis au régime des bagnards. Ils réussissent pourtant à s’évader en bateau [1], espérant pouvoir débarquer en Catalogne, mais la tempête les fait échouer aux Baléares. Émile Digeon s’installe à Palma de Majorque où sévit alors une épidémie de choléra. Il participe à la lutte contre ce fléau. La maladie vaincue, le consul de France voulut lui décerner la Légion d’Honneur. Il refusa la décoration, estimant que seul l’évêque de Palma méritait cette récompense pour avoir fait son devoir pendant la terrible maladie alors que son clergé avait pris la fuite et l’avait lâchement abandonné. Cette attitude du libre penseur avéré mérite d’être signalée pour son panache. Digeon père et son fils Émile exercèrent des emplois juridiques et journalistiques à Palma leur assurant un revenu confortable. Le 4 septembre 1853, Emile Digeon épouse Hélène Chaussat, veuve de Basile Canut, lui aussi d’origine française.
Narbonne - Les Barques vers 1870 – Collection particulière ( Blog Patrimonial de la Médiathèque du Grand Narbonne)
Un républicain révolté
Émile Digeon (1822-1894)En janvier 1870, à l’avènement du ministère Émile Ollivier, Émile Digeon rentre en France, profitant des quelques mesures dites « libérales » du nouveau ministre. Il sera rédacteur de La Fraternité de Carcassonne dont son ami Marcou, ancien proscrit, est le rédacteur en chef.
Dans l’Aude, ce sont les divergences idéologiques qui opposent les républicains avancés aux opportunistes de diverses obédiences. Le conflit entre l’équipe Marcou-Digeon et les frères Raynal est représentatif de l’orientation politique du département le 4 septembre 1870.
À Narbonne, après la proclamation de la République, les frères Raynal, anciens exilés, rêvent d’occuper la scène politique. L’aîné, adjoint au Maire, ceint l’écharpe municipale et parcourt la ville suivi par une foule à l’enthousiasme irréfléchi.
Le 5 septembre, Marcou qui exerce les fonctions de préfet, nomme Gayraud maire de Narbonne, et le docteur Fernand Digeon, frère d’Émile, secrétaire général du département de l’Aude. Le 6 septembre, Théodore Raynal prend possession de la sous-préfecture et quelques jours plus tard, il est nommé préfet de l’Aude par le gouvernement provisoire.
Marcou, de son côté, organise la garde nationale pour défendre la patrie et la République. Gambetta exige que Marcou remette ses pouvoirs à son protégé Théodore Raynal et le 13 septembre, ce dernier reprend ses fonctions à la Préfecture malgré les protestations de Marcou dont Gambetta ne se soucie guère. Marcou, contraint de se retirer, en conservera beaucoup d’amertume.
Pendant la période où l’armée prussienne a envahi la France et jusqu’à la capitulation de Paris, le 24 janvier 1871, l’activité politique à Narbonne est concentrée au club Lamourguier (2). Ce temple de la démocratie avancée sera bientôt transformé en club de la Révolution. Au club Lamourguier, Raynal cadet tente de justifier sa conduite trompeuse mais il doit s’éclipser sous les huées d’un public devenu plus clairvoyant et il donne sa démission au préfet.
Le mécontentement des républicains sincères allant grandissant, ils envoient une lettre au citoyen Digeon à Carcassonne pour le prier de se rendre dans le plus bref délai à Narbonne
« afin d’y proclamer la Commune centrale de l’arrondissement avec union au gouvernement de Paris. »
Le 23 mars 1871, à sept heures du soir, Digeon arrive à Narbonne. Le matin du 24, Antoine Raynal, premier adjoint, en l’absence du maire, refuse de convoquer le conseil municipal malgré l’insistance du jardinier Limouzy, lui-même conseiller municipal et principal collaborateur d’Émile Digeon.
Proclamation de la Commune de Narbonne le 30 mars 1871 par Digeon
La Commune de Narbonne
Vers 8 heures du soir de la journée du 24 mars, une foule déchaînée envahit l’Hôtel de Ville. Digeon prend alors la direction des opérations et s’installe avec ses principaux partisans dans la mairie. Il se présente au balcon de l’édifice communal et proclame la constitution de la Commune de Narbonne. Le drapeau rouge remplace le drapeau tricolore.
Pour s’opposer aux insurgés, les autorités versaillaises disposent des 1500 hommes du 52e de ligne placés en position d’attaque sur la place de l’Hôtel de Ville et dans la rue de la Poissonnerie. Les soldats mettent la crosse en l’air, les officiers sont rapidement désarmés et faits prisonniers. Les frères Raynal subissent le même sort. Après avoir pris possession de la sous-préfecture au nom du peuple, le citoyen Nègre, à la tête de 40 gardes, surveille l’édifice. Digeon ordonne au chef de gare et au chef de la station télégraphique de ne reconnaître qu’une seule autorité, celle de la Commune.
L’Hôtel de Ville de Narbonne vers 1900
La journée du 27 mars est assez calme ; des délégués des communes environnantes viennent donner leur adhésion à la Commune de Narbonne et demander des instructions. De son côté, le préfet de l’Aude, M. Trinchant, resté fidèle à Versailles, n’admet pas la nomination de Digeon et se montre insolent à son égard.
Le 28, les insurgés s’emparent de l’Arsenal. Ils font prisonniers les soldats qui le gardent et récupèrent quelques armes et cartouches. Pour empêcher les Versaillais de recevoir des renforts, Digeon fait enlever les rails du chemin de fer dans toutes les directions, sans intervention des gendarmes qui protègent la gare. Mais il est déjà trop tard. Digeon est prévenu de l’arrivée de deux compagnies de Turcos en provenance de Perpignan. Il fait renforcer les postes de défense, mais en vain : les renforts versaillais se poursuivent le 29 et le 30.
La défaite
L’arrivée du préfet et du procureur général est accompagnée par la présence de leurs délégués : Marcou, maire de Carcassonne, Auguste Claron et Isidore Roques, conseillers municipaux de Limoux. Ces derniers sont chargés d’informer les assiégés sur les décisions prises : amnistie générale s’ils évacuent l’Hôtel de Ville avant le commencement des hostilités. Quant au chef de la Commune, il disposera de 24 heures pour passer à l’étranger.
Digeon réunit un conseil de guerre pour délibérer sur cette proposition. Elle est rejetée à l’unanimité moins deux voix. Le général Zentz, vers minuit, fait occuper l’entrée opposée des rues barricadées. Le 31 mars, à 3 heures du matin, un détachement de Turcos se trouve à peu de distance de la barricade de la rue du Pont. Digeon fait doubler les postes de défense. Quelques gardes veulent fraterniser avec les Turcos. Ils sont accueillis par une fusillade qui fait deux morts et trois blessés.
Digeon écrit au général Zentz afin d’obtenir une ambulance pour le transport des blessés. Aucune réponse du commandant des forces de Versailles qui a menacé par affiche de faire bombarder l’Hôtel de Ville.
« Votre conduite dictera la mienne, riposte Digeon. Vous menacez ceux qui se sont levés, en définitive, pour défendre la République contre les entreprises des factions monarchiques de Versailles. »
Le général, exaspéré, donne l’ordre de ne pas épargner l’eau de vie aux Turcos, les autorisant à massacrer « les bandits » de l’Hôtel de Ville. Le procureur général renouvelle sa proposition d’amnistie à tous ceux qui évacueront la mairie avant les hostilités, mais en même temps, il avance dans la rue du Pont accompagné de deux détachements, l’un de soldats du génie, l’autre de Turcos.
La Gare de Narbonne. Vers 1900
Digeon proteste contre la violation des conditions présentées par le délégué du procureur général, le médecin Marty. Il est prêt à se retrancher dans le cabinet du maire quand plusieurs de ses partisans l’emmènent de force dans une maison de la rue du Pont pour le soustraire à la furie des Versaillais. Il refuse de prendre la fuite et écrit au procureur général qu’on peut venir l’arrêter.
Des mandats d’arrêt sont lancés et suivis rapidement d’exécution. Les citoyens impliqués sont enfermés avec des voleurs et Digeon jeté dans un cachot infect. Les interrogatoires commencent rapidement ; ils seront terminés le 23 avril 1871.
Il est intéressant de relater le récit des événements par le capitaine Pérossier de l’armée gouvernementale car il a participé très activement à la répression de la Commune de Narbonne. Il décrit les journées de l’insurrection à sa manière d’ultra-réactionnaire qui se prétend lettré. Il est plein de haine pour « la trahison » de nombreux soldats du 52e de ligne et approuve « la razzia de nos bons Turcos ». Il recevra la légion d’honneur pour sa brillante conduite… Il décrit les faits avec un humour perfide qui n’épargne pas les hommes du 4 septembre 1870, tels que Gambetta et ses partisans, même s’ils sont hostiles à la Commune. Très curieusement, Pérossier, qui deviendra plus tard colonel, sera mainteneur des Jeux Floraux (le mainteneur est un dignitaire des Jeux Floraux de Toulouse).
Les proies
Mais revenons aux détenus de la prison de Narbonne. Enchaînés deux à deux, ils sont conduits à la gare entre deux files de 24 gendarmes appuyées d’une compagnie de Turcos.
Ils ont appris avec stupéfaction qu’ils vont partir pour la prison de Rodez alors qu’ils pensaient être envoyés à Montpellier. La Cour d’assises de l’Aude ayant été dessaisie du jugement de l’affaire pour cause de suspicion légitime, en réalité pour éloigner le plus possible les accusés de leurs témoins à décharge.
Le 13 novembre 1871, les insurgés sont conduits au palais de justice de Rodez. Ils sont accusés d’avoir, à Narbonne, du 24 au 31 mars 1871, fait partie d’une bande armée,
« laquelle a exécuté un attentat ayant pour but de détruire ou de changer le gouvernement, et d’exciter à la guerre civile, en portant les citoyens ou les habitants à s’armer les uns contre les autres…».
Les débats se déroulèrent jusqu’au 18 novembre à 4 heures du soir, sous la présidence de Dellac, conseiller à la cour d’appel de Montpellier. Les principaux accusés étaient Digeon, le chef de l’insurrection, Bouniol, Nègre et Montels. Maître Louis Mie, du barreau de Périgueux, présente la défense de Digeon, mais ce dernier se défendit souvent lui-même, revendiquant hautement la responsabilité de ses actes et exaltant son idéal révolutionnaire.
Au président du tribunal qui conteste à Digeon le droit à l’insurrection, le prévenu riposte :
« Personne ne déteste plus que moi la guerre civile. Mais il est une chose que je déteste plus que la guerre civile, c’est la tyrannie. »
Le président lui reproche alors d’avoir arboré le drapeau rouge. Il répond :
« Le drapeau rouge est mon drapeau depuis que le drapeau tricolore a été souillé à Sedan. »
Le capitaine Blondlat du 52e de ligne déclare :
« Digeon peut être un exalté, mais il est convaincu, honnête, courageux, énergique et, à notre égard, il s’est montré d’une prévenance sans bornes et d’une exquise délicatesse » (le capitaine Blondlat fait allusion aux officiers du 52e pris en otage).
Le réquisitoire de l’avocat général Maître Gourant de la Baume est haineux. Il évoque la menace du spectre rouge pour impressionner le jury qui n’est pas ébranlé par ses propos délirants. Après une heure et demie de délibérations, Émile Digeon et les autres accusés sont acquittés. « Vive la République ! » crie la foule qui stationne devant l’hôtel où Digeon va prendre un repos bien mérité.
Émile Digeon retourna à Mallorca pour retrouver sa femme, régler ses affaires et prendre du recul par rapport aux événements qui ont bouleversé la France et l’Europe. Malgré son absence, les Narbonnais sont restés fidèles à ses traditions humanistes. A la veille de l’amnistie totale de 1880 et grâce à l’appui du conseil municipal de leur ville et du député de l’Aude M. Bonnel, ils finissent par obtenir l’amnistie des condamnés par contumace et des malheureux soldats du 52e de ligne qui pourrissaient dans les bagnes.
Entre 1880 et 1885, sa décision est prise : Digeon revient définitivement en France. Sa femme est restée à Palma et il semble qu’à partir de cette période, l’harmonie du couple soit brisée.
Plaque commémorative de la Commune de Narbonne (Église Notre-Dame de Lamourguier siège du club de la Révolution durant la Commune)
L’anarchiste
Auteur de nombreux articles et brochures sur le mouvement libertaire, Émile Digeon fut un grand ami de Louise Michel et il l’accompagne souvent dans ses réunions. Elle s’était réjouie de sa conversion :
« Brave Digeon, il avait vu tant de choses qu’au retour de Calédonie, nous l’avons trouvé anarchiste, de socialiste autoritaire qu’il avait été, sa grande intégrité lui montrant le pouvoir comme la source de tous les crimes entassés contre les peuples. »
Malade et oublié même par ses amis, Émile Digeon a passé ses dernières années à Trèbes, dans l’Aude. Il y est mort le 24 mars 1894, jour anniversaire de la proclamation de la Commune de Narbonne. Pour ses obsèques, il avait demandé que la seule cérémonie fût la lecture de son testament révolutionnaire.
Jusqu’au bout, il avait mis en garde les travailleurs contre tous ceux qui flattent le peuple pour mieux le duper :
« (…) Au point de vue social, je regarde comme nuisibles à l’humanité tous les individus qui aspirent à gouverner les autres, sous une forme quelconque et surtout ceux qui causent la misère des travailleurs en accaparant les richesses que ces derniers produisent (…) ».
MARCEL CERF
(1) On ne possède pas de renseignements précis sur les conditions exactes de cette évasion qui semble miraculeuse.
(2) Les séances du club se tiennent dans l’église Lamourguier désaffectée (aujourd’hui musée lapidaire). Le 12 mars 1871, Digeon y prend la parole pour réclamer l’armement de la garde nationale et glorifier le drapeau rouge.
Si la Commune de Paris est connue dans le monde, il ne faudrait pas oublier les mouvements insurrectionnels et révolutionnaires qui ont touché une grande partie de la France de septembre 1870 à mai 1871.
Le 4 septembre, les Parisiens proclament la République devant l’Hôtel de ville. Les Lyonnais font exactement la même chose, le même jour. Entre septembre et octobre 1870, la République est autoproclamée à Lille, Montereau, Cosne, Vierzon, Saint-Amand, La Charité, Dijon, Chalon-sur-Saône, Mâcon, Voiron, Saint Marcellin, Varilhes, Carcassonne, Bordeaux.
En province, surtout dans le sud, le mouvement révolutionnaire est clairement communaliste, fédéraliste, voire autonomiste, anti-prussien, anti-versaillais et anti-jacobins. Le 18 septembre 1870 une Ligue du Midi est créée par des représentants de treize départements du Sud-Est avec Marseille comme centre. Elle est dirigée par Alphonse Esquiros, administrateur général des Bouches-du-Rhône, Gaston Crémieux, avocat nîmois et André Bastelica, secrétaire de la section de l’AIT (Alliance Internationale des Travailleurs ou 1re Internationale) de Marseille.
Esquiros déclare : "Nous avons envoyé une dépêche au gouvernement pour lui faire savoir que nous considérions comme urgent de donner aux départements du Midi une liberté d’action entière pour l’organisation de la défense nationale". Et pour ne pas froisser directement Paris, il précise : "La République doit rester une et indivisible", mais d’ajouter : "Mais, vu les circonstances, il y a lieu de former une sorte de confédération provisoire qui nous permettrait d’agir de concert" [1]. On retrouve là, le Midi frondeur qui s’était soulevé contre Louis Napoléon Bonaparte en 1851 et qui s’enflammera en 1907 lors de la Commune de Narbonne.
Des insurrections sans lendemain
La ligue du Midi se dote aussi d’un programme politique : impôt sur les riches, confiscation des biens des traîtres, séparation de l’église et de l’État. Mais elle n’aura pas le temps de mettre en œuvre ses réformes.
Le 28 septembre 1870, l’anarchiste russe Bakounine et ses amis de l’AIT prennent l’hôtel de ville de Lyon. Mais des soutiens leur manqueront et le mouvement sera rapidement réprimé par la garde nationale qui n’a pas rejoint les insurgés. À Marseille, le 1er novembre, une Commission révolutionnaire s’installe à la mairie avant d’en être chassée quelques jours plus tard. Le 5 décembre, une tentative insurrectionnelle échoue à Rouen.
Quand Paris proclame la Commune le 18 mars 1871, la province suit. Des Communes sont proclamées à Lyon et Marseille le 23, à Narbonne le 24, au Creusot le 26, ainsi que des révoltes armées à Toulouse le 24, Saint-Étienne le 25, Limoges le 4 avril, La Charité-sur-Loire les 10 et 11 avril, Rouen le 14, Cosne et Saint-Amand le 15, Tullins et Saint-Marcellin le 17, Neuvy le 19, Montargis le 1er mai, Varilhes les 2 et 3, Montereau les 7 et 8, Romans le 22, Voiron et Vienne le 24. Sans oublier des échauffourées à Bordeaux, Limoges, Sens, Albi, Montpellier, Avignon, Toulon, Draguignan, Dijon…
La Commune de Paris va envoyer des émissaires en province, mais ces derniers ne parviendront pas à fédérer le mouvement au niveau national. Charles Amouroux arrive à Lyon le 23 mars 1871, envoie deux délégués à Saint-Étienne et part à Chalabre dans l’Aude. Il repart à Marseille et retrouve deux autres Communards parisiens, Landeck et May. À Lyon, les Parisiens Caulet de Tayac et Dumont proclament la Commune lyonnaise depuis le quartier ouvrier de la Guillotière.
La Commune de Marseille sera la plus longue. Elle début le 23 avril 1871. Gaston Crémieux s’installe à la préfecture à la tête d’une Commission départementale révolutionnaire. Mais les insurgés commettent l’erreur stratégique de ne pas prendre les forts, la gare et la butte de Notre Dame de la Garde. C’est de cette position, ainsi que du fort Saint-Nicolas, que le général réactionnaire Espivent de la Villesboisnet fait tirer sur les insurgés le 4 avril. Les fusiliers marins reprennent les bâtiments sans trouver beaucoup de résistance. 150 Communards marseillais seront fusillés dans les jours suivants.
Le manque de coordination aura été fatal aux Communes de province.