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Tout se joue après 40 ans?
Réduire la morbidité
L'idée que l'on puisse réduire la durée pendant laquelle les personnes âgées souffrent d'incapacités importantes — ce qu'on appelle la morbidité — a été évoquée la première fois en 1983, par le Dr James F. Fries, chercheur de l’Université Stanford1. À l'époque, plusieurs scientifiques s'étaient montrés sceptiques. Aujourd’hui, on l’admet davantage2. Mais cette tendance est atténuée par le fait que la médecine peut garder en vie, plus longtemps, les gens en mauvaise santé3.
On souhaite tous demeurer actifs jusqu'à un âge avancé et, surtout, réduire le plus possible la période d'incapacité que l'on associe avec la vieillesse. On ne veut pas être malade, alité et souffrant pendant des années, ni dépendre des autres.
Est-ce possible? Les données scientifiques nous disent que oui : on peut, jusqu'à un certain point, allonger l'espérance de vie en bonne santé ou l'espérance de vie sans invalidité. En langage médical, on appelle cela réduire la morbidité. Or, pour le moment, les personnes âgées sont malades, en moyenne, pendant les huit dernières années de leur vie3.
Pour se placer soi-même dans cette perspective, il ne faut pas oublier que les chiffres donnés pour ce qu'on appelle l'espérance de vie à la naissance ne s'appliquent plus quand on avance en âge, c'est-à-dire quand on a déjà survécu aux risques de mortalité périnatale et aux accidents de la folle jeunesse. Plus longtemps on vit, plus longtemps on est susceptible de vivre.
Les chiffres ci-dessus, rappelons-le, sont statistiques : les femmes qui ont aujourd'hui 90 ans vont vivre jusqu'à 95 ans, en moyenne. Mais plusieurs vont atteindre 100 ans et plus. Par ailleurs, la durée de vie maximale des humains plafonne toujours autour de 105 ans à 110 ans, à quelques exceptions près5.
Les femmes plus que les hommes
L'espérance de vie s'est considérablement allongée dans les pays développés. À la naissance, elle est maintenant de 84 ans pour les femmes et de 76 ans pour les hommes. Mais ce n'est qu'une moyenne : les filles nées aujourd'hui, en Occident, ont une chance sur deux de vivre jusqu'à 100 ans, d’après les prévisions actuelles.
Allonger la vie en bonne santé consiste à éviter le déclin constant qui survient à partir de 40 ans. C'est à cet âge que les premiers symptômes de vieillissement se font généralement sentir. L’objectif est de se maintenir sur un plateau relativement stable jusqu'à un âge très avancé, afin que le déclin qui mène à la mort se déroule sur un aussi court laps de temps que possible.
En général, l'état de santé de la plupart des personnes de 35 ans ou 40 ans, d'un même milieu socio-économique, est comparable. Les différences commencent à se manifester dans la quarantaine. À mesure que l'âge augmente, des écarts se creusent entre les individus. C'est ce qu'on appelle le vieillissement différentiel. (Les expressions vieillissement prématuré ou pathologique concernent les personnes chez qui le phénomène est accéléré, surtout à cause de maladies chroniques.)
Dans l'illustration ci-dessus, tout l'espace en rose représente du temps en plus pour jouir de la vie pour les personnes qui ont adopté des mesures antivieillissement, comparativement à celles dont l'organisme est engagé sur la pente descendante.
Qu'est-ce qui fait vieillir?
Si on ne connaît pas précisément la cause première du vieillissement, on connaît très bien les facteurs qui l'accélèrent :
des agressions sur le métabolisme par divers éléments toxiques : tabac, alcool, pollution, gras saturés, nitrates, rayons solaires, bruits excessifs, etc.;
une carence d'éléments nutritifs;
des agressions sur le métabolisme par les hormones du stress (facteur psychologique);
des perturbations du rythme biologique causées par des horaires de travail variables, le manque de sommeil, etc.;
des traumatismes physiques répétés.
En contrepartie, on connaît plusieurs facteurs, liés au mode de vie, qui permettent de vieillir en santé. On peut commencer par éviter les facteurs aggravants cités ci-dessus.
Vieillir... inégaux!
Le vieillissement se vit très différemment selon qu'on naisse au Canada, en Roumanie ou au Rwanda, qu’on vive en montagne ou près d'usines polluantes, qu’on soit cadre, ouvrier ou chômeur, qu'on ait suffisamment à manger ou pas, qu'on ait accès à des soins de santé ou non.
En réalité, à peu près tout ce que nous faisons peut jouer de manière positive ou négative dans notre vieillissement. C'est exactement ce que la recherche des 20 dernières années nous a permis de découvrir : nous avons beaucoup de pouvoir sur ce que sera la qualité de notre vie, une fois devenu senior — et même sur la prévention des accidents. Nos bonnes habitudes sont susceptibles d'augmenter notre espérance de vie en bonne santé. Cela peut aller jusqu'à 10 ans de plus! Qui dit mieux?
Évidemment, on sait qu'il existe des vieillards en excellente santé malgré des « pratiques à risque », comme l’usage de la cigarette ou la consommation d’une quantité plus que souhaitable de cognac. Cela nous rappelle que chaque personne est un cas unique : les multiples facteurs qui contribuent au vieillissement se conjuguent de manière particulière. Mais se fier sur des cas isolés de ce genre pour ne rien faire plutôt que de miser sur de bonnes pratiques de vie équivaut à jouer à la roulette russe!
Les baby-boomers inquiètent
« Sera-t-on septuagénaire 10 ans avant l'heure? », s’interroge très sérieusement la Fondation des maladies du coeur du Canada8 dans son plus récent Bulletin annuel de santé des Canadiens et des Canadiennes. Selon elle, le bilan de santé des baby-boomers, âgés de 45 ans à 59 ans, serait peu encourageant. Ils sont en moins bonne forme que leurs aînés avec des taux de sédentarité et de tabagisme plus élevés. Pas moins de 30 % d'entre eux sont obèses, contre 24 % chez les personnes âgées de 65 ans à 74 ans. La Fondation des maladies du coeur du Canada sonne l'alarme : cette génération s'expose aux troubles cardiovasculaires avec un taux d'obésité qui a fait un bond de 60 % en dix ans.
Attention aux cures de jouvence!
Bien qu’elles génèrent des profits de plusieurs milliards de dollars, les techniques de rajeunissement comme la cellulothérapie, la DHEA et l’hormone de croissance demeurent interdites dans plusieurs pays en raison des risques qu’elles comportent pour la santé. Les sources officielles d'information médicale mettent la population en garde contre ces pratiques.
Advenant des découvertes sérieuses et sûres, l'information ferait le tour du globe en moins de temps qu'il n'en faut pour qu'un seul cheveu de votre tête vire au blanc!