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Question écrite n° 15799 de Mme Laurence Cohen (Val-de-Marne - CRCE)
publiée dans le JO Sénat du 07/05/2020 - page 2067
Mme Laurence Cohen attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur l'assouplissement des règles d'étiquetage des produits alimentaires pendant la durée de la crise sanitaire du Covid-19.
En effet, comme l'a dénoncé l'organisation non gouvernementale Foodwatch, vendredi 24 avril 2020, les fabricants sont autorisés à « produire des denrées dont la composition diffère de ce qui est indiqué sur l'étiquette ». Ils peuvent ainsi modifier les recettes sans en avertir les consommateurs. Cela vise à aider l'industrie agroalimentaire qui rencontre des difficultés d'approvisionnement en cette période de crise.
La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), a confirmé cette « tolérance ponctuelle » de « modifications mineures » et assure qu'il n'y a aucun risque notamment pour les consommateurs allergiques à certains produits.
Néanmoins, elle lui demande comment permettre aux consommateurs de consulter la liste précise des produits concernés et des modifications effectuées, ainsi que d'être tenus informés de ces changements de la manière la plus transparente possible dans les supermarchés.
Transmise au Ministère de l'économie, des finances et de la relance
Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance
publiée dans le JO Sénat du 04/02/2021 - page 748
Au printemps 2020, la crise sanitaire liée à la Covid-19 a gravement perturbé l'activité des producteurs de denrées alimentaires, notamment en compliquant l'approvisionnement en certaines matières premières et en emballages. En conséquence, des recettes de certains produits ont dû être temporairement modifiées. Afin de ne pas grever davantage les charges du secteur en contraignant les opérateurs à changer l'étiquetage ou à arrêter leur production le temps d'effectuer les ajustements nécessaiers, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a accordé, ponctuellement, des dérogations pour que les producteurs puissent utiliser un étiquetage inchangé, à la condition que ces modifications portent sur des points mineurs, et bien entendu, ne touchent pas à des informations essentielles, notamment des questions de sécurité. Le site internet de la DGCCRF, régulièrement tenu à jour, a recensé les dérogations accordées, permettant ainsi une information transparente des consommateurs.
Une controverse autour du sucre
La préparation et la publication du rapport de l'OMS ont déclenché de très vives réactions de la part de l'industrie américaine du sucre, qui a même menacé de faire pression sur les autorités politiques américaines pour qu'elles cessent de financer cet organisme des Nations-Unies3,4.
Des sucres simples?
Le sucre simple fournit quatre calories par gramme. Cela inclut le sucre de table et le fructose. Les sucres simples peuvent être naturellement présents dans les aliments : fructose pour les fruits et lactose pour le lait. Les autres sucres simples sont ajoutés aux aliments : sucre blanc ou brun, sirop de maïs, glucose, miel, sirop d'érable...
Selon la National Sugar Association américaine, la consommation de sucre ne peut être reliée directement à aucune maladie chronique et la recommandation de l'OMS n'est pas scientifiquement fondée. Une accusation que rejette l'OMS, qui affirme avoir appuyé sa recommandation sur le travail d'une équipe composée de 30 experts, ainsi que sur les directives déjà en vigueur dans plus de 20 pays à travers le monde4,5.
Mais les pressions ne sont pas seulement venues de l'industrie. Par exemple, en 2004, au moment ou l'OMS s'apprêtait à adopter sa stratégie mondiale sur la santé, le Department of Health and Human Services des États-Unis (HHS) a critiqué les directives de l'OMS. Selon cet organisme, et c'est aussi le credo de l'industrie, il n'y a pas de bons ou de mauvais aliments et il revient à chaque individu de choisir judicieusement ce qu'il met dans son assiette ou dans son verre6,7.
Autre son de cloche du côté de l'International Obesity TaskForce (IOTF) un réseau international d'experts, qui juge que l'industrie du sucre, de la malbouffe et le gouvernement américain qui les soutient sont uniquement motivés par des intérêts économiques. « Il serait temps que tout le monde réalise que la santé des générations actuelles et futures est plus importante que les profits rapides », déclare le président de l'IOTF, dans un communiqué de presse sans équivoque8.
Des contradictions américaines
Curieusement, si le HHS des États-Unis remet en question les recommandations de l'OMS, le guide alimentaire américain, remanié au printemps dernier, les applique parfaitement dans ses directives à la population.
En effet, on suggère aux citoyens américains de consommer seulement des quantités modérées de sucre et d'aliments et boissons contenant des sucres ajoutés, selon ces nouvelles recommandations alimentaires, qui prennent la forme d'une pyramide.
La résilience est partout : à l’Assemblée nationale, où les députés débattent du projet de loi Climat et résilience, largement issu des travaux de la convention citoyenne ; dans les institutions multilatérales, le secrétaire général de l’OCDE ayant proposé aux pays du G7 un forum de l’urgence visant à évaluer la résilience des chaînes de production et d’approvisionnement mondiales. Rien d’étonnant à cela : la pandémie, choc sanitaire, crée une réaction en chaîne sur l’économie, la société, voire, demain, ici et là, sur la stabilité des systèmes politiques ; or la résilience consiste à faire face à un choc, c’est-à-dire à faire en sorte que les systèmes continuent de fonctionner malgré le choc.
Une question se pose néanmoins : tous ceux qui prononcent le mot de résilience ont-ils la même chose en tête ? C’est assez peu probable tant le concept est complexe et débattu. Pour Angel Gurría, la résilience est indissociable de l’ouverture et de l’équité des échanges internationaux. Mais le citoyen européen qui voit s’envoler les courbes du nombre de personnes vaccinées aux États-Unis ou au Royaume-Uni serait tenté de tirer la conclusion que la résilience passe par le nationalisme, le protectionnisme et le « chacun-pour-soi ». Le même type de réflexe s’observe au niveau local, avec cette idée d’une nécessité du retour au local, à la proximité, voire à l’autosuffisance, qui serait l’enseignement majeur de la pandémie. Qu’importe que nous n’ayons pas eu à nous poser la question de ce que nous allions manger en étant confinés, précisément du fait de la multiplicité des chaînes d’approvisionnement, l’idée est ancrée que l’alimentation locale, « c’est bien » par essence.
Si vraiment on veut parler résilience, il pourrait être utile de se rappeler qu’elle passe d’abord par une compréhension des faits et causes qui provoquent la crise. En l’occurrence, si l’enseignement que nous tirons de cette crise est un passage du tout global, marqué par un éclatement opportuniste des chaînes d’approvisionnement au détriment de leur sécurisation, au tout local sans évaluation des risques considérables qui y sont associés (des siècles d’histoire sont là pour le rappeler), alors cette crise n’aura servi à rien. « Nous serons perdus, si nous nous replions sur nous-mêmes ; sauvés, seulement, à condition de travailler durement de nos cerveaux, pour mieux savoir et imaginer plus vite ». N’oublions pas ces propos de Marc Bloch (L’étrange défaite, p. 182) quand nous parlons de résilience, pour nous souvenir que la souveraineté n’est pas le protectionnisme comme l’autonomie n’est pas l’autarcie. Le virus est global, les solutions pour en sortir – les vaccins – de purs produits de la mondialisation. Ce constat vaut tout autant pour affronter les autres immenses défis, par exemple environnementaux, auxquels doivent faire face nos villes et nos territoires.