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Il y a-t-il vraiment eu un suicide par heure en France ?
publié le 12 février 2018 à 15h46
Question posée par gibert le 12/02/2018
Bonjour,
Vous souhaitez savoir s'il y a vraiment l'équivalent d'un suicide par heure en France.
La semaine dernière, plusieurs médias (dont Libération) ont rapporté les principaux chiffres du troisième rapport de l'Observatoire National du Suicide, publié le 5 février 2018. On peut y lire:
En France métropolitaine, en 2014, 8 885 décès par suicide ont été enregistrés par le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès de l'Inserm (CépiDcInserm), soit près de 24 décès par jour. On compte ainsi un suicide toutes les heures. Toutefois, ce chiffre sous-estimerait de 10 % les décès par suicide, portant ce nombre à près de 10000.
Dans le rapport, l'estimation est précisée à 9773 décès. En prenant en compte ces deux données (8 885 ou 9773 décès par suicide), on arrive à un nombre de suicide par jour variant entre 24,3 et 26,8. Soit plus d'un par heure.
- Le nombre de suicides enregistrés est descendu sous la barre des 10 000
Dans son premier rapport, l'Observatoire du suicide relevait 10 367 décès en 2011. Le deuxième rapport comptait 9 715 décès par suicide enregistrés. Ces données sont issues du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc), un laboratoire de l'institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Sur son site, on peut trouver le nombre de décès par cause. Check News a regroupé le nombre de décès enregistrés en tant que suicide dans le graphique suivant:
On remarque donc que le nombre de suicide enregistrés est passé sous la barre des 10 000 en France à partir de 2012. En ce qui concerne le taux de mortalité par suicide, c'est à dire le nombre de suicides pour 100 000 habitants, le rapport publié en février 2018 note qu'il est également en baisse. En 2014, il était de 14,9 contre 23,5 en 2003.
- Les hommes se suicident trois fois plus que les femmes.
Au sujet du profil des suicidés, l'Observatoire national du suicide note:
Le nombre de décès par suicide est nettement plus élevé chez les hommes que chez les femmes (respectivement 6 661 et 2 224), de même que le taux de décès standardisé par âge2 (respectivement 23,1 et 6,8 décès pour 100000 habitants, soit un taux trois fois supérieur chez les hommes).
Le taux de décès par suicide augmente fortement avec l'âge, surtout chez les hommes. En 2014, il s'élève à 7,5 décès pour 100000 hommes âgés de 15 à 24 ans et à 59,4 après 74 ans. Cependant, la part du suicide dans la mortalité générale est nettement plus élevée chez les jeunes des deux sexes que chez les personnes âgées : entre 15 et 24 ans, le suicide représente 16,2 % du total des décès, soit la deuxième cause de mortalité après les accidents de la circulation; à partir de 75 ans, le suicide représente moins de 1 % du total des décès.
Cordialement,
Jacques Pezet
En 2006, sur les 10 423 suicides constatés, 7593 sont masculins, soit une écrasante majorité. Ces suicides représentent le tiers des morts violentes, et 2% de l’ensemble des causes de décès. Pour les hommes de 25-34 ans, le suicide est la première cause de mortalité. Le suicide représente en effet un quart des causes de décès. Pour les hommes de 15-24 ans, c’est la deuxième cause de décès (16%), après les accidents de la route.
Pour les femmes, le suicide semble moins important. Ainsi, pour les femmes de 25-44 ans, il est la deuxième cause de décès après les tumeurs.
On constate également que les taux de suicide augmente avec l’âge. Pour les hommes, il passe de 10.0 pour 100 000 chez les 15-24 ans, à 40.1 pour 100 000 chez les 45-54 ans. Chez les plus de 85 ans, il atteint les 100.2 pour 100 000, la plus forte proportion. Chez les femmes, la progression est moins contrastée : elle passe de 3.2 chez les 15-24 ans, à 7.7 chez les 45-54 ans.
On constate également de grandes disparités géographiques. Pour les hommes, la région Poitou-Charentes est la plus touchée avec un taux de 39.3 pour 100 000 habitants, suivie de la Bretagne (37.7). Viennent ensuite la Picardie, les Pays de la Loire, et le Nord-Pas-de-Calais.
En revanche les régions du Sud de la France ont des taux de décès inférieurs à la moyenne nationale.